« L’heure est venue de quitter l’accord de Paris ». Le Président américain, Donald Trump, a enfin annoncé sa décision jeudi 1er juin après des semaines de réflexion. Avec cette décision il souhaite redresser l’économie américaine, mais les Etats-Unis risquent de ne pas être gagnants.
Des dizaines de milliers de californiens fuyant les flammes durant l’été 2016, le stress hydrique qui touche de plus en plus d’Etats américains… Donald Trump, le président américain, n’a sans doute jamais vu ces images. A moins qu’il conteste l’incontestable, c’est-à-dire la relation entre l’homme et le réchauffement climatique et les conséquences catastrophiques pour la planète.
Après des semaines de réflexion, Donald Trump a enfin tranché. « L’heure est venue de quitter l’accord de Paris », a déclaré le Président américain jeudi 1er juin dans les jardins de la Maison Blanche. « J’ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris », a-t-il notamment justifié lors de son discours.
En trente ans, le réchauffement climatique a provoqué le doublement des incendies aux Etats-Unis. Lors du Sommet mondial climat et territoires, qui se tenait à Lyon, les 1er et 2 juillet 2015, Anne Paugam, la directrice générale de l’Agence française du développement, rappelait que « 16 des 19 mégapoles étaient exposées à la montée des eaux ». Shanghai, Sydney, Bombay et Hong Kong pourraient disparaître au moins partiellement sous les eaux, même avec une hausse des températures limitée à 2°C d’ici 2100. Cela concernerait 280 millions d’habitants. Si la hausse atteignait 4°C, 600 millions de personnes devraient fuir les côtes.
« A deux degrés, les dégâts seront déjà considérables ! »
« Il faut au contraire viser un objectif plus bas, de 1,5 °C. A deux degrés, les dégâts seront déjà considérables ! Pour cela, l’énergie est un sujet clé. Il faudrait laisser 80 % des réserves fossiles dans le sous-sol. C’est un fait certain ! Si on ne change pas de mode de développement, c’est fichu. Or changer est techniquement possible et économiquement viable. Il ne faut pas baisser la garde », avait mis en garde Jean Jouzel, le climatologue et glaciologue français, membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (Giec) de l’ONU, dans les colonnes de l’Usine Nouvelle à l’automne 2015.
Personne n’a oublié cette journée historique du 12 décembre 2015, quand Laurent Fabius, le Président de la COP21, François Hollande, le Président de la République, Christiana Figueres, la secrétaire exécutive de la Convention cadre des Nations-unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Ban Ki Moon, le secrétaire général de l’ONU, et Laurence Tubiana, la négociatrice pour la COP21, ont levé les bras à la tribune, après deux semaines de marathon au Bourget (Seine-Saint-Denis).
Jamais autant d’Etats ne s’étaient mis d’accord pour limiter le réchauffement climatique. Quelque 196 pays, l’Union européenne comprise, avaient décidé de s’accorder sur un texte qui s’engageait à limiter le réchauffement climatique à 2°C, voir 1,5°C si possible. Le texte a été ratifié le 4 novembre 2016, y compris par les Etats-Unis.
L’envers du décor, ce sont les contributions des Etats qui devront être mises en œuvre à partir de 2020. Elles ne suffiront pas à limiter la hausse des températures à moins de 2°C en 2100 par rapport au début de l’ère industrielle. Surtout que l’accord n’est pas contraignant.
Trump ressoude les autres Etats dans la lutte contre le réchauffement climatique
Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, il a déjà signé un décret pour annuler le Clean power plan de Barack Obama qui visait à réduire d’un tiers les émissions de CO2 des centrales électriques américaines. Non content de vouloir relancer l’exploitation du charbon, il compte bien favoriser la production de gaz de schiste.
En revenant sur l’Accord de Paris, Donald Trump renonce aux engagements des États-Unis de baisser à l’horizon 2025 leurs émissions de 26 à 28 % par rapport à 2005, un grand pas même s’il est jugé insuffisant par les spécialistes. Les Etats-Unis sont le deuxième contributeur d’émissions de gaz à effet de serre (GES) derrière la Chine (20 %) avec 18 % du total mondial selon le comptage de l’ONU.
Une telle décision ne signifie pas la fin de l’Accord de Paris. L’intransigeance du président Américain a plutôt tendance à souder les autres pays dans la lutte contre le réchauffement climatique. La Chine et l’Europe ne se sont jamais aussi bien entendu pour prendre le leadership de ce combat salutaire. La Chine a stoppé 90% de ses projets de centrales à charbon et l’Inde se lance à fond dans le solaire.
Les 196 pays signataires de l’Accord de Paris se sont réunis à Kigali (Rwanda) en fin d’année dernière pour bannir à terme l’utilisation des gaz HFC. Leur suppression permettra de gagner 0,5° C à la fin du siècle. Les grandes villes du monde se sont engagées dans un processus irréversible pour arriver à la neutralité carbone, c’est notamment le cas aux Etats-Unis de San Francisco. Des Etats comme la Californie, New York et Washington, ont déjà annoncé ne pas suivre Donald Trump. Et même des grands groupes industriels américains comme ExxonMobil ne veulent pas sortir de l’Accord de Paris.
Un rapport de l’OCDE rendu public le 23 mai met en avant les bienfaits pour l’économie mondiale dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il permettrait aux pays du G20 de gagner 2,8 % à 5 % de croissance de leur PIB d’ici à 2050…
Source : usinenouvelle.com