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Interview AEP

COP22 : Interview avec Monsieur Nicolat HULOT, militant écologiste

A.E.P : Nous sommes dans un pays ayant ratifié l’accord de Paris. Quelle est votre appréhension par rapport à ce qui pourrait arriver après cette ratification ?

Nicolas Hulot : C’est important que le processus juridique continue même si ce ne sont que des phases juridiques mais le fait que la mise en œuvre de l’accord, son opérationnalité commence plus vite que prévu, c’est plutôt que le signe qu’il y a une dynamique qui est partie, qui a d’ailleurs entrainé dans son sillage des acteurs qui n’étaient pas forcement convertis, donc il y a quelque chose d’irréversible. Ce qui est bien aussi à Marrakech c’est que malgré l’inquiétude légitime que les annonces de Donald TRUMP ont pu faire planer sur cette COP, l’enthousiasme, la volonté, l’exigence n’ont pas fléchi à   Marrakech.

Marrakech pour l’instant et on va attendre puisse que la COP ne fait que démarrer, doit être la COP de la mise en œuvre de l’action, de la cohérence, de l’exigence, de la réponse au souhait de l’Afrique, d’être aidée non seulement pour se développer mais d’être aidée à parité pour s’adapter au changement climatique et au moment où je vous parle, cela semble être la priorité et la thématique principale de la COP. Le fait que l’agroécologie et l’agriculture puissent être entendues et cela a été l’expression de plusieurs responsables politiques, comme un levier important pour aider l’Afrique à s’adapter et à se développer, donc on a franchi une étape supplémentaire, maintenant en attendant la fin de la COP ce qui est important aussi c’est de voir les autorités marocaines ayant pris le relais de la COP française et quelque part donc on fait une transcription fidèle de l’esprit de Paris.

 

 Vous avez fait de votre vie un combat, est ce que quand vous regardez vos enfants vous vous dites que cet accord qui a été signé pourrait avoir une garantie en termes de respect des engagements ?

Alors je vais inverser ma réponse, c’est que si l’accord n’avait pas été signé, je suis certain que nous allions vers une vraie tragédie. L’accord qui est signé nous permet de renouer avec l’espoir mais ne nous garantit pas encore l’espoir. D’ailleurs, si nous n’avions pas eu l’accord de Paris nous aurions perdu la bataille. Maintenant, nous avons encore les cartes en mains et tout dépend de notre capacité d’intelligence et de volonté collective et si nous sommes capables dans le monde de mutualiser nos moyens plutôt que de se replier sur soi-même, alors oui pour mes enfants, pour les vôtres et pour tous les enfants Marocains un avenir joyeux est possible.

Et pour en conclure avec l’Afrique, le problème de l’Afrique ce sont les financements, comment voyez-vous au juste l’accompagnement en termes d’adaptation ?

Justement les questions de financements demeurent un des enjeux de la COP 22 et pour l’instant comme la COP n’est pas encore achevée, on a pas encore les précisions mais un des enjeux de cette COP c’est la transparence sur les financements. Il  faut que les pays qui se sont  engagés à financer précisent  dans les détails, les modalités de ces financements, les mécanismes pour y accéder, précisent aussi bien si c’est l’argent additionnel et non pas de l’argent qui a été déplacé, la part de don, la part de prêt et précisent la part qui est pour l’adaptation et la part pour l’atténuation et il  faut être très précis  vis-à-vis des Africains en écoutant bien et en répondant à leur souhait que l’adaptation et l’atténuation soient prises à parité, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui.

Raoul SIEMENI

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