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Interview AEP

Monsieur Jean Pierre AGNANGOYE, Secrétaire Exécutif du Réseau des Aires Protégées d’Afrique Centrale (RAPAC)

Afrique environnement plus : Etant à la charge   du Réseau des Aires Protégées d’Afrique Centrale, quel état faites-vous du niveau de braconnage des éléphants dans la sous-région d’Afrique Centrale?

J.P. AGNANGOYE : Vous avez suivi toutes  les déclarations des éminentes personnalités et je voudrais me référer à l’allocution très pertinente du Lamido Rey de Bouba  une autorité locale représentante des populations riveraines de Bouba Ndjida  qui a eu des mots très précis pour caractériser la gravité du braconnage que nous  connaissons  ces dernières années dans notre sous-région, plus particulièrement  dans la zone de Bouba Ndjida, Sena Oura, RCA, les zones de chasse similitiques de la RCA, orchestré par des braconniers organisés en bandes avec des chevaux, des dromadaires, qui partent du Soudan et qui massacrent  les éléphants. Je reconnais que plus de 300 éléphants abattus entre 2011 et 2012, et en ce moment, nous avons encore la présence de ces braconniers  dans la même zone,  prêts à commettre d’autres massacres. Pendant que nous sommes ici, on nous a annoncé l’abattage  d’une centaine éléphants au Tchad, dans la région de  Sena Oura. Donc  la situation est très grave et c’est pour cela qu’il a fallu porter le problème à la  haute attention des autorités de la sous région à travers la CEEAC, qui a bien voulu organiser cette réunion d’urgence aux ministres de la CEEAC,  pour débattre d’un Plan d’Extrême Urgence de Lutte Anti Braconnage (PEXULAB) pour éradiquer ce massacre.

Que peut-on attendre concrètement de ce plan d’urgence pour éradiquer ce fléau ?

Ce qu’on peut attendre dans  l’immédiat pour son caractère d’urgence, c’est la présence signalée  des braconniers dans la zone Sud Tchad, Nord-est Centrafrique et Nord Cameroun. Il faut les bouter hors de ces zones, les neutraliser par tous les moyens pour rétablir la sécurité aussi bien des populations que  des agents chargés de la surveillance des aires protégées c’est-à-dire les écogardes qui sont également menacés.

On parle de 45 jours dans la période d’extrême urgence, faut-il s’attendre  à des résultats assez concrets, sinon quelle peut-être la durabilité de cette initiative ?

Il faut dire que cette initiative ne s’arrête pas à 45 jours, qui ne sont  autre que le temps qu’on s’est donné pour déployer des forces conjuguées des trois Etats (Cameroun, Tchad, RCA) pour bouter hors les braconniers qui sont en ce moment sur le terrain. Mais au-delà, nous avons un plan d’urgence et un système de lutte anti braconnage à mettre en place de manière durable pour l’ensemble de la sous-région, parce que le problème du braconnage n’est pas seulement propre au Cameroun, Tchad et RCA, mais il est aussi grave et dramatique particulièrement en RDC où il y a également besoin de mettre en place une stratégie de lutte qui puisse donc prendre en compte toute la dimension de ce problème au niveau de la sous-région.

Au niveau de  votre Réseau, il s’agit également d’assurer les questions d’accompagnement des politiques régionales sur la  conservation des forêts et des aires protégées. Quel état faites-vous du niveau d’avancement de vos activités dans la sous-région ?

Les activités avancent, on ne peut pas dire qu’à cause de l’existence des problèmes qu’on n’avance pas. Je pourrais mentionner  déjà pour le cas par exemple  du Cameroun  où nous sommes, qu’il  y a un plan stratégique sur 5 ans  qui est mise en place et qui est déjà en cours d’exécution, parce que cette année, le Cameroun a mobilisé ses forces armées, il a mis suffisamment des ressources matérielles et financières à disposition du parc de Bouba Ndjida pour assurer la sécurité. Au-delà de ces actions tout à fait urgentes, nous avons la création  et la mise en œuvre des activités très pertinentes dans les aires protégées transfrontalières comme la TNS où on a déjà mis en place un fonds fudiciaire qui permet de financer les activités de conservation, en prenant également en compte le volet du développement local. On  développe des études par exemple pour promouvoir la pêche, la conservation des écosystèmes en eaux douces, pour permettre aux populations de toujours faire la pêche, parce que ces dernières  vivent de cette activité de pêche qui est leur base pour l’alimentation, la création et la génération des revenus.  Et  à travers la TNS, on fait la conservation des blocs d’aires protégées et on promeut le tourisme, parce que là maintenant comme on a sécurisé la faune, notamment les espèces phares comme l’éléphant, cela commence à attirer les touristes et ces derniers  génèrent des revenus au profit des populations. Nous avons d’autres actions en RDC malgré la problématique du braconnage, de l’insécurité avec des bandes armées, les problèmes de guerre, la conservation en RDC dans le parc de Virunga qui a  également déjà engendré le développement du tourisme qui génère des ressources importantes à la fois pour financer la conservation, mais aussi pour des activités de développement communautaires avec la construction des écoles, le développement des infrastructures routières, la construction des infrastructures sanitaires au profit de la population. Au parc national de la Sangha où le RAPAC intervient de manière plus directe comme  gestionnaire d’un projet d’appui financé par l’Union Européenne, on a réhabilité près de 300 km de route qui étaient fermés depuis plus de 25 ans, où les enfants n’avaient  jamais vu un véhicule, maintenant le véhicule peut encore circuler et j’ai moi-même été témoin de voir comment les enfants courraient pour voir une Land Rover qu’ils n’avaient jamais vue et ça ce sont aussi des actes assez concrets d’appui de contribution à la fois au développement local et à la conservation.

Interview réalisée  par Raoul SIEMENI

 

 

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