Agostinho TCHICAIA, Secrétaire Exécutif de l’initiative transfrontalière du Mayombe

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet transfrontalier du Mayombe, Afrique Environnement Plus s’est rapproché du Secrétariat exécutif de ce projet en vue de s’acquérir de l’état d’avancement de cette initiative transfrontalière.

 

Afrique Environnement Plus : Comment pouvez-vous nous présenter de manière simplifiée le projet transfrontalier du Mayombe ?

Monsieur Agostinho TCHICAIA : L’initiative transfrontalière du Mayombe est une plate-forme de dialogue que les états membres qui ont en commun la forêt transfrontalière du Mayombe ont voulu mettre en place  pour fédérer leurs efforts en ce qui la conservation, la coopération en soi et aussi aider les populations environnantes à améliorer leurs conditions de vie.

Quelles sont les activités qui devraient  sous-tendre ce partenariat pour pouvoir atteindre les objectifs qui ont été  fixés ?

Comme activités au  départ, il fallait mettre en place toutes ces plates-formes de coopération c’est-à-dire permettre que les acteurs clés de part et d’autre puissent  coopérer pour qu’ils puissent échanger de façon à conserver et à préserver cet écosystème. C’est pour cela que des études stratégiques ont été élaborées  depuis 2012, il y a un plan stratégique qui a été approuvé par les ministres et dans la perspective d’une aire protégée et depuis l’année passée, nous avons élaboré avec la FAO, un plan régional pour la gestion et l’usage des ressources naturelles au niveau de la sous région. Ce sont tous ces éléments qui permettront que demain avec la mise en place de la COGEMA (Commission pour la Gestion du Mayombe), les Etats et les partenaires puissent œuvrer en faveur des objectifs qui étaient à la base de la création de l’initiative des forêts du Mayombe.

Comment peut-on apprécier à ce niveau l’implication des différentes parties prenantes dans cette initiative en termes de contribution  et qu’est ce qui peut sous-tendre les difficultés rencontrées actuellement ?

Nous pouvons dire qu’il y a la volonté politique des Etats membres mais, il faut aussi comprendre que l’environnement n’est pas à tout temps une priorité au sein des Etats, ce qui a constitué une difficulté ; d’où nous étions obligés de passer de l’initiative à la COGEMA dont l’accord sera plus contraignant par rapport au mémorandum d’antan où parfois les contributions faisaient défaut. Il faut aussi dire que ce soit l’UICN ou le PNUE qui étaient les grands facilitateurs de ce projet, aujourd’hui, nous sommes tous tombés d’accord qu’il faut un financement non seulement qui viendrait des Etats mais aussi qui pourrait venir  des tierces personnes,  pourquoi pas  du secteur privé ou des bailleurs de fonds.

Quels sont vos projets à venir et que faites-vous actuellement pour rendre plus opérationnelle votre feuille de route ?

 Actuellement, nous sommes entrain de travailler du côté du Mayombe et de l’Angola avec l’aide de la FAO, depuis trois ans nous avons travaillé sur un projet de renforcement et un projet d’appui à l’initiative transfrontalière du Mayombe dont quatre produits étaient attendus, notamment,  revisiter cet accord sur COGEMA ce qui a été fait avec l’aide de la FAO ; élaborer le plan régional pour la gestion des ressources naturelles et enfin faire des activités sur le terrain qui pourraient permettre de réduire la tension qui existe  dans le cadre du conflit homme-faune. Donc, nous avons vulgarisé une boîte à outils au Cabinda et nous sommes entrain d’essayer avec une agriculture dite de conservation de façon que l’on puisse réduire la pression sur les ressources forestières parce que  nous utilisons une variété de manioc, de banane qui sont les variétés qui sont d’un grand rendement soit 70 à 80 tonnes par hectares alors que les variétés que nous utilisons sont de 15 à 25 tonnes par hectares, donc, vous voyez ce que cela peut représenter  du point de vue du bilan de la réduction  de la pression sur la forêt. Donc, ce sont des activités avec une certaine visibilité que nous sommes entrain de mener  et ces activités seront répliquées  dans les trois autres pays. De l’autre côté, nous pensons qu’une des priorités que nous avons  est de finalement parachever les études socio-économiques du côté du Gabon  c’est-à-dire faire la délimitation de ce qui serait partie de Mayoumba  au niveau du Gabon.  Nous profitons de cette opportunité  pour remercier la Présidente du Comité transfrontalier  des ministres, Madame Fatoumata Jardim,  qui de part sa clairvoyance a su négocier  le financement auprès de la FAO, de telle en sorte que nous puissions travailler de façon à rendre opérationnel cet accord, mais aussi remercier les autres ministres des pays membres. Nous pensons que le Mayombe pourrait être un vrai modèle pour le dialogue et nous sommes entrain de tout faire pour que avec l’aide des bailleurs de fonds, surtout des facilitateurs du PNUE, nous puissions nous retrouver le plutôt possible pour conclure la signature d’un nouvel accord mais aussi la signature d’une nouvelle feuille de route  car le PNUE nous a d’ailleurs promis qu’il va financer la nouvelle feuille de route.

Quelle est l’implication et le rôle que peuvent jouer les bailleurs de fonds dans l’initiative du Mayombe ?

Nous sommes convaincus que les bailleurs pourront nous aider à lier conservation et développement et comme vous savez que nous sommes dans une région où la population qui est d’environ  un million est à majorité pauvre et au même moment nous avons le souci de la conservation et du développement et les bailleurs vont nous aider à ce que nous puissions financer la nouvelle  feuille de route du plan sous régional qui a été élaborée depuis en 2015.

 Propos recueillis par Raoul SIEMENI