Pékin dit vouloir passer à l’acte pour lutter contre le braconnage alors que le pays, premier marché mondial pour l’ivoire, est régulièrement pointé du doigt. « Afin de mieux protéger les éléphants et mieux combattre les trafics, (la Chine) va arrêter peu à peu la vente et la transformation à des fins commerciales d’ivoire et d’objets en ivoire », a déclaré vendredi le Conseil d’Etat, gouvernement du régime communiste, dans un communiqué.
L’interdiction doit prendre effet d’ici fin 2017. Elle va affecter 34 entreprises de transformation et 143 centres de commerce chinois. Certains d’entre eux devront cesser leurs activités dès le 31 mars, et les autres devront faire de même « dans les délais impartis », a assuré le gouvernement chinois. Le Ministère de la culture contribuera à la conservation de l’ivoire légal dans les musées et autres sites culturels. Il aidera également les travailleurs de l’industrie, y compris les maîtres sculpteurs, à se reclasser, précise le New York Times.
En Chine, où l’ivoire est parfois surnommé « or blanc », il est considéré comme le symbole d’un statut social élevé – un kilo pouvant se vendre jusqu’à 1.100 dollars, selon l’organisation Save the elephants. La Chine continuera d’autoriser les ventes aux enchères d’antiquités en ivoire dûment identifiés et provenant de « sources légitimes » grâce à un processus placé sous « étroite supervision », a souligné Pékin. D’après le Wall Street Journal, les propriétaires actuels de produits en ivoire seront autorisés à les conserver, à les transférer en cadeau ou à les léguer à leurs descendants.
20.000 éléphants tués chaque année
Le Fonds Mondial pour la nature (WWF) a applaudi cette « annonce historique » dans un communiqué. L’organisation souhaite désormais que Hong Kong – territoire chinois doté d’une large autonomie et de ses propres lois – arrête à son tour le commerce de l’ivoire d’ici 2021. « Avec le marché chinois fermé, Hong Kong peut devenir le marché favori des trafiquants pour blanchir l’ivoire illégal sous couverture du commerce légal de l’ivoire », a estimé une responsable de WWF, Cheryl Lo. Chaque année, entre 800 et 900 affaires de contrebande d’ivoire sont mises au jour en Chine continentale, selon les statistiques de la douane. Et plus de la moitié des entreprises engagées dans le commerce légal de l’ivoire sont aussi impliquées dans des transactions illégales.
Environ 20.000 éléphants sont tués chaque année selon le comité de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune, dont Pékin est signataire et qui interdit le trafic d’ivoire depuis 1989). Entre 2007 et 2014, 144.000 éléphants ont disparu de la savane africaine – soit une baisse d’environ 30%, selon le Great Elephant Census, rapport effectué par l’ONG Elephants Without Borders.
source: la Tribune.fr