L’ONG Environmental Investigation Agency (EIA) dont les bureaux sont basés à Londres (Grande Bretagne) et Washington (USA) a dévoilé son rapport le 26 mars 2019. Intitulé «Commerce toxique : crimes forestiers au Gabon et dans la République du Congo et contamination du marché américain.»
Le document soutient la « corruption à haut niveau est systémique et étroitement liée au fonctionnement interne de l’exploitation forestière industrielle au Gabon et en République du Congo». De son côté, la République du Congo a été est surprise d’être épinglée par cette dans ce rapport qu’elle juge partial, unilatéral, mais sulfureux ventilé sur les réseaux sociaux. Dans cette enquête à charge, l’ONG britannique installée à Washington et à Londres accuse le Congo et ses responsables de « criminalité forestière qui contamine le marché des Etats unis d’Amérique ».
Elle reproche la forte présence des industriels chinois, détenteurs selon elle de faux permis et qui surexploiteraient les forêts du bassin du Congo.
La période identifiée par cette ONG s’étend entre 2013-2016. Le groupe industriel ciblé, les personnalités incriminées, les infractions dénoncées, amènent à se demander pour qui travaille l’EIA. De même, le flou qui entoure les circonstances de l’enquête et du rapport, le silence du ministre de l’économie forestière, alors que son celui du Gabon a immédiatement réagi, les insinuations sur les marchés européen et américain invitent à s’interroger qui veut-on noircir. Le mépris du leadership congolais et l’estime des partenaires et des organisations internationales spécialisées, les avancées légales et règlementaires renforcent les doutes.
Le Bassin du Congo abrite la deuxième plus grande forêt tropicale du monde. Il s’étend sur une superficie équivalente à la moitié de la zone continentale des États-Unis d’Amérique. Par la richesse de sa biodiversité, ce poumon écologique mondial motive les convoitises les plus machiavéliques. L’enquête de l’Environmental Investigation Agency dans l’exploitation forestière en Républiques du Gabon et du Congo, qui avalent 60% de ses étendues consacrées à l’exploitation forestière intègre forcément ce registre.
L’EIA s’est versé dans le sensationnel et non à la recherche de la vérité
L’ONG qui n’ont aucune base informative, s’appuyant sur des suppositions sans avoir confronté les deux sources dans son enquête, celle du gouvernement et des entreprises citées, juste pour un seul but de ternir l’image du Congo et de ses autorités.
Le rapport prétend que l’un des groupes forestiers les plus influents d’Afrique comprend des compagnies du groupe chinois Dejia, créé par Xu Gong De. Son activité serait « une pléthore de crimes ». EIA, rapporte que Dejia viole délibérément les lois forestières les plus fondamentales. Il marcherait sur les lois régulant l’export de grumes et détournerait des millions de dollars dus au titre de l’impôt sur les sociétés. EIA énonce que les dirigeants de Dejia, représenté au Congo par la Société Congo Forêt (SICOFOR) auraient expliqué leur mode opératoire aux enquêteurs. Ils verseraient régulièrement des pots-de-vin au ministre de l’économie forestière de l’époque, Henri Djombo, pour obtenir la gestion de concessions et échapper à la répression de leurs crimes.
L’ONG EIA insiste que cette stratégie est commune à toutes les sociétés forestières chinoises. « Les failles structurelles identifiées dans ce travail de recherche inédit s’appliquent au secteur forestier, dans son ensemble, de ces deux importants pays producteurs de bois tropicaux », lit-on. EIA ressort que le bois de source illégale de Dejia contamine les marchés de l’Union européenne et des États-Unis d’Amérique, en violation des lois interdisant l’importation de bois illégal. Aux États-Unis, allègue l’EIA la complicité du principal importateur et la négligence délibérée d’un fabricant réputé seraient des éléments essentiels de la chaîne d’approvisionnement délétère. EIA prétend que « les consommateurs américains ont, depuis plus de dix ans, sans le savoir soutenu l’un des réseaux sino-africains de criminalité forestière les plus importants du continent ». Dejia détiendrait 1,5 million d’hectares de forêts tropicales au Gabon et au Congo.
Le rapport conclut : « Les crimes forestiers couverts par la corruption à haut niveau sont systémiques et étroitement liés au fonctionnement interne de l’exploitation forestière industrielle au Gabon et en République du Congo ». Il argue que « les responsables de Dejia ont répété à plusieurs reprises aux enquêteurs de l’EIA que ces crimes étaient impunis en raison des pots-de-vin qu’ils versent régulièrement à plusieurs niveaux de fonctionnaires et de décideurs, y compris des ministres ».
La contre-vérité de l’enquête
Pourtant l’EIA aurait gagné en notoriété si ses enquêteurs avaient interrogé les personnalités incriminées. Pourtant l’enquête réalisée récemment par la présidence de la République avait ressorti les faiblesses dans ce secteur. Or, à cette époque, la plupart des excès décriés n’existaient pas. Les responsables de sociétés incriminées ne reconnaissent pas les informations qui leurs sont attribuées. Elles s’étonnent du rapport et disent que cette enquête n’a pas été réalisée au Congo. Au centre du dispositif forestier à l’époque présumée de l’enquête, un inspecteur du ministère admis à la retraite se dit effaré. Ils affirment la certification des produits ligneux est obligatoire au Congo depuis des décennies. Le Forest Stewarship Council (FSC), des agences spécialisées et l’Inspection général d’Etat sont favorables au renforcement de l’arsenal juridique, institutionnel et de contrôle, mais ils disent que l’EIA a exagéré.
