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Interview AEP

Monsieur GABRIEL TCHANGO Ministre Des Eaux et Forets du Gabon

 

« La gestion durable des forêts et des ressources qu’elles renferment repose avant tout sur les textes qui régissent ces secteurs » c’est ainsi que son excellence GABRIEL TCHANGO Ministre Des Eaux et Forets du Gabon a tenu à introduire ses propos à la suite de l’entretien accordé au magazine Afrique Environnement Plus, question de souligner la responsabilité qui lui incombe de poursuivre la mise en œuvre du plan de développement « Gabon Vert »   chèrement conduit par son excellence Ali Bongo, Président de la République du Gabon.

 

A.E.P.  Monsieur le Ministre, le Gabon jouit d’une très bonne réputation en matière de gestion des forêts et des ressources forestières, quels sont les axes de votre politique ?

 

GABRIEL TCHANGO : La gestion durable des forêts et des ressources qu’elles renferment repose avant tout sur les textes qui régissent ces secteurs. Mais il n’y a pas que des textes, il faut à côté des textes, des femmes et des hommes dévoués à cette gestion pour faire appliquer, non seulement la réglementation, mais aussi les techniques concourant à une gestion optimisée des ressources de nos forêts. Revenant aux textes, le Gabon dispose de plusieurs institutions et instruments juridiques qui encadrent la gestion des ressources et la protection de l’environnement. C’est ainsi qu’au niveau national, le Gabon dispose :

– D’un Conseil Climat et d’un Plan climat qui ont pour but de s’assurer d’une réelle maîtrise des GES et d’assurer l’adaptation du pays aux changements climatiques.

– D’une Stratégie Nationale de Développement Durable axée sur :

  • la promotion de la bonne gouvernance ;
  • le développement et la prospérité économique ;
  • l’amélioration et la généralisation du bien-être social et ;
  • la protection de l’environnement.

De la Loi 16/01 portant Code forestier adopté en 2001 articulé autour de 4 axes stratégiques :

  • l’aménagement durable des ressources forestières ;
  • l’industrialisation de la filière bois ;
  • la conservation de la biodiversité à travers ;
  • l’implication des populations à la gestion desdites ressources.

A ce jour, plus de 40 textes réglementaires ont été pris pour rendre plus opérationnel cette loi.

 

Le Gabon a interdit depuis 2009, l’importation des bois en grumes, quel bilan faites-vous de cette décision sur l’économie nationale ?

 

La mesure interdisant l’exportation des grumes s’inscrit dans la vision du développement économique et social du Gabon déclinée par le Président de la République, Chef de l’Etat. Dans sa vision, la valorisation des richesses forestières, notamment le bois est au cœur de cette politique devant conduire le Gabon vers le concert des nations émergentes. Or, comment pourrait-on favoriser l’éclosion d’une industrie forestière si l’on continue à prélever la matière première pour la transformation dans d’autres cieux ?

 

Vous me demandez le bilan qu’on peut faire à la suite de cette mesure. Il faut déjà comprendre que le Gabon est passé d’une situation de pays exportateur strict de grumes à un pays exportateur de produits transformés même si la majorité de ces produits sont issus de la première transformation.

 

Par ailleurs si on se réfère aux statistiques, on voit bien qu’avant cette mesure, c’est-à-dire en 2009 plus précisément, le Gabon comptait 82 usines de transformation. En 2013, nous en sommes à 130 usines avec de plus en plus une amorce de la troisième transformation. L’implantation de ces usines à son corollaire qui est la hausse des volumes des produits transformés qui sont passés de 463 m3 en 2009 à plus de 900 000 m3 de bois transformés. Entre autres avantages de cette mesure, on peut citer la création d’emplois et par conséquent, la lutte contre la pauvreté et la sédentarisation des forces vives du pays que sont les jeunes et le développement de l’arrière-pays, car l’activité forestière est fournisseur des services sociaux dans des zones peu couvertes (scolarité, santé, etc.) tout en contribuant à de l’aménagement du territoire (voies de communication, électrification de zones non couvertes, zonage par vocation des territoires etc.)

