13 pays d’Afrique australe sont réunis en urgence au Zimbabwe, du 14 au 16 février 2017, sous l’égide de l’ONU, pour mettre au point une lutte concertée contre ce nouveau fléau venu d’Amérique qui menace toutes les cultures.
L’Afrique australe ne s’est pas encore remise de deux années de sécheresse, aggravées par un puissant phénomène El Niño, à l’origine d’une crise alimentaire, qu’elle doit affronter un nouveau fléau : la chenille légionnaire dite « d’automne » qui dévaste les cultures.
Sept pays touchés
La FAO, l’organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation, tient pendant trois jours, du 14 au 16 février une réunion d’urgence à Harare au Zimbabwe pour tenter d’élaborer une lutte concertée entre les pays.
Treize pays participent à la réunion. Six d’entre eux sont déjà touchés par l’insecte dévoreur de cultures : la Zambie au premier chef, le Zimbabwe, le Malawi, le Mozambique, la Namibie et l’Afrique du Sud.
Une chenille venue d’Amérique…
L’Afrique a déjà connu par le passé des invasions de chenilles légionnaires. Ainsi le Liberia en avait été victime en 2009. Mais cette fois-ci l’Afrique fait face à un insecte plus dévastateur, un insecte venu du continent américain plus vorace que son congénère d’Afrique qui s’attaque prioritairement au maïs, mais aussi aux autres céréales, blé, sorgho, millet ou riz à la base de l’alimentation en Afrique, voire au coton, au soja, à la canne à sucre, etc.
… qui peut dévorer plus de cent espèces de plantes
D’après les scientifiques du centre international pour l’agriculture et les biosciences (Cabi), ONG anglaise spécialisée dans la sécurité alimentaire et les espèces invasives, il peut dévorer « plus de cent espèces de plantes différentes ».
La Spodoptera Frugiperda, ou chenille légionnaire d’automne, est endémique sur une bonne partie du continent américain. Elle aurait débarqué sur le continent africain, probablement arrimée à des plantes importées par avion.
Selon David Phiri, coordinateur de la FAO pour le sud de l’Afrique, elle est apparue l’an dernier dans l’ouest du continent, au Nigeria puis au Togo. Le Cabi a aussi confirmé sa présence au Ghana. Les conditions de son voyage vers le sud du continent restent, selon lui, encore « un mystère ».
Plusieurs techniques de lutte alternatives ou complémentaires aux pesticides
La Zambie, particulièrement affectée, estime que la chenille a endommagé 130 000 hectares de culture. En décembre dernier, elle avait réquisitionné l’armée pour acheminer des pesticides dans plusieurs provinces du pays.
Toutefois, le recours aux pesticides pourrait montrer ses limites. Sur le continent américain, la chenille a développé des résistances. D’autres solutions pour limiter les dégâts sont également étudiées par la FAO, qu’il s’agisse d’isoler les zones infestées en créant des barrières naturelles, telles que des tranchées, de recourir à des oiseaux prédateurs de la chenille, voire de brûler les cultures infestées.
David Phiri se veut optimiste, estimant que la situation reste « gérable » pour le moment d’autant plus que les « gouvernements concernés ont très vite réagi ».
Marie Verdier/la-croix.com