Résumé :
Les changements climatiques et leurs conséquences constituent sans aucun doute une des principales menaces à laquelle nos sociétés sont confrontées. D’année en année les conséquences deviennent de plus en plus visibles et il est plus que jamais urgent d’agir dès maintenant pour tenter d’enrayer la machine climatique que l’homme a déréglé au point d’altérer de manière irrémédiable des équilibres fragiles avec des conséquences potentiellement désastreuses pour l’humanité, l’environnement et plus particulièrement pour les pays et les populations fragiles.
Afin de répondre à ce défi majeur, la communauté internationale est actuellement engagée dans un agenda particulièrement contraint. Les Etats se sont engagés à élaborer- d’ici 2015- un accord global, ambitieux, équitable et juridiquement contraignant qui devra entrer en vigueur en 2020. Alors que la dernière conférence sur le climat qui s’est tenue à Varsovie en Novembre 2013 n’a montré que trop peu de résultats concrets, les enjeux de celle de Lima en décembre 2014 furent particulièrement importants-avec les résultats mitigés que l’on connaît (voir l’article d’ENERGIES 2050dans ce même numéro : « La conférence des Nations Unies sur les Changements Climatiques de Lima en décembre 2014 : Quels enjeux ? Quels résultats ? Quelles suites ? »)- et le seront d’autant plus à Paris en 2015 afin d’obtenir un accord post-2020 à la hauteur des défis.
Dans les grands débats sur ces questions, les connaissances scientifiques ont un rôle central à jouer et sont d’une importance indéniable. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dont la synthèse a été publiée début novembre, est dans ce sens primordial. Bien que le document dresse un bilan très inquiétant de la situation climatique actuelle, il propose néanmoins des pistes d’action. Il est encore temps d’agir et nous avons tous un rôle à jouer.
C’est dans cet objectif que l’association ENERGIES 2050 œuvre au quotidien afin d’impliquer chacun dans la mise en œuvre d’un futur résolument plus durable, respectueux des ressources naturelles et surtout solidaire. C’est aussi dans cet esprit que nous collaborons avec plaisir et fierté avec Afrique Environnement Plus dans cette volonté de diffuser au plus grand nombre une information scientifique factuelle et pertinente sur les grands défis environnementaux et climatiques auxquels sont confrontées nos sociétés.
Document collectif réalisé sous la direction de Stéphane POUFFARY (auteurs principaux Philippine WATERKEYN, Stéphane POUFFARY et Heather ROGERS) – Novembre 2014 – contact@energies2050.org
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Les conclusions du dernier rapport du GIEC : des conséquences potentiellement désastreuses mais de réelles opportunités d’actions pour en limiter les effets
Depuis sa création en 1988, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a pour mission de synthétiser et d’évaluer l’ensemble des documents scientifiques publiés sur la thématique du climat. Tous les 5-6 ans, ce groupe d’experts élabore ainsi un Rapport d’évaluation faisant état de l’évolution du climat, des risques et des conséquences liés à ces changements ainsi que des stratégies d’atténuation et d’adaptation à mettre en œuvre. Basé sur plus de 30 000 documents scientifiques et issu du travail de 830 experts, de plus de 80 pays , le 5ème Rapport du GIEC constitue l’évaluation la plus complète produite à ce jour sur les changements climatiques. Tout ceci pour dire que la notoriété scientifique de ce document est incontestable et que cela rend d’autant plus inquiétant le constat qui y est fait : « l’atmosphère et les océans se sont réchauffés, la quantité de neige et de glace a diminué, le niveau de la mer s’est élevé et la concentration de dioxyde de carbone a augmenté jusqu’à un niveau sans précédent depuis 800 000 ans » .
