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Santé

Crise du Covid-19 en Afrique : des bons et des mauvais élèves

Comparée à la Chine, à l’Europe ou à l’Amérique du nord, l’Afrique a été relativement peu touchée. Toutefois, le virus y a tout de même circulé et provoqué des milliers de victimes. Une crise dont la gestion a connu des succès très différents en fonction des pays, notamment au regard du bilan élaboré par le site internet Cabri[1].

Même si la pandémie y est d’une ampleur moindre, elle bouscule des États africains aux économies déjà particulièrement fragiles. Globalement, on observe des écarts importants dans les budgets réunis et les aides accordées par les institutions internationales (FMI, Banque Mondiale, Banque Africaine de Développement, UE etc.) : autour d’un demi-milliard USD notamment au Sénégal ou à Madagascar, plus d’un milliard et demi en Ethiopie et plus de $5 milliards pour l’Afrique du Sud[2]. En revanche, les stratégies sanitaires mises en place ont été bien différentes avec des degrés d’organisation divers.

Les grandes économies particulièrement touchées

L’Ethiopie et l’Afrique du sud sont les deux pays les plus touchés du continent avec respectivement près de 1 500 et 30 000 morts et près de 90 000 et 723 682 contaminés avérés. L’Afrique du Sud, pays le plus riche du continent, avait pourtant confiné très tôt et de manière stricte, ses populations. L’effet sur son économie dynamique, et sur ses populations les plus fragiles, fût rapidement délétère, la poussant à sortir du confinement de manière prématurée[3]. Si en Juin le pays comptait dans les 800 morts, chiffre faible compte tenu de sa population de près de 60 millions d’habitants, le bilan est aujourd’hui toujours en hausse et avoisine les 20 000 victimes. Une situation critique mettant le pays dans une situation inconfortable, obligé de choisir entre un écrasement économique ou une tragédie sanitaire (notamment dans les bidonvilles des grandes agglomérations). En revanche, le pays dispose du plus grand nombre de tests par millions d’habitants offrant une palette de réponses plus ciblées à la crise.

L’Ethiopie, qui a bénéficié d’aides relativement modérées, même si conséquentes compte tenu d’une population de 110 millions d’habitants, a fait très tôt le choix de repousser le confinement facilitant la propagation dans sa population. Ce choix, combiné avec une stratégie sanitaire peu volontaire jusqu’à la fin de l’été 2020, lui conférant la seconde place du continent africain. Alors même que le pays n’a pas encore connu de seconde vague. Le résultat est cependant assez faible proportionnellement à sa population et la seconde vague semble anticipée de manière plus affirmée avec notamment l’ouverture, le mois dernier, d’une usine de tests et une hausse de 46% du budget[4] de la santé : une des hausses nationales les plus considérables du continent.

Des pays plus vulnérables mais plus résilients : le cas représentatif de Madagascar

Le Sénégal fait partie des pays ayant le mieux géré la crise[5] avec des mesures préventives (couvre-feu, confinement, fermeture des écoles, contrôle des températures dans les commerces, port du masque…) mis en place dans les premiers jours de l’épidémie. Le pays a en outre fait monter rapidement en puissance son arsenal sanitaire (tests, places en réanimations, respirateurs…) et employé des outils numériques[6] (robot docteur, application, communication…) . Aujourd’hui l’épidémie semble relativement maitrisée avec 15 000 cas positifs et environ 320 morts. Le pays est en mesure de faire face avec confiance à une seconde vague même si la part de sa population la plus fragile est particulièrement vulnérable aux mesures de confinement (fin de l’économie informelle, problème de ravitaillement…).

Le Sénégal demeure en revanche une économie relativement solide et le pays se classe habituellement dans les pays les plus stables du continent. Un état de fait qui a facilité sa réponse à la crise. Pourtant le pays, avec ses 16 millions d’habitants, semble avoir proportionnellement moins bien géré que Madagascar ; l’une des économies les plus vulnérables d’Afrique. Avec un peu plus de 16 000 cas et 226 morts pour une population de 26 millions d’habitants, les malgaches bénéficient donc d’un bilan encore plus positif[7]. Le pays a en effet preuve d’un fort volontarisme en mettant en place rapidement des mesures de distanciation sociale et de confinement, n’hésitant pas à reconfiner des régions ou des agglomérations entières au moindre signe de reprise. Parallèlement le gouvernement a facilité l’installation de laboratoires, de centres de tests et de prises en charges, d’une usine de médicaments etc. Le tout en bénéficiant d’aides internationales en nature (blouses, masques, respirateurs…). L’habileté Malagasy semble notamment avoir résidée dans la conjonction entre son plan de relance sanitaire général[8] (prévu avant la crise) et la réponse à l’épidémie[9]. Une réponse considérée comme bien organisée et dont la transparence avait d’ailleurs convaincu le FMI d’accorder au gouvernement Malagasy un décaissement supplémentaire de $171 millions à la fin juillet, chose rare dans une même année.

Albert Savana

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