Une vingtaine de morts, de nombreux blessés et plusieurs personnes disparues le dimanche 08 octobre 2023 dans le quartier de Mbankolo Chefferie, arrondissement de Yaoundé 2 dans un glissement de terrain
Parents et curieux bravent le cordon sécuritaire installé, accourent vers la vallée, épicentre du drame qui a vu plus de 25 maisons emportées dans la furie des eaux dimanche soir aux environs de 19 heures.
En quelques minutes, racontent les riverains, cette vallée, colonisée par la population et devenue lieu d’habitation de nombreuses familles qui y ont construit des habitations pour la plupart précaires, a été rasée. Blocs de béton, pans entiers de murs détruits, morceaux de tôles ici et là, planches disparates, la vallée ressemble à un champ de ruine. Au milieu de ces décombres, une femme, la soixantaine sonnée, est assise sur une natte, la mine triste. « Ma nièce de 8 ans a été emportée par les eaux. Elle est morte. Ma sœur a été emportée elle aussi, mais un clou est rentré dans sa jambe, ce qui a empêché l’eau de l’entrainer plus loin. Elle est à l’hôpital », raconte-t-elle au reporter.
Plus loin, un groupe de transporteurs par moto, en signe de solidarité à l’un des leurs, se sont déportés sur le site du drame. Sobadjo, comme ils l’appelaient affectueusement, est mort avec toute sa famille (femme et quatre enfants), à l’exception de l’un de ses fils qui a eu la vie sauve parce qu’il était en service dans son débit de boisson au carrefour Golf au moment du drame. Sur le site, des témoignages s’enchainent.
Le drame s’est produit au moment où se célébrait l’anniversaire d’un enfant dans l’une des maisons sinistrées. « Les gens sont venus un peu de partout au quartier. Ils étaient tous dans la maison en train de chanter. L’eau les a balayés tous, même avec les parents de la maison », regrette Junior Simo, un voisin.
Le lundi 9 octobre 2023 en fin d’après-midi, le bilan provisoire indiquait 28 morts, de nombreuses personnes blessées et plusieurs disparues. La mobilisation gouvernementale s’est faite encore plus visible avec la visite du site du drame par plusieurs membres du gouvernement parmi lesquels les Ministres de l’Administration Territoriale, de l’Urbanisme et de l’Habitat et de la Communication. Dans l’urgence, un engin a été mobilisé pour renforcer les opérations de fouille, une cellule de crise créée et l’annonce des premiers secours en faveurs des familles sinistrées notamment la distribution des couvertures.
À l’origine de ce drame, l’effondrent d’une digue construite à l’époque allemande. La digue baptisée « Mur de Berlin » par les habitants du quartier retenait l’eau qui descend de la colline Febe. A l’époque coloniale, l’eau retenue par cette digue était traitée et ravitaillait la ville de Yaoundé. Plus d’un siècle après, l’édifie n’avait plus bénéficié d’un quelconque entretien. En contre-bas, de nombreuses familles s’étaient installées dans la vallée, lieu de passage de l’eau. Dimanche soir, suite une abondante pluviométrie de ces derniers jours, et à l’effet conjugué du poids de l’âge et de la pression des eaux, le « Mur de Berlin » a cédé, ouvrant ainsi la voie à une course folle aux eaux qui ont tout balayé au passage.
Eugène MESSINA