L’activité humaine : une responsabilité indéniable dans le changement climatique
Alors que le premier rapport de 1990 n’évoquait qu’une probable corrélation entre l’activité humaine et le réchauffement climatique, la responsabilité de l’activité humaine dans ces changements est désormais qualifiée d’ « extrêmement probable » . En effet, les concentrations atmosphériques des gaz à effet de serre (GES) ont considérablement augmenté depuis l’époque industrielle. Selon le GIEC, plus de la moitié des émissions de GES observées entre 1951 et 2010 seraient dues à l’activité humaine. Ceci s’explique par un recours massif aux énergies fossiles ainsi que par les émissions provoquées par la culture des sols. En effet, l’agriculture intensive et la déforestation figurent parmi les causes principales d’émissions de GES dans l’atmosphère. Ces constats sont d’autant plus inquiétants que le rapport du GIEC précise que, même si nous arrivions à réduire à zéro nos émissions de CO2 de manière immédiate, les bouleversements observés depuis les années 1950 persisteront pendant plusieurs siècles.
Des bouleversements en cascade qu’il devient de plus en plus difficile d’enrayer
Les bouleversements en cascades entraînés par le réchauffement climatique auront des conséquences qui se feront ressentir de manière croissante sur l’ensemble des continents et des océans. Dans les régions tropicales, les températures moyennes seront très variables en fonction des saisons. D’autre part, l’Arctique se réchauffera beaucoup plus rapidement et le régime des précipitations sera de plus en plus instable entraînant des vagues de chaleur qui seront plus fréquentes et intenses dans certaines parties du monde comme le Sahel. En outre, le réchauffement et l’élévation du niveau de la mer apparaissent inévitables. La chaleur absorbée par les océans pénétrera davantage en profondeur et perturbera le cycle océanique ainsi que de nombreux écosystèmes marins.
Source : GIEC – « Changement climatique 2013 : Les éléments scientifiques – Résumé à l’intention des décideurs » – Septembre 2013 (Vol.1 du 5ème Rapport d’évaluation)
Des conséquences dramatiques pour l’Homme
Les conséquences des bouleversements climatiques que chacun peut déjà constater de jour en jour, vont s’accentuer au cours des prochaines décennies, menant à des situations extrêmes avec des conséquences lourdes pour les populations humaines. Selon le GIEC, la proportion de la population mondiale subissant des pénuries d’eau et la proportion concernée par des inondations majeures augmenteront avec le niveau de réchauffement au cours du XXIème siècle. Ces impacts seront décuplés dans les zones où les populations ne disposent pas d’infrastructures adéquates ou de services nécessaires pour anticiper et s’adapter aux conséquences du changement climatique. Le changement climatique aura également des répercussions néfastes sur l’agriculture, celle-ci étant fortement dépendante des aléas météorologiques. Il est indéniable que le manque d’accès à une ressource en eau potable et la diminution des rendements agricoles auront un impact sans précédent sur la santé humaine. Par ailleurs, les populations seront davantage exposées à certaines maladies transmises par la prolifération de certains insectes dans plusieurs régions du monde. Dans la même série noire, selon le GIEC, la variabilité climatique est et sera de plus en plus à l’origine d’une augmentation importante des mouvements de populations et des risques de conflits, en raison notamment d’une répartition inégale des ressources qui sera exacerbée.
Des répercussions désastreuses sur les écosystèmes
Il va sans dire que les répercussions du changement climatique sur les écosystèmes seront tout aussi désastreuses. Une part importante des espèces terrestres et la disponibilité de la ressource en eau douce présentent des risques d’altération voire, dans certains cas, d’extinction accrus au regard des bouleversements déjà observés et de ceux à venir. Ceci est d’autant plus significatif que le réchauffement climatique interagit avec d’autres facteurs de pression tels que la modification des habitats, la surexploitation, la pollution et l’augmentation des espèces invasives. Si certaines espèces arriveront à s’habituer à un nouvel environnement, d’autres ne parviendront pas à s’acclimater à une évolution trop rapide et importante de leur habitat naturel et disparaîtront. Le Rapport du GIEC met en avant le fait que de nombreuses espèces parcourent de plus en plus de kilomètres pour trouver les ressources qui leur sont nécessaires. Par ailleurs, en raison de l’accroissement des concentrations atmosphériques de CO2, il est observé une importante acidification des océans. Ceci a des répercussions très importantes sur les espèces marines. C’est le cas notamment de certains poissons qui perdent leur instinct de survie comme constaté en Papouasie-Nouvelle-Guinée. On citera également l’exemple de la Grande Barrière de corail qui a perdu plus de la moitié de ses coraux depuis la fin du XXème siècle.
