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Interview AEP

Madame Fatima Jardim, Ministre de l’environnement de l’Angola

 

La COP 21 a réuni 195 pays du monde et parmi eux, on aura noté une forte participation des délégations africaines à ce rendez-vous. Parmi ces pays africains, on compte l’Angola qui de part la présence d’un pavillon imposant a grandement contribué à faire entendre la position du continent africain. Afrique environnement Plus a rencontré pour vous MADAME Fatima JARDIM, Ministre de l’Environnement de l’Angola qui nous donne la vision de son pays en mage de cette conférence.

 

AEP : L’Angola prend part à la 21e conférence des Parties qui se tient ici à Paris. Quel  est votre sentiment sur l’aboutissement de cette COP21 ?

Fatima JARDIM : Bien évidemment, la COP21 est une rencontre globale qui voudrait réunir tous les efforts de l’humanité pour sauver la planète au profit des générations futures, tout ceci avec la responsabilité des pays développés et des pays les moins développés, car nous avons la responsabilité commune d’assurer la survie de l’homme et de la  planète. Je salue ici les efforts qui ont concouru  à l’aboutissement de cet accord historique pour le monde et en particulier pour les Etats africains auxquels l’Angola a joint de façon significative à la prise en compte des positions défendues par notre continent. Malgré cette victoire, il est à noter que beaucoup reste à faire dans la mise en œuvre des décisions issues de cet accord de Paris.

Quelles sont les activités que l’Angola a menées au cours de cette COP et  qu’avez-vous proposé en termes d’idées au groupe Afrique pour contribuer à l’aboutissement de cet accord et lutter contre  le réchauffement climatique ?

Comme vous le savez l’Angola a participé non seulement au niveau technique mais aussi au haut niveau de cette COP. D’ailleurs notre Vice-président de la République d’Angola, Manuel Domingos Vicente était là au début de cette conférence et il a pris  la parole au nom du peuple Angolais afin de livrer la vision de l’Angola dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. L’Angola a ensuite participé aux travaux de négociations du groupe Afrique tout en notant que  nous assurons la  présidence du groupe des Pays les Moins Avancés qui représente 48 pays.  En Afrique nous n’émettons presque pas  d’émissions de Gaz à Effet de Serre, mais nous rencontrons beaucoup de problèmes liés au changement climatique, qui nous rendent  très vulnérables.  Nous  avons besoin de grandir, d’être heureux avec  tout ce que nos peuples ont subi pour les indépendances, maintenant il s’agit de trouver des financements pour nos projets de développement. Chacun de nos pays africains a des projets de développement et voudrait améliorer les conditions de vie de ses populations.   Nous avons beaucoup de ressources naturelles qui ne sont pas encore exploitées, si on peut parvenir à une coopération plus transparente avec les pays développés afin que  les financements promis dans le  cadre de cet accord puissent contribuer au développement de nos Etats et  nous invitons les parties de  la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique à œuvrer pour le respect de leurs  engagements. On devrait obtenir  des compromis de réduction des émissions de GES, et nous avons aussi la responsabilité d’obtenir des modèles de développement avec  des  baisses d’émissions. C’est une économie que tout le monde devrait accepter comme une économie de préservation planétaire et aussi qui peut assurer le bien-être et  la vie de la planète, non seulement la vie des êtres humains mais aussi la vie des plantes, des animaux, tout cela mérite d’être préservé pour les générations futures.

Vous avez réuni vos pays frères d’Afrique centrale (le Gabon, le Congo, la RDC) sur l’initiative  du Mayombe. Que peut-on  retenir de ces échanges ?