En effet, de 1998 à 2016, les concessions forestières ont été accordées conformément sur la procédure prévue par l’article 73 de la loi forestière. Les archives disponibles à la direction générale de l’économie forestière et le procès-verbal de la commission du 8 mars 2016 retracent les motifs qui ont présidé au choix de SICOFOR face à la société iranienne CFF. Paradoxalement cela n’est pas mentionné par EIA qui semble frustrée par la percée chinoise en dans le bassin du Congo.
Plus grave, l’Observatoire Indépendant avait recommandé l’annulation de l’attribution de l’UFE de Lebama à SICOFOR, ainsi que d’autres décisions de la Commissions. Or, c’est l’Union européenne après l’analyse de la conformité du dossier et des procédures d’attribution, qui avait rejeté l’avis de l’Observatoire Indépendant sur lequel se base malheureusement l’EIA.
La vérité occultée
L’enquête de l’EIA a exploité uniquement des documents intentionnellement sélectionnés et n’a considéré que les déclarations anonymes. Elle s’est appuyée sur des insinuations dangereuses. L’entourage de l’ex-ministre de l’économie forestière Henri Djombo, nommément cité confirme qu’il n’a jamais été contacté par les enquêteurs d’EIA. Accusé dans ce rapport d’avoir « perçu des pots-de-vin distribués dans des mallettes de 100 millions de francs CFA », Henri Djombo aurait été une personne ressource si l’enquête d’EIA était objective. A la présidence de la République où le récent rapport de l’Inspection générale d’Etat aurait enrichi l’investigation de l’ONG britannique, Denis Sassou N’Guesso et ses collaborateurs sont surpris.
L’ONG britannique prétend que les sociétés chinoises ne respectent pas le taux 85/15 qui oblige la transformation sur place du bois. Elle aurait compris que les dérogations consenties aux sociétés forestières pour compenser les pertes qu’elles ont subies du fait du rendement en deçà des attentes des compagnies de transformations fonctionnelles au Congo. Car ces bénéficies sont quadruplés ou quintuplés en Asie.
Une enquête sans à priori aurait permis à EIA de comprendre que pour réduire l’exportation du bois exploité par les compagnies asiatiques notamment dans la partie méridionale, la loi des finances a institué la taxation au plus fort, des quotas de grumes, en attendant l’installation des technologies avancées de transformation, la formation du personnel à leur utilisation.
Au-delà de Dejia, l’enquête d’EIA discrédite les sociétés forestières asiatiques. La lecture de son contenu, l’analyse de la période de sa publication, de l’époque ciblée 2013-2016, la conjoncture politique, économique et sociale du Congo renforcent les doutent sur la raison d’être de cette enquête. Au point il parait logique de se demander qui voudrait-on noyer.
L’ONG veut noyer qui ?
Quel est le but visé par cette enquête qui s’incruste dans le passé, pendant que le gendarme de la bonne gouvernance, l’Inspection générale d’Etat a rendu un verdict actuel et émis des recommandations correctrice des failles constatées. De même, nul ne sait qui l’a demandée et à quelle fin. Car, il transparait clairement qu’hormis les capitaux chinois, le Congo et ses autorités sont visées, il y a que de nombreux intérêts capitalistes sont en jeu dans les richissimes forêts du bassin du Congo. En réalité, sans méconnaitre l’existence des faiblesses dans la gestion, le contrôle et la préservation de ce poumon écologique stratégique, c’est plutôt la bataille pour le contrôle de l’or vert qui se joue. En effet, EIA qui accable les forestiers asiatiques, ne mentionne aucunes avancées sur le terrain. C’est une guéguerre classique à laquelle sont habitués les Etats africains qui diversifient leurs partenaires économiques.
Quoique mondialement reconnu, le leadership du Congo en matière de préservation et de protection de l’environnement, qui lui a valu la confiance continentale en tant que porte-parole de l’Afrique au sommet RIO+20 en 2012, les initiatives et les actions en faveur de la protection et de la préservation des forêts et des écosystèmes du bassin du Congo ont été sciemment ignorés.
EIA ne fait pas état des 3 millions d’hectares de forêts congolaises certifiées par le Forest Stewarship Council (FSC), ainsi que de la généralisation de l’aménagement forestier. Aussi bizarre, le Congo s’accommode aux mensonges de ce rapport qui été immédiatement rejeté par Gabon. L’indifférence face aux accusations gravissimes et l’omerta consécutive cacherait-elle l’existence d’un plan concerté ou d’une complicité interne.
Car l’EIA ne pouvait tout ignorer de la généralisation de l’aménagement et de la certification des forêts congolaise, de l’interdiction de l’exportation des grumes à un pourcentage donné, de l’activisme du Congo dans la conservation de la biodiversité et la préservation des essences menacées d’extinction, la transformation locale du bois, le respect strict de la traçabilité, l’estime et le soutien des partenariats bilatéraux, multilatéraux et des ONG défenseurs de l’environnement. Bref, cette enquête n’aura été qu’un ramassis d’allégations fantaisistes aux fins inavouées, mais vraisemblablement pour asphyxier et clouer un pays qui tente de relever de crise du pétrole. Elle aurait bénéficié d’une complicité interne parmi des personnalités haut placées apeurées par les changements en perspectives dans les hautes sphères républicaines.
Rwahne Darwin