Des opportunités d’actions à saisir de toute urgence : entre atténuation et adaptation
Alors que les constats présentés par le GIEC sont accablants, les conséquences du réchauffement climatique seront d’autant plus désastreuses si rien n’est fait. Il est urgent d’enrayer ce phénomène en limitant, dès à présent, les émissions de GES générées par nos activités. Pour ce faire, des changements considérables doivent être opérés dans l’ensemble des secteurs de nos économies, qu’il s’agisse du secteur énergétique, des transports, de l’agriculture, des infrastructures ou encore de l’industrie. Selon le Rapport de synthèse du GIEC, la croissance économique mondiale ne serait pas affectée outre mesure par des politiques d’atténuation, au contraire « plus nous attendrons pour prendre des dispositions, plus l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de ceux-ci coûteront cher.» . Au-delà des mesures d’atténuation, l’adaptation sera également indispensable pour préparer nos sociétés face aux changements devenus inévitables. Ceci étant dit, il est important de souligner qu’il s’agit bien là de deux objectifs complémentaires : l’atténuation permettra de limiter le phénomène de réchauffement climatique et donnera ainsi plus de temps à nos sociétés pour s’adapter aux évolutions à venir.
5ème Rapport d’Evaluation du GIEC, 2013/2014
Zoom sur les conséquences du changement climatique en Afrique Subsaharienne …
Certains pays d’Afrique subsaharienne sont déjà confrontés à d’importantes inégalités en termes de développement social et économique, de pauvreté, d’insécurité alimentaire, de présence de maladies et de conflits chroniques. Les effets du changement climatique pour ces pays vont être exacerbés et les conséquences seront désastreuses si aucune mesure concrète n’est prise.
Par exemple, les écarts déjà importants de précipitations sur le continent Africain se verront exacerbés par les bouleversements climatiques. Selon la Banque Mondiale, « avec quatre degrés supplémentaires, à l’horizon des années 2080, les précipitations annuelles pourraient diminuer jusqu’à 30% en Afrique australe tandis que l’est du continent risque de connaître, selon de multiples études, un phénomène inverse » . En Afrique Subsaharienne, l’aridification de certaines régions aura de graves répercussions sur l’agriculture et la question de la sécurité alimentaire deviendra de plus en plus préoccupante. Selon le dernier Rapport d’évaluation du GIEC, si le réchauffement global dépasse les 2°C, la production agricole pourrait décroître de 20 à 30 % d’ici 2080 en Afrique Subsaharienne. Le développement de systèmes agricoles moins gourmands en eau et plus diversifiés pourrait être une solution au stress hydrique dont souffre cette région du monde. Néanmoins, ces pratiques agricoles -même si elles étaient généralisées- ne permettront malheureusement pas de répondre à l’ensemble des besoins alimentaires de la région.
Source : Climats extrêmes, impacts régionaux – un plaidoyer en faveur de l’adaptation (Banque Mondiale)
Les importantes variations hydriques liées au réchauffement climatique menaceront non seulement la population subsaharienne mais fragiliseront aussi les espèces floristiques et faunistiques africaines dont certaines pourraient disparaître ou subir des changements physiologiques majeurs. La disparition de certaines espèces animales et végétales sera notamment accélérée en raison d’une importante déforestation en Afrique subsaharienne, liée à une expansion agricole croissante, à l’utilisation du bois comme matériau de construction ou comme source d’énergie pour cuisiner. La dégradation des sols entraînera une réduction conséquente de la surface des prairies diminuant drastiquement les ressources en fourrage des animaux ainsi que les rendements agricoles des terres cultivées. Dans cette perspective, l’évolution des écosystèmes d’Afrique Subsaharienne aura un impact négatif sur la mise en œuvre des moyens de subsistance de la population subsaharienne.
Source : Climats extrêmes, impacts régionaux – un plaidoyer en faveur de l’adaptation (Banque Mondiale)
Le réchauffement climatique aura un impact considérable sur la santé des populations subsahariennes. Le GIEC et les différents rapports scientifiques produits sur le sujet prévoient une hausse du taux de mortalité en raison de la rareté des ressources alimentaires et de la déforestation sachant que la hausse des températures aura également pour conséquence une exposition accrus aux risques de maladies transmises par la prolifération des insectes.
