Comment résumez-vous la politique de la BAD sur les questions de climat et de gouvernance environnementale ?
La BAD a une nouvelle stratégie, une nouvelle vision qu’on appelle le partnership. Le partenariat permet de développer l’énergie en Afrique avec une mission objective, celle d’atteindre l’accès universel à l’électricité d’ici 2025. Pour cela, il faut mobiliser non seulement les capitaux de la BAD mais aussi les capitaux de tous les autres partenaires, que ce soit les autres banques de développement, fonds de développement, les investisseurs institutionnels, le secteur privé pour pouvoir ensemble développer et faire exécuter des projets d’envergure dans l’énergie en particulier, des projets d’énergie propre dont l’hydraulique qui est important, le solaire, l’éolienne etc. Cependant à la BAD, nous visons ce mixte énergétique, nous ne sommes pas dogmatiques en termes de technologies, ce sont des états qui proposent leurs mixtes énergétiques avec le soutien du conseil de la BAD et d’autres institutions et nous, notre objectif après c’est de mobiliser toutes les ressources : les ressources humaines, techniques, financières et juridiques pour pouvoir mettre en œuvre ces plans qui devront être établis par les Etats Africains.
Les Etats Africains comptent sur la BAD dans le cadre de la mobilisation des Fonds Verts en direction des financements des secteurs comme l’énergie et autres, 2025 étant très ambitieux. Pensez-vous que l’Afrique sur l’heure va atteindre le calendrier de la barre et pourra voir ses objectifs ?
C’est vrai que 2025 est ambitieux, mais pour atteindre ces objectifs, il faudra connecter et électrifier 205 millions de maisons en Afrique dont : 130 millions seront sur le Réseau électrique classique, etc. Cela est ambitieux si on réussit la coordination, le partenariat entre tous les acteurs et que l’on puisse au niveau des Etats également aider à renforcer les capacités pour que les projets, qu’ils soient publics ou partenariat public-privé ou privé puissent voir le jour. La BAD et les autres partenaires au développement ont quelques ressources pour cela, mais, il faut la participation des Etats puisque nous et les autres nous ne sommes que là pour le soutien. Notre vision est un engagement irrévocable de résoudre le problème de l’énergie et cela doit être l’engagement des Etats avec le soutien de la BAD. Cela est possible lorsqu’on simplifie les procédés au niveau global et au niveau des Etats, il faut être très dynamique, avoir une décision définitive pour résoudre ce problème, identifier des projets bien précis et avoir un processus pour pouvoir attirer les investisseurs. L’argent est disponible, il faut pouvoir structurer ; ficeler les projets pour que cet argent puisse aller dans les projets au coté de l’argent des Africains et de celui de la BAD. Ce qu’il faut noter est qu’à Paris lors de la Cop 21, l’idée de lancer l’initiative pour les énergies renouvelables en Afrique afin d’essayer de développer 10 000 méga watt d’énergies renouvelables d’ici 2025, c’est une ambition, une volonté avec le soutien de la France, de l’Allemagne, de la Suède, de l’Union Européenne et aussi d’autres bailleurs internationaux qui sont très intéressés par cette initiative et l’engagement de certains bailleurs du G7 qui est à peu près de 10 milliards d’Euro. Actuellement, on est en phase de mise en œuvre de cette promesse, la France a déjà donné 6 millions d’Euros pour le soutien de l’unité indépendante de mise en œuvre qui est logée au sein de la BAD et a déjà commencé à travailler. Les équipes sont recrutées alors il faut aller rapidement vers l’identification, le développement des projets pour que ces 10 milliards et d’autres dizaines de milliards puissent aller dans les projets pour le bonheur des populations Africaines, c’est une initiative très importante mais, nous avons aussi l’initiative African Risk Insurance qui est très cher pour le président Adessina. Cette initiative permet aux pays Africains de pouvoir être assurés contre les aléas climatiques lorsqu’ils sont frappés par les conséquences du changement climatique et que l’agence paye les dommages, alors il faut que ces pays puissent contribuer aux primes d’assurances. Ce que le président de la BAD demande c’est que les institutions internationales telles que le Green Climate Fund (le Fonds Climat), mais également le Global Environment Facility qui est un Fonds mondial pour l’environnement puissent payer pour leur compte, même si c’est en partie pour le compte des Etats africains surtout pour les Etats les plus fragiles afin qu’ils arrêtent d’utiliser les ressources qui étaient prévues pour le développement, l’éducation, l’énergie, la santé et d’autres secteurs prioritaires, ces ressources sont déviées lorsqu’il y a des catastrophes. Cela doit s’arrêter et pour cela il faut que plusieurs Etats africains soit assurés et que les primes d’assurance soient payées. Beaucoup de pays ne peuvent pas payer, il ne faut pas qu’ils soient privés parce qu’ils ne peuvent pas payer la prime, donc, ce que le président de la BAD demande c’est que le Green Climate Fund et toutes ces institutions puissent substituer même si c’est en partie, les Etats peuvent un peu contribuer et que ces instruments puissent contribuer pour le compte des Etats afin que les risques soient assurés que les Etats ne souffrent pas des conséquences des changements climatiques.
L’agriculture est l’un des secteurs les plus touchés par le changement climatique et que vous défendez, alors que prévoit la BAD pour que l’Afrique fasse face à ces effets et comment est-ce qu’elle peut financer l’agriculture quand on sait que dans la prochaine décennie l’Afrique va forcément doubler sa population ?
Le nouveau président de la BAD a mis en place une stratégie appelé High qui est déjà validée par le conseil, donc au-delà de l’énergie, the Power African, c’est l’Agriculture, il faut développer l’agriculture afin de soutenir les agriculteurs en aménageant les terres, développant l’irrigation mais également s’adapter, avoir des investissements qui vont atténuer les conséquences des changements climatiques, pour que quand il y a des désastres que les terres cultivables africaines ne soient pas détruites par les conséquences du changement climatique. Donc développer l’agriculture de façon classique c’est aussi lutter contre le changement climatique.
Propos recueillis par Raoul SIEMENI