[BUJUMBURA] « Sur cette colline, les animaux étaient visibles. Beaucoup de touristes aimaient visiter notre région pour les contempler. Leur habitat détruit, ces animaux se sont réfugiés en Tanzanie où ils ne se sentent pas menacés ».
Ces propos de Jean Népomucène Hakizimana, rencontré à Nyankurazo près de la ville de Rusumo, à l’Est du Rwanda, région frontalière avec la Tanzanie, révèlent les effets néfastes de la construction de la centrale hydroélectrique de Rusumo Falls entre le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie.
Pour construire cette infrastructure qui devrait fournir 80 mégawatts d’électricité aux réseaux électriques des trois pays susmentionnés, une superficie d’au moins 24, 081 hectares a été détruite pour la construction des pylônes et des postes, selon une évaluation du Programme d’action subsidiaire des lacs équatoriaux du Nil (NELSAP).
“Avant, nous avions des bananeraies. Pour installer les pylônes, elles ont été toutes décimées, ce qui a été à l’origine de la diminution de nos sources de revenus”
Une victime au Burundi
L’étendue détruite abritait des terres agricoles, des pâturages et la savane de Nyankurazo au Rwanda. Avant la construction de la centrale, cette savane était le refuge de singes, de gibbons, de chimpanzés et d’oiseaux.
Gaspard Bikwemu, spécialiste en environnement au NELSAP, estime que 10 hectares de savane boisée sont perdus dans le district de Kirehe au Rwanda, sur la colline Nyankurazo où est construit actuellement le centre de dispatching de l’électricité.
D’ailleurs, seuls les pylônes électriques sont visibles sur cette colline. Or, avant la construction de ce centre, cette savane était riche en arbres fruitiers, ce qui attirait les singes.
Le spécialiste en environnement au sein de NELSAP préfère minimiser ces pertes soulignant « qu’on ne peut pas avoir d’omelette sans casser les œufs ».
Sources contaminées
La centrale électrique est construite à Rusumo Falls sur la rivière Kagera, le long de la frontière du Rwanda avec la Tanzanie et à environ trois kilomètres en aval du point où les deux pays partagent une frontière commune avec le Burundi.
A Ngara, au nord-ouest de la Tanzanie, précisément à Karagwe, village de plusieurs centaines d’habitants, la construction du barrage a sérieusement affecté l’approvisionnement en eau, soutient Jean Baraka Habonimana, 37 ans, un habitant du village.
« L’approvisionnement en eau va de mal en pis. On dirait que nous sommes un village abandonné », dit-il.
Ce dernier affirme qu’avant la construction du barrage hydroélectrique à Rusumo, les habitants avaient un accès illimité à l’eau potable et à d’autres ressources naturelles comme les plantes médicinales et le bois de chauffage.
Désormais, l’eau de la région et les ressources naturelles dont elle dépendait sont contaminées par les métaux et le pétrole provenant de l’atelier du projet hydroélectrique de Rusumo.
pour l’intégralité de l’article, voir sur https://www.ibihe.org/2022/10/28/les-victimes-du-chantier-du-barrage-de-rusumo-falls-sans-eau-ni-vivres/