Si l’Afrique Subsaharienne sera une des régions les plus touchées par les impacts du réchauffement climatique, il est important de rappeler qu’elle fait partie de celles qui ont le moins contribué à ce phénomène. La question de la justice climatique et celle de l’équité sont donc au cœur du débat et les pays industrialisés, responsables des dérèglements climatiques, se doivent de venir en aide à ces pays particulièrement vulnérables afin de les accompagner vers des mesures d’adaptation tout en renforçant leur capacité d’atténuation. Il ne s’agit pas de considérer cela comme de l’aide mais bien comme un devoir au regard d’une responsabilité certes partagée collectivement mais différenciée au regard de la responsabilité historique des différents pays.
Un constat qui rend d’autant plus important l’engagement des Etats dans la lutte contre le réchauffement climatique à Paris fin 2015
Le réchauffement climatique est un phénomène mondial, avec des conséquences qui toucheront l’ensemble des pays même si certains seront plus affectés ou se retrouveront plus vulnérables que d’autres. Afin de lutter contre ce phénomène et pour faire face à ces multiples conséquences, il est indispensable d’arriver à un accord mondial et que chacun mette en œuvre les changements nécessaires. C’est dans cet objectif que 195 pays ont signé la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) en 1992. Depuis, tous les ans, les gouvernements se réunissent à l’occasion de la Conférence des Parties (CdP) sous couvert de la CCNUCC dans le but de s’accorder sur des mesures visant à réduire les émissions de GES et à s’accorder sur les modalités de mise en œuvre selon les principes « d’une responsabilité partagée mais différenciée ».
Les Conférences Climat : des étapes majeures dans la lutte contre le réchauffement climatique mais dont les résultats sont de moins en moins à la hauteur des enjeux
Depuis la première conférence en 1995, les résultats des CdP ne sont malheureusement pas à la hauteur des enjeux. En effet, au fil des années l’écart entre le discours politique et la réalité des engagements et ensuite de la mise en œuvre s’est creusé, et ceci malgré des rapports scientifiques de plus en plus alarmants sur les conséquences de ces bouleversements climatiques. Ceci étant dit, il serait faux d’affirmer qu’il n’y a pas eu d’avancées significatives. On citera, par exemple, l’adoption du Protocole de Kyoto en 1997 qui fixait un objectif global de réduction de 5,2% des émissions de GES par rapport aux niveaux de 1990 sur une première période d’engagement de 2008 à 2012. Une deuxième période d’engagement au titre du Protocole de Kyoto a été décidée à l’occasion de la CdP de Durban (Afrique du Sud) en 2011, mais uniquement sur une base volontaire et n’engageant qu’un nombre très limité de pays, ne représentant que 15% des émissions mondiales de GES. Parmi les grandes décisions prises à l’occasion des CdP, il faut également noter la mise en place du Fonds Vert pour le Climat (FCV) à l’issue de la Conférence de Cancun (Mexique) en 2010, visant à capitaliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 à l’attention des pays en développement et plus particulièrement des pays les plus vulnérables. La CdP de 2010 aura aussi permis la mise en place d’outils opérationnels tels que les Mesures d’Atténuation Adaptées au niveau National (MAAN) et le processus dit de MNV (Mesurer, Notifier, Vérifier).
Une mobilisation réaffirmée à l’occasion du Sommet sur le Climat de septembre 2014
Face à l’écart qui se creuse entre l’urgence de la situation et la réalisation d’actions concrètes pour y remédier, et au regard de l’enjeu majeur de l’accord qui devra être pris en 2015, le Secrétaire général des Nations Unies –Monsieur Ban Ki-moon- a convié les dirigeants du monde entier à se réunir le 23 septembre 2013 à New York, dans le cadre du Sommet des Nations Unies sur le Climat. L’objectif était notamment d’apporter un nouveau souffle au processus de négociations en cours, et ainsi d’éviter un manque d’ambition et d’inspiration dans le cadre de l’accord crucial à venir. Ce fut notamment l’occasion pour de nombreux Etats de réaffirmer leur volonté politique ainsi que pour certaines institutions financières de s’engager sur des investissements en faveur du climat. A noter que la société civile s’est également largement mobilisée à l’occasion de la Marche pour le Climat du 21 Septembre 2014. Des centaines de milliers de citoyens sont descendus dans les rues des plus grandes villes du monde afin d’interpeller les dirigeants sur l’urgence d’agir. Plusieurs centaines de membres d’ENERGIES 2050 ont participé à plusieurs manifestations de par le monde. Il s’est agi d’un instant solennel où chacun a rappelé l’importance d’une action ambitieuse, solidaire et inscrite dans la durée.
