Réunis à Abidjan les 15 et 16 mai 2019, des représentants de collectivités territoriales africaines ont exploré des opportunités de collaboration, de coopération et d’entraide dans la lutte contre le changement climatique. Un phénomène qui coûte chaque année des milliards de dollars à l’Afrique et cause des milliers de morts.
Les collectivités territoriales africaines veulent s’impliquer dans la lutte contre le changement climatique. Elles se sont réunies pour la première fois à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, les 15 et 16 mai 2019, sous l’impulsion d’organisations comme la Banque Africaine de Développement (BAD). Les collectivités territoriales africaines ont mené un dialogue tant sur les moyens d’une meilleure coopération que sur les possibilités d’accès au financement dans la lutte contre le changement climatique.
Quatre ans après l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris sur le climat, le constat en Afrique est alarmant: les contributions volontaires nationales pour la lutte contre le changement climatique (NDCs) sont loin d’être une réalité. Pourtant, les experts du climat jugent crucial d’impliquer les municipalités et collectivités territoriales dans la lutte, 60% des émissions de gaz à effet de serre émanant des zones urbaines.
Interrogé par Sputnik, Gustave Aboua, directeur général de l’Environnement et du développement durable au sein du ministère ivoirien du même nom, est catégorique: «les collectivités territoriales, acteurs majeurs, doivent prendre toute leur place dans la lutte contre le changement climatique».
«Nous voulons adopter une méthode du bas vers le haut pour que non seulement les collectivités territoriales s’approprient les NDCs, mais aussi que ce soit elles qui en fassent la mise en œuvre. Il est question que les gouvernements décident des politiques, mais que la mise en œuvre soit le fait des collectivités territoriales. C’est donc en quelque sorte un plaidoyer que font à cette rencontre les collectivités territoriales pour jouer leur partition dans la lutte», a plaidé au micro de Sputnik l’expert ivoirien. Pour sa contribution dans la lutte contre le changement climatique, la Côte d’Ivoire a identifié quatre secteurs prioritaires: l’énergie, les déchets, l’agriculture et la foresterie. Des études menées dans ces secteurs ont permis de dégager des solutions ou alternatives pour lutter contre les changements climatiques.
Tout le littoral ivoirien est aujourd’hui menacé et directement impacté par l’avancée de la mer et l’érosion côtière. Des projets ont été mis sur pied pour lutter contre ces phénomènes. Le littoral ivoirien bénéficie actuellement du Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA). Financé par la Banque mondiale et inauguré en 2016 dans la foulée de la COP 21 à Paris, WACA a pour objectif d’aider le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Mauritanie et le Togo, à parvenir à assurer une gestion durable de leurs zones côtières. Plus particulièrement, il vise à lutter contre l’érosion côtière et les inondations dans ces pays.
Un rapport d’étude de la Banque mondiale publié en mars 2019 indique que la dégradation des zones côtières a coûté en 2017 au total 3,8 milliards de dollars au Bénin, à la Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo, soit l’équivalent de 5,3% de leur PIB. Et elle a également causé la mort de 13.000 personnes.
Le littoral ouest-africain regroupe près d’un tiers de la population de la région et génère 56% de son PIB. Selon une étude de la Banque mondiale, en Côte d’Ivoire, pays le plus affecté par les inondations, la dégradation du littoral a coûté près de 2 milliards de dollars en 2017, soit l’équivalent de 4,9% de son PIB. Et au Bénin, pays le plus touché par l’érosion, la dégradation a coûté 229 millions de dollars, soit 2,5% de son PIB.
Les pays côtiers africains sont loin d’être les seuls concernés par le changement climatique: «c’est une réalité qui concerne tout le monde, notamment le Mali», confirme Mahamadou Kansaye, le représentant du maire du district de Bamako.
Dans la région du Sahel où les cycles de pluie sont altérés, les sécheresses occasionnent une baisse dramatique des rendements agricoles. Cette situation accentue l’insécurité alimentaire qui affecte plus de 10 millions de personnes, dont quatre millions de Maliens, dans cette partie de l’Afrique.
Outre l’insécurité alimentaire, la désertification qui avance à grands pas, les périodes de chaleur qui deviennent plus longues et insupportables, le fleuve Niger, cours d’eau vital pour les activités socioéconomiques et la subsistance des populations, essentiellement au Niger et au Mali, est menacé depuis quelques années par un ensablement effréné.
«Le Mali est actuellement confronté, entre autres, à la désertification et au tarissement du fleuve Niger. Et tout cela est beaucoup dû à nos comportements qu’il nous faut changer. Par ailleurs, en Afrique, nous subissons aussi de plein fouet les conséquences des actions des pays développés qui sont les plus grands pollueurs de la planète. Nous attendons donc d’eux des aides pour atténuer les conséquences dont nous sommes victimes», a déclaré Mahamadou Kansaye au micro de Sputnik.
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