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Interview AEP

Mr Erick SOLHEIM, Sous Secrétaire Général des Nations Unies, et Directeur Exécutif de ONU Environnement

 La conférence des ministres africains de l’environnement tenue à Libreville au Gabon a été l’occasion saisie par AEP pour échanger avec Mr Erick SOLHEIM, Sous Secrétaire Général des Nations Unies, et Directeur Exécutif de ONU Environnement, sur les grandes questions liées à l’actualité environnementale.

 

Afrique Environnement Plus : Quelles sont vos actions priorités pendant votre mandat à la tête de l’Onu Environnement ?

Mr Erick SOLHEIM : Au niveau mondial, positionner les questions environnementales en amont des discussions politiques. Nous avons aussi la lutte contre la pollution, car elle représente un grand défi et le plus grand tueur des humains qui touchent aux aspects de santé. La question des océans avec le lancement de la campagne «  clean Seas », qui a pour but de contribuer à réduire les déchets plastiques énormes dans les villes,  à travers des campagnes de nettoyages intenses dans ces villes. Un grand axe prioritaire sur la protection de la biodiversité, comme celle des éléphants, lions et autres espèces protégées du continent africain.

Nous travaillons déjà sur la question de la sécurité environnementale en Afrique, dont les causes de dégradation sont  issues des conflits et instabilités dans les pays. L’exemple patent, la région du lac Tchad où une grande détérioration des terres qui est visible et Boko Haram qui continue à semer la terreur. Nous revenons de la Somalie, où nous avons rencontré des milliers de réfugiés et déplacés, à cause des inondations, du terrorisme, des guerres. Tout  cela montre le lien entre la dégradation de l’environnement et les conflits.

Quel est votre approche Afrique sur les questions de concertations environnementales comme la CMAE, réunis autour des  ministres africains ?

L’Afrique,  comme les autres continents  qui dépendent de ces ressources peuvent toujours mieux faire. Il est connu que des efforts sont réalisés et que c’est une opportunité à saisir pour les pays africains car, pour une fois dans l’histoire, il est prédit une courbe rapide de développement économique, la protection de l’environnement et la lutte contre la pauvreté. Les énergies renouvelables ne coûtent plus aussi chères grâce à l’Inde et à la Chine. Mais l’écotourisme vert est aussi une bonne opportunité pour la création des emplois. Passer au vert pour les pays ne va plus coûter quelque chose d’extra tout comme l’agriculture car la tradition qui voulait que l’on fasse du développement ou de l’environnement est révolue. Quand bien même l’Afrique a besoin d’argent, on peut protéger l’environnement et faire du business.

L’Afrique est à la recherche des financements pour la mise en œuvre de ses projets pour contribuer à lutter contre la pauvreté et l’adaptation aux changements climatiques, etc. Comment l’Onu environnement appréhende ces questions de mobilisation des financements au bénéfice des Etats africains?

La bonne nouvelle, est que ce soit pour l’atténuation et l’adaptation, le besoin financier n’est plus aussi criard. L’Afrique a besoin de ressources financières, mais pas comme qu’avant.  L’Afrique a besoin d’investissements dans le secteur de l’adaptation, mais il est question de savoir comment les Etats vont augmenter les budgets disponibles via la participation des pays au fonds disponible. Il est possible de prendre au fonds vert climat, une minime partie et contribution et se focaliser sur les petites sommes d’argent plutôt que sur les grandes sommes.

Quelle lecture faites-vous de décision du président américain de quitter l’accord de Paris ? Ne pensez-vous pas que cette annonce puisse plus tard fragiliser les efforts entrepris sur les questions de climat et plus globalement celles de l’environnement ?

Je pense que la décision du président Trump nous pousse à poursuivre la lutte contre les changements climatiques. Ce n’était pas son intention, mais cela nous aidé à double titre : d’une part, cela a permis à mobiliser et rassembler tous les Etats autour de l’accord, et même la Chine n’allait pas seulement mettre en œuvre cet accord mais qu’elle allait la prioriser. Des voitures électriques vont être montées. Ce qui est intéressant, tous les continents ont réaffirmé leur attachement à l’accord de Paris et se sont sentis liés à nouveau suite à cette déclaration de Trump.  Et d’autre part, le président a mobilisé le secteur privé et toutes les grandes entreprises américaines qui, malheureusement ont dit Non à l’idée du Président.  L’accord de Paris leur donne des opportunités énormes, parce qu’ils vont faire du smart business vert, et en plus, ils ne le font pas pour le président mais pour les populations américaines. Donc, je pense que sa décision a permis de remobiliser le monde, la société civile et les hommes d’affaires.

Pour conclure, quelle est votre vision sur la société civile africaine qui manque suffisamment de moyens de financement pour les plaidoyers et la mise en œuvre des projets visant à aider les femmes et les jeunes dans la lutte contre la pauvreté ?

La priorité, ce sont les emplois. L’Afrique a plus d’un millions de personnes  qui rejoignent le monde du travail tous les mois et tous ont les mêmes aspirations, avoir du travail pour nourrir leurs familles. Mais comment le faire sans le travail, ni argent ? Il faut donc s’assurer que ces emplois vont dans le sens des emplois verts et plus de manière générale.

Donc, produisons d’abord plus d’emploi, surtout verts au bénéfice des femmes et des jeunes. Ensuite, il faudra voir comment rendre ces emplois durables ainsi que des projets et programmes spécifiques y relatifs. Nous venons de lancer un projet appelé « Young champions of the world » qui va soutenir les jeunes à travers le monde. Et faire que la révolution verte bénéficie aux jeunes et aux femmes.

Propos recueillis par Raoul SIEMENI et Marie TAMOIFO

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