Source : Marche Mondiale pour le Climat 2014 (Avaaz.org)
Un enjeu de premier ordre pour la Conférence de Lima : l’accord climatique Post 2020
Alors que les dirigeants de plusieurs pays ont réaffirmé leur volonté politique à New York en septembre dernier, la Conférence de Lima constituait une opportunité unique pour approfondir les négociations techniques. De nombreux sujets ont été abordés ; il s’agissait notamment de l’atténuation des changements climatiques, de l’adaptation, de la question de pertes et des préjudices ainsi que du soutien aux pays en développement. Pour ce qui des efforts d’atténuation, les Parties avaient la lourde responsabilité de maintenir l’agenda politique qui doit mener vers l’adoption d’un accord post 2020 à l’occasion de la CdP de Paris en 2015. En effet, à l’issue de la Conférence de Durban en 2011, les Etats se sont accordés sur un échéancier pour la mise en place d’ici à 2015 d’ «un protocole, un autre instrument juridique ou un texte convenu d’un commun accord ayant valeur juridique, applicable à toutes les Parties » . Alors que celui-ci devra entrer en vigueur seulement en 2020, la Plateforme de Durban (ADP) -qui est le groupe de travail en charge de l’élaboration de cet accord-, avait également pour objectif de rehausser le niveau d’ambition de réduction des émissions de GES de l’ensemble des Parties pour la période pré 2020. Il s’agissait dans ce cadre d’essayer, entre autre, d’augmenter le nombre de pays ayant ratifié l’Amendement de Doha qui a reconduit le Protocole de Kyoto pour une deuxième période, sachant qu’actuellement les pays qui l’ont ratifié représentent seulement 15 % des émissions globales de GES. Malheureusement, les résultats concrets de la conférence de Lima n’ont pas été à la hauteur des enjeux .
Une responsabilité partagée mais différenciée : un principe qui fait débat
Les enjeux d’un accord mondial pour lutter contre le réchauffement climatique sont multiples. Le plus complexe et source de litiges est celui de la « responsabilité commune mais différenciée ». Il s’agit de tenir compte de la responsabilité historique des pays industrialisés dans le réchauffement climatique, sachant que celle des pays en développement est moindre alors que ces derniers sont les plus impactés et les plus vulnérables face aux conséquences. Le principe de solidarité climatique est alors crucial. Les pays du Nord ont un devoir d’accompagner et de soutenir les pays du Sud dans la mise en place de solutions de développement propres et peu émettrices de GES tout en les soutenant pour s’adapter aux conséquences déjà visibles et à celles à venir des modifications du climat. En pratique, la question n’est pas aussi simple, notamment avec les évolutions de la situation mondiale. Les pays émergents par exemple, ont une part de responsabilité de plus en plus importante dans le changement climatique même s’ils n’étaient pas inclus dans les textes fondateurs compte tenu de leur situation à l’époque qui était très différente. Aujourd’hui, même s’ils mettent en place des mesures d’atténuation de plus en plus importantes, ils ne comptent pas réduire leurs émissions de manière drastique pour ne pas freiner leur croissance économique. Le traitement de cette question fut difficile à Lima et n’y a d’ailleurs pas trouvé de réponse satisfaisante. A titre d’illustration, selon les estimations du Global Carbon Project, la Chine est, à elle seule, à l’origine de 27 % des émissions mondiales en 2013, contre 14 % pour les Etats-Unis et 10 % pour l’Union européenne. Les débats à venir sont donc cruciaux car ils devront prendre en compte les réalités historiques mais aussi celles d’aujourd’hui sans oublier les pays en développement et plus particulièrement les moins avancés qui ne doivent pas faire les frais de cette complexité politique.