L’Afrique a beaucoup d’initiatives, non seulement nationales mais aussi transfrontalières. Le Congo, la RDC, le Gabon et l’Angola ont l’initiative de préservation des forêts tropicales car elles participent aussi dans les questions de rémission des gaz à effet de serre. Nous pouvons profiter pour citer les mécanismes REDD avec les fonds que la convention cadre peut y apporter, l’adaptation aussi pour les forêts tropicales, les conditions de pauvreté des communautés locales et autochtones que  nous devons améliorer. Alors, nous invitons les investisseurs locaux et internationaux à s’intéresser à cette initiative du Mayombe des forêts tropicales qui peut être un outil de lutte contre le changement climatique dans cet espace d’Afrique centrale, en aidant dans la réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre. D’un autre côté, la forêt tropicale du Mayombe est l’une des plus préservée au monde. Cette forêt tropicale a aussi besoin d’un appui au même titre que les autres. Je profite de cette occasion pour remercier mes collègues pour tous les efforts qui ont été faits jusqu’à présent afin que cette initiative soit annoncée au monde entier.

Plusieurs pays connaissent les effets du changement climatique et les combattent. Que pouvez-vous nous dire pour le cas de l’Angola ?

L’Angola a rempli ses obligations auprès de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, nous avons un plan d’adaptation avec beaucoup de projets, nous avons  aussi rendu notre Contribution Prévue Déterminée au Niveau National. Avec cette CPDN, l’Angola peut garantir qu’il va ajouter tous les efforts pour l’économie de réduction des gaz à effet de serre. Le secteur principal est le secteur énergétique et nous faisons tous les efforts pour que l’administration économique puisse ajouter l’énergie comme étant un secteur qui peut contribuer à la réduction des émissions. La politique énergétique de l’Angola repose majoritairement sur l’hydroélectricité qui est notre première source de fourniture  à travers la construction des barrages. Nos besoins sont immenses alors,  nous combinons toutes les sources d’énergie pour notre développement, mais la majorité c’est l’énergie renouvelable. Nous voudrions que cette question d’initiative africaine pour l’énergie soit reconnue. L’Angola a l’énergie avec la biomasse, l’énergie du gaz, nous avons le plus important projet de gaz qui n’a pas encore démarré jusqu’à nos jours. Un autre secteur qui peut jouer un rôle important c’est l’économie verte ; l’agriculture est très importante pour nous et nous commençons à augmenter la productivité et la contribution de l’agriculture pour la sécurité alimentaire. Au sein de l’agriculture, il y a de grands projets, mais nous avons-nous sommes également un pays pauvre  et l’Angola a fait des efforts pour réduire de moitié la pauvreté. Nous espérons qu’avec l’agriculture, nous pourrions tenir un commerce juste qui pourrait nous amener  à vendre certains de nos produits agricoles comme la banane et autres  à des pays comme la France, c’est là un des défis de l’économie verte. Nous avons aussi le secteur de la pêche qui est très importante pour nos populations et qui constitue aussi une source d’emplois. Tout cela relève des objectifs du développement durable,  car les ODD ont besoin d’une  économie stable comme en Angola.

 

Vous parlez  des ODD comme indice de développement économique, comment pensez-vous qu’ils contribuent dans l’essor de développement de votre pays ?

Nous  pensons que  les efforts que nous avons fait surtout au niveau social car  il faut préciser le secteur social représente 42% dans le budget d’Etat de cette année. Il s’agit des secteurs telle que  l’éducation, la santé qui constituent le miracle opéré par l’Angola après la paix et la sécurité. Nous sommes contents car malgré les problèmes avec la chute du prix du pétrole, nous commençons à faire la transition pour une économie de  basse émission, mais malgré cette crise, notre pays continue sa croissance. Au niveau de l’environnement, nous avons des projets de préservation de la biodiversité, des parcs nationaux,  d’écotourisme et  nous commençons un programme pour l’eau et l’assainissement, tout cela permettra d’assurer une vie meilleure pour les générations futures. Nous sommes heureux parce que nous fêtons nos  40 ans d’indépendance et , c’est une jeune génération qui a fait grandir ce pays et c’est dans cet élan que nous devons continuer à travailler afin de faire de l’Angola un pays leader en africain. La solidarité africaine a fait finaliser les conflits au sein de notre pays, nous sommes maintenant en paix et ces 40 années d’indépendance  représentent l’unité nationale, la réconciliation, le développement mais aussi la liberté.

Raoul SIEMENI

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