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Interview AEP

Interview de Monsieur Jean-Pierre Ndoutoum, Directeur de l’IFDD

Du 30 novembre au 12 décembre dernier s’est tenue à Paris, au centre Le Bourget, la 21e Conférence des Parties (CdP 21) pour la lutte contre le changement climatique. Au cours de ce grand rendez-vous planétaire, plusieurs organisations œuvrant dans le domaine du développement durable y ont pris part, c’est le cas de l’Organisation Internationale de la Francophonie avec son organe technique l’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable (IFDD)  qui avait érigé tout un pavillon, devenu un  lieu de rencontres des pays francophones. Le Directeur de l’IFDD, Monsieur Jean Pierre Ndoutoum s’est prêté à notre micro pour nous faire un bilan de toutes les activités qui se sont déroulées au sein de leur pavillon dénommé « L’arbre à palabres ».

 

AEP : Vous avez érigé un pavillon de l’OIF au sein du centre Le Bourget à l’occasion de la CdP21. Pourquoi l’avoir nommé « l’arbre à palabres » pour réunir les pays francophones  présents à cette conférence ?

Jean Pierre Ndoutoum : Vous savez que la CdP c’est la conférence des parties,  nous sommes dans un processus de négociation, et c’est dans ce cadre6là que nous avons un peu malicieusement donné ce nom de l’arbre à palabres, sachant que pour une thématique aussi sérieuse que le changement climatique, les positions ne sont pas convergentes, il y a toujours beaucoup de points de divergences et la Francophonie a aussi voulu jouer sa partition dans ces palabres.

Quelles sont  les actions de l’IFDD qui ont accompagné les Etats francophones à une bonne participation à cette CdP21 ?

Il faut rappeler que l’Institut de la Francophonie pour le Développement durable, à chacune des conférences des parties se mobilise en amont  souvent par des formations aux négociateurs sur les techniques et les enjeux des négociations,  ensuite nous avons accompagné le processus d’élaboration des Contributions Prévues Déterminées au Niveau National  (CPDN) par la tenue de quatre ateliers régionaux notamment à Dakar (avril) qui a regroupé les pays d’Afrique de l’ouest et d’Afrique du Nord ;  à Libreville pour l’Afrique centrale et l’océan indien ;  à Port aux Princes (Haïti) pour la caraïbe et le dernier atelier en juillet s’est tenu à Hanoï au Vietnam pour l’Asie et le Pacifique. Après ces ateliers CPDN, nous avons également contribué à une rencontre africaine sur la consolidation de ces CPDN qui s’est tenue au Maroc, et une autre rencontre qui s’est tenue au Sénégal et qui a vu les ministres de la CEDEAO donner leur accord et leur appui aux processus de négociations et qui a été également le lieu de faire une déclaration ministérielle des ministres de la CEDEAO. Nous avons produit le Guide des négociations qui aide à mieux décrypter les enjeux des négociations et qui pour la première fois a été traduit en plusieurs langues.  Ensuite, nous avons  tenu le 28 novembre au siège de l’OIF, un atelier des négociateurs qui permettait  de faire le point des enjeux avant d’entrer spécifiquement dans le  processus des négociations.  Et  après tout  cela, nous avons érigé le Pavillon de l’OIF  avec une salle de réunion où nos ministres et  leurs équipes pouvaient tenir des réunions de mise au point. Nous avons aussi abrité beaucoup d’événements parallèles tels que la conférence des ministres francophones et nous avons donné la possibilité à nos pays membres de tenir leurs événements parallèles à eux, mais dans notre pavillon. C’est ce que nous avons appelé les journées pays et nous avons eu tour à tour la journée du Sénégal, du Québec, de Madagascar, de la RDC  et d’Haïti.

Nous avons assisté au déroulement de plusieurs activités au sein de votre Pavillon. Etant à la fin de cette CdP 21, quel bilan pouvez-vous de toutes ces activités ?

Le bilan est positif de l’avis de l’ensemble des observateurs  et des participants à nos rencontres et le fait que pour la première fois la Francophonie s’offre un Pavillon et accueille les délégations a été particulièrement utile et relevé par tous.  Et,  il nous a été demandé de garder cette formule pour les prochaines conférences des Parties, notamment sur le  climat. Nous tirons également un bilan positif de notre participation non seulement à cause de la fréquentation de notre Pavillon, mais aussi par les rencontres que nous avons pu faire, les partenariats qui ont été bâtis en marge de toutes les rencontres. Nous avons eu de  bonnes  rencontres notamment avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, l’ADEM et bien d’autres. Nous avons rencontré tous les gouvernements locaux  unis, la région Bruxelles capitale qui nous a assuré d’un appui dans notre initiative villes durables, nous avons profité de notre présence ici pour signer une entente  avec la ville du Grand Bassam qui va nous permettre de mener à l’échelle réelle un programme sur la ville durable. Il y a eu énormément de points positifs qui sont ressortis et pour ma première participation à une conférence des parties, j’en suis plutôt satisfait et j’ai hâte d’être à la prochaine. Mais cela dit, je ne suis pas entré dans le texte de l’accord qui est négocié car la Francophonie est observateur à la CdP21 et pour ce qui concerne le texte de l’accord, il appartiendra aux parties qui participent aux négociations de se prononcer.

Quelles sont les activités envisagées par l’IFDD après la CdP21 ?

En réalité,  nous n’allons pas innover ou faire un nouveau programme de l’après CdP. Il faut rappeler que nous avons déjà un programme qui est défini et qui  a été adopté par les Etats. C’est un programme quadriennal qui s’étend de 2015 à 2018. Nous allons continuer  à dérouler notre programme qui sera certainement enrichi par de nouveaux partenariats, et des initiatives de nos partenaires. Ensuite, en ce qui concerne spécifiquement la Conférence de Paris, il faut savoir que Paris n’est pas une fin en soi, c’est un processus qui est en cours. Il y a eu un avant Paris, un pendant Paris et il y aura un après Paris et dans l’après Paris, il va falloir que la Francophonie dans le cadre de ses actions habituelles, aide ses Etats membres  à mettre en œuvre l’ensemble de leurs contributions qui sont pour le moment des documents d’intention. Il y aura la mise en œuvre de ces contributions  et ces CPDN seront régulièrement  revisitées pour essayer d’avoir des ambitions encore plus fortes. Certains des engagements qui sont pris dans le cadre de ces CPDN sont le fait de ces Etats eux-mêmes.  D’autres engagements devraient nécessiter l’implication des partenaires financiers extérieurs. La Francophonie s’associera à ses Etats membres  pour mobiliser ces financements extérieurs.  Vous avez vu pendant la journée du Québec,  que nous avons eu une déclaration faite par le premier ministre de donner $25,5M  qui vont être majoritairement dédiés aux pays en développement,  notamment pour les programmes d’adaptation c’est-à-dire les programmes qui ont besoin d’un appui extérieur.  Nous allons faire la manœuvre pour essayer de canaliser  ces financements vers les pays en développement et les aider à assumer le processus de contribution.

Nous sommes rendus au terme de notre entretien, avez-vous un dernier mot  à ajouter ?

J’ai particulièrement apprécié la collaboration qu’on a observée au niveau de la CdP.  Au sein des équipes de la Francophonie,  cela a été l’un des premiers succès ainsi que les différentes directions de la Francophonie. Sans oublier la  collaboration avec les différents médias qui ont œuvré autour de nous et avec nous et nous espérons pouvoir reproduire ce partenariat pour la prochaine CdP qui aura lieu dans moins d’un an à Marrakech au Maroc.

Propos recueillis par Marie Danielle Ngo Ngué

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