«Nombre des personnes les plus vulnérables aux changements climatiques ont contribué et contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre. Il ne sera pas possible de faire face à ces changements si des organismes particuliers mettent en avant leurs propres intérêts de façon indépendante. On ne pourra lutter contre les changements climatiques que grâce à des réponses coopératives et notamment à une coopération internationale.»
- Rajendra K. Pachauri, Président du GIEC, Novembre 2014
Tous acteurs face au changement climatique : la vision d’ENERGIES 2050 pour transformer les contraintes en opportunités d’actions
Si les enjeux du changement climatique sont d’ordre mondial, chacun d’entre nous dispose également de moyens et d’une multitude d’opportunités d’agir pour inverser la tendance actuelle. Qu’il s’agisse des collectivités territoriales, des entreprises et industries, des communautés scientifiques et techniques, des agriculteurs, des citoyens… nous avons tous un rôle à jouer dans la Grande transition à mettre en œuvre. Que ce soit par la mise en place de politiques innovantes, par le développement de nouvelles technologies propres, par l’adoption de comportements plus responsables, par des choix réfléchis en termes de consommation et de production, mais aussi grâce à une solidarité plus active en faveur des plus démunis, chaque geste compte !
C’est avec cette vision mobilisatrice qu’est née l’association ENERGIES 2050 : apporter à chacun les savoirs et connaissances nécessaires pour comprendre les phénomènes actuels mais surtout pour mettre en lumière les nombreuses opportunités d’action. S’il est facile de se sentir impuissant face aux multiples défis auxquels nos sociétés sont confrontées à l’heure actuelle, c’est en fédérant les efforts de chacun et en échangeant sur les bonnes pratiques et les solutions innovantes que nous arriverons à des modèles de développement qui soient durables, respectueux de l’Homme et des ressources naturelles.
Depuis plusieurs années déjà, ENERGIES 2050 est présente dans les Conférences internationales sur le Climat et participe à la diffusion des échanges et débats qui y prennent place par le biais de publications diverses et au travers d’interventions multiples tels que des évènements parallèles (side events), tables-rondes et rencontres citoyennes. ENERGIES 2050 est notamment l’auteur principal de l’édition 2014 du Guide des négociations climat pour la conférence qui s’est tenue à Lima en décembre 2014. Publié par l’IFDD (Institut de la Francophonie pour le Développement Durable) il s’agit d’un document essentiel qui est diffusé aux délégations de l’ensemble des 77 pays de l’espace francophone et plus généralement à l’ensemble des négociateurs et acteurs des négociations climat.
A noter également que l’association est l’auteur principal d’un guide publié par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) à l’attention des autorités locales pour mettre en œuvre des mécanismes carbone spécifiques à l’environnement urbain (http://unep.org/publications). ENERGIES 2050 a également développé une initiative carbone internationale appelée ethiCarbon®, dont l’objectif est de donner à chacun la possibilité d’agir en faveur d’une plus grande solidarité climatique. Il est question de permettre aux différents acteurs de la société d’évaluer leur empreinte carbone afin de soutenir de manière équivalente des projets sociaux et environnementaux de lutte contre le réchauffement climatique.
« La Finance Climat pour les Villes et les Bâtiments – Un Manuel pour les Gouvernements Locaux », PNUE, 2014
Enfin ENERGIES 2050 accompagne de plus en plus des délégations mais aussi des acteurs de la société civile pour une meilleure mobilisation.
Rien ne serait pire que de céder à une apparente fatalité. Agir, s’engager dans la durée et mettre en œuvre des actions concrètes sont le préambule indispensable pour une action ambitieuse, solidaire et respectueuse de cette petite planète si chère à nos cœurs.
Alors que les rapports scientifiques sur la situation climatique sont particulièrement alarmants, nous vous invitons à nous rejoindre et à participer vous aussi à la mise en mouvement de sociétés plus humaines, solidaires et respectueuses de notre planète.
Rejoignez-nous sur www.energies2050.org
Document collectif réalisé sous la direction de Stéphane POUFFARY
(Auteurs principaux Philippine WATERKEYN, Stéphane POUFFARY et Heather ROGERS)
Novembre 2014 (Mis à jour en Décembre 2014) contact@energies2050.org