Une étude récente démontre que les capacités d’absorption de CO2 des forêts tropicales sont en chute libre. L’Amazonie, notamment, devrait émettre plus de CO2 qu’elle n’en capte dès 2035. Cette étude a de quoi remettre en cause les modèles de transition énergétique en cours.
La nouvelle est tout sauf bonne. Les forêt tropicales risquent de prochainement émettre plus de CO2 qu’elles n’en captent. L’image de « poumon de la Terre » qu’a l’Amazonie ou d’autres forêt tropicale est usurpée, car, si elles représentent bien la moitié des capacités d’absorption du CO2 mondiales, elles représentent des émissions de CO2 pratiquement équivalentes.
Dès 2035, l’Amazonie devrait émettre plus de carbone qu’elle n’en capte !
Reste que leurs bilans carbone net demeure positif, dans le sens où les forêts tropicales continuent de capter plus de CO2 qu’elles n’en émettent. Mais la donne est en train de changer, à cause de la mortalité accéléré des arbres, due notamment aux incendies, à la déforestation ou aux sécheresses. Pour analyser ce phénomène, une douzaine de chercheurs a suivi la croissance et la mortalité des arbres sur une durée de cinquante ans, dans les forêts tropicales africaines et amazoniennes.
En extrapolant ces résultats sur les 20 prochaines années, l’étude, publiée dans Nature, arrive à l’inquiétante conclusion que la capacité de la forêt tropicale africaine à absorber le CO2 va diminuer de 14% d’ici à 2030 et, pire, que celle de l’Amazonie sera réduite à néant avant 2035.
« En avance de dizaines d’années sur les prédictions les plus pessimistes »
“Cette baisse est en avance de dizaines d’années sur les prédictions les plus pessimistes. La mortalité est une étape naturelle du cycle de la vie des arbres de forêt. Mais en injectant autant de CO2 dans l’air, nous avons accéléré ce cycle”, détaille Wannes Hubau, un expert des écosystèmes forestiers au Musée royal de l’Afrique centrale, à Bruxelles.
Pire : cette étude tend à prouver que les modèles climatiques et les stratégies de compensation des émissions, sur lesquels s’appuient les politiques de transition énergétique, devraient être revus. En clair : pour éviter la catastrophe, il faudra sans doute en faire encore plus que les objectifs actuels (qui ne sont pour l’heure même pas en passe d’être atteints…).
“En même temps qu’une protection accrue de la forêt tropicale, une réduction encore plus rapide que prévue des émissions humaines de gaz à effet de serre sera nécessaire pour éviter un changement climatique catastrophique”, attaque Wannes Hubau dans la présentation de l’étude.