En sa qualité du Président en Exercice de la COMIFAC, M. Jules Doret NDONGO a accordé une interview à votre magazine dans laquelle il donne sa vision et les priorités de son mandat pour les deux à venir.
Afrique environnement plus : Monsieur le Ministre vous venez de prendre en charge la Commission des Forêts d’Afrique Centrale en qualité de Président en exercice, quelles sont pour vous les prérogatives pour cette institution ?
Mr Jules Doret NDONGO : le Cameroun vient de prendre la présidence en exercice de la COMIFAC, ceci en marge de la 10ème session du conseil ordinaire des ministres de la COMIFAC qui s’est achevé à Yaoundé le 09 juillet. Pour cela, j’aimerais premièrement remercier le Chef de l’Etat, Son Excellence Paul BIYA qui, en permettant que cette réunion se tienne au Cameroun, donnait ainsi une voix aboutissant à ce que le Ministre Camerounais soit désigné Président en exercice de COMIFAC. Deuxièmement, la COMIFAC est pour nous un levier très important de coordination et d’harmonisation des politiques forestières dans le Bassin du Congo, connu comme le deuxième poumon vert de la planète.
Maintenant, nous avons donc cette mission de coordination, d’harmonisation, de préservation, de lutte contre le braconnage entre autres qui sont les missions de base. Elles doivent se poursuivre dans le cadre tracé par le traité qui nous lie. Pour mettre en œuvre ces missions, il y aura des points précis comme la recherche des financements, le développement, la réalisation d’importants projets qui sont la priorité des pays et non des ONG.
De concert avec nos collègues, nous allons soumettre à la haute appréciation des Chefs d’Etat le projet de la tenue d’un troisième sommet des Chefs d’Etat. Nous attendons beaucoup de cette haute instance décisionnelle pour faire évoluer des dossiers importants notamment pour ceux qui concerne le financement pérenne de notre organisation.
Justement vous avez accueilli vos collègues lors de cette 10ème session ordinaire du conseil des Ministres. Vous avez connu un record de participation de vos pairs. Quel est votre sentiment à l’issue de cette assise réussie ?
Je dois dire que le Cameroun a été honoré voire privilégié d’avoir accueilli sept ministres de la sous-région venus assister à cette 10ème session à Yaoundé. Lors de notre rencontre à Malabo en juin le message a été passé. Cette rencontre a été très fructueuse. Lorsque vous réunissez tant de hauts responsables et que vous parvenez à des résultats aussi probants, on en sort revigoré et confiant pour l’avenir. La qualité des débats prouve que nous avons fait un pas à Yaoundé. En tant que président en exercice, cet engagement nous donne plus d’élan à faire un suivi appliqué des engagements pris. Nous avons passé des heures à réfléchir sur l’avenir et sommes allés au bout de nos forces pour poser des jalons nouveaux. Vous avez pu noter le niveau d’application jusqu’au jour de la clôture des travaux. Les débats ont été francs et engagés jusqu’à la dernière minute. Pour le reste, nous avons pris des engagements de travailler en lien avec tout le monde pour tenir compte de diverses sensibilités et des niveaux d’accomplissement dans la gestion des forêts à des degrés divers (communale, communautaire). Yaoundé a été un grand moment de partage d’expérience. Comment pourrions-nous faire autrement ? Les enjeux deviennent très importants. Nos écosystèmes subissent des agressions massives. Les problèmes sont transfrontaliers et nécessitent des ripostes concertées et des concertations régulières.
Votre mission est assez lourde puisque le Cameroun s’est engagé à livrer l’immeuble siège de la COMIFAC dans quinze mois. Alors quelles sont d’après vous les réformes pour structurer et mieux préparer cette COMIFAC à intégrer ce nouveau cadre de travail ?
La COMIFAC, comme tout le monde le sait, est issue des travaux de la Déclaration de Yaoundé de mars 1999 et du traité de Brazzaville 2005. C’est dire que le Cameroun fait partie de ce qu’on appelle les pères fondateurs. A ce titre, il a un rôle important à jouer et on sait que c’est son Excellence Paul BIYA qui, de concert avec ses pairs, fut à l’origine de cette idée. C’est dans cet esprit que nous avons accepté d’accueillir le siège et avec mes pairs de la sous-région, nous avons visité le chantier. Nous sommes très fiers de l’état d’avancement des travaux et nous pensons qu’en 2020, ce siège sera rendu opérationnel. Une fois que cela est fait, nous allons donc offrir à l’institution des moyens de travail adéquats et pensons que c’est un des éléments importants pour permettre à notre institution sur la voie de l’atteinte des objectifs qu’elle s’est fixée. Il est à noter que nous allons continuer à travailler en relation très étroite avec les pays de la sous-région.
Pour sortir que peut-on retenir comme éléments prioritaires pour votre feuille de route au cours de votre mandat ?
Nous n’avons pas une feuille de route spécifique qui sorte du cadre tracé par les résolutions de la 10ème session du conseil des ministres. Comme je vous l’ai dit plus haut, nous allons continuer le travail de remobilisation engagé par mon prédécesseur. La recherche des financements alternatifs, la promotion du plan de convergence 2 au niveau international et l’appel à une plus grande solidarité en faveur des forêts du Bassin du Congo seront le leitmotiv de cette action qui se fera de concert avec mes pairs.
Raoul SIEMENI