AEP : Madame la Ministre, quelle idée globale vous faites-vous de votre participation à ce congrès de la conservation ?
Aïda KEÏTA: Je vous remercie pour cette question, donc je suis Madame KEÏTA IDABO, ministre de l’environnement, de l’assainissement et du développement durable du Mali. Je suis là pour participer à ce congrès mondial et c’est vraiment une opportunité pour nous de pouvoir rencontrer d’autres partenaires. L’UICN est une ONG internationale qui est présente au Mali et dans beaucoup de pays africains et ce congrès est pour nous une opportunité d’échanger avec d’autres pays pour voir un peu en termes de conservation et développement ce qui est fait et ce qui reste à faire ? Il est vrai que les pays sont différents mais l’Afrique a besoin d’être très engagée par rapport à ce qui est de la conservation de la nature. Il y a le bassin du Congo avec beaucoup d’opportunités, beaucoup de forêts et de faune, et au Mali, nous avons aussi des forêts et des aires protégées, nous avons une faune qui est en danger et une flore également ; donc ce genre de fora nous permettent non seulement d’avoir une meilleure connaissance de ce qui se passe dans les autres pays, mais aussi de pouvoir agir et parler d’une voix commune.
Vous avez évoqué dans vos propos lors des échanges entre le groupe Afrique et la directrice de l’UICN, l’insécurité dont fait face le Mali et certains pays d’Afrique centrale, notamment avec Boko-haram. Quels sont selon vous les impacts identifiés au niveau du Mali dans le domaine de la conservation ?
Je vous donnerai un exemple aussi simple que celui des éléphants du Mali. Les éléphants qui se trouvent dans la zone nord, les éléphants du Guruma qui font un vas et viens entre le Mali et le Burkina-Faso, sont actuellement très menacés. Il y’a eu une perte énorme d’éléphants depuis l’année dernière à cause de la rébellion et donc vous imaginez un peu ce que c’est pour des pays comme nous, qui avons cette espèce endémique mais à cause de la guerre disons plutôt de l’insécurité permanente, nous sommes confrontés à des abatages clandestins de ces bêtes, ce qui nous cause beaucoup de préoccupations. Nous avons une coalition au niveau international qui est en place et au niveau national, nous sommes en train de prendre des mesures idoines pour aller vraiment vers une réelle protection de ces espèces.
Le grand débat actuellement c’est après l’accord de paris, on sait que l’Afrique de l’Ouest fait face à un problème de sécheresse. Quelles sont vos perspectives en termes d’initiatives sur les questions d’adaptation, l’approche de financement pour naturellement faire face de façon concrète à ce fléau ?
Vous savez la COP 22 est en train d’arriver et la COP 21 s’est passée heureusement, les pays du Nord et du Sud ont compris qu’ils devraient se donner la main pour avoir des meilleurs résultats. Mais pour des pays comme nous au Mali, vous savez on doit par exemple profiter de l’opportunité d’avoir ce beau soleil pour faire des promotions d’activités sur les énergies renouvelable. Nous avons des programmes qui sont en cours mais nous allons renter dans des programmes africains qui permettent vraiment de mobiliser les ressources qui ont été annoncées au cours de la COP 21 et de les mettre en œuvre dans un cadre non seulement national mais aussi régional et mondial. Il y’a beaucoup de programmes qui devront toucher l’adaptation et l’atténuation. Il y’a des efforts qui ont été faits depuis 2009 à travers certains programmes et fonds comme le fonds pour l’environnement mondial, le fond d’adaptation mais cela reste toujours insignifiant car les pays sont grands et les populations sont très concernées et sont très choquées ; il y’a le code choc de la pauvreté mais il y’a aussi le choc du climat, et nous devons vraiment mobiliser les ressources pour permettre d’atténuer tous ces résultats et tous ces chocs.
Concernant l’ambitieux programme du nouveau président de la Bank African and Development (BAD), « Nourrir l’Afrique », nous savons que les écosystèmes ont un rôle très important dans la production agricole, dans la productivité des sols etc, Comment situez-vous le Mali et les Etats Africains dans cette stratégie de la BAD tant pour l’Afrique de l’Ouest que pour le Bassin du Congo ?
Vous savez l’Afrique de l’Ouest comme le Bassin du Congo chacun a sa spécificité, mais je dirai qu’on ne peut pas aussi se développer sans avoir un programme de production agricole, qui est bien surveillé, assez maitrisé. Un pays a besoin de se développer, il a aussi besoin de son agriculture, mais elle doit se faire dans des contextes et des conditions idoines, c’est pour cela que les pays ont des stratégies en matière d’agriculture , de gestion durable de terre etc. et donc ce sont des programmes qui permettent aussi d’améliorer la productivité mais en tenant compte de certaines spécificités et de certaines techniques qui permettent aussi de mieux conserver les terres et les sols. L’agriculture extensive ne peut plus continuer à se développer, nous avons des moyens avec des mécanismes ou des méthodes de gestion des terres, d’amélioration qui nous permettent d’arriver à une agriculture qui est beaucoup plus stable, beaucoup plus fixe et donc qui évite même la déforestation.
Par Raoul SIEMENI