 

 

L’actualité en matière de conservation en Afrique centrale est dominée par les questions de braconnage, notamment celui des éléphants. Comment vivez-vous cette menace ici au Gabon ?

 

Vous abordez là une question fondamentale, car il en va de la survie de certaines de nos espèces animales. En effet, depuis bientôt une dizaine d’années, nous constatons une recrudescence en matière de braconnage. Il s’agit ici d’un type nouveau de braconnage, car les braconniers ne tuent pas pour des raisons alimentaires, mais plutôt pour des raisons financières, d’où leur acharnement sur des espèces emblématique comme l’éléphant et les félins susceptibles de leur procurer des revenus importants à court terme.

 

Le Gabon n’est pas épargné par ce fléau et le Gouvernement a pris le problème à bras le corps. Pour ce faire : il a été procédé au renforcement des effectifs des éco-gardes au niveau de l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) et l’implication des autres administrations, particulièrement, le Ministère de la Défense et celui de la Justice dans la lutte anti braconnage. Il s’agit à court terme de sensibiliser le public, de renforcer le cadre répressif, et de renforcer la présence des agents dans les zones cibles (parcs nationaux de Minkébé, de Wonga-Wongué, de l’Ivindo…). Les efforts en matière de conservation de la biodiversité et de la faune sauvage vont se poursuivre, avec pour objectif de disposer de plus de 4 millions d’hectares en aires protégées.

 

Par ailleurs, la 4ème édition des journées des Aires protégées d’Afrique centrale qui vient de se tenir,   à Libreville au Gabon et dont j’ai patronné les travaux a , a permis  de présenter les initiatives entreprises par les organisations sous régionales, à savoir la COMIFAC et la CEEAC ; Echanger sur les expériences y relatives dans la sous-région, notamment dans les aires protégées ; Mettre en évidence le métier d’écogarde en ce qui concerne le statut, les missions, les risques et la valorisation ; discuter des questions de gouvernance en rapport avec l’implication des populations locales et le monitoring des patrouilles et enfin, Présenter les outils de suivi et d’application des lois. Les efforts en matière de conservation de la biodiversité et de la faune sauvage vont se poursuivre, avec pour objectif de disposer de plus de 4 millions d’hectares en aires protégées.

 

Quel regard portez-vous sur les Institutions sous-régionales chargées de l’harmonisation des questions de gouvernance forestière et environnementale en Afrique centrale ?

 

Je crois que vous faites allusion à la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) et ses organes affiliées ou de la CEEAC, si je ne m’abuse. Ces institutions ont vu le jour à la suite des constats. En ce qui concerne la gestion forestière, les Chef de l’Etat de l’Afrique Centrale, conscient de l’importance que revêt les forêts dans l’économie de leur pays respectifs et des biens et services que procurent ces forêts aux populations locales et même à la planète entière au regard des enjeux environnementaux, ont décidé de mettre en place en 1999 une structure dénommée COMIFAC pour une gestion durable et concertée des ressources forestière. D’autres institutions telles que le RAPAC, l’OCFSA ont été créée dans la même optique, celle de gérer les ressources fauniques de la sous-région de manière concertée. En dépit des difficultés financières auxquelles sont confrontés ces institutions, il n’en demeure pas moins que les responsables chargés de d’animer lesdites structures accomplissent avec dévouement leurs tâches. Ce qui se traduit par l’intégration au niveau de chaque pays des préoccupations en matière de gestion durables des ressources forestières et environnementale dans les politiques nationales sectorielles.

 

 

La gestion et l’approvisionnement des populations en eau demeurent une véritable difficulté pour les Gouvernements d’Afrique Centrale, comment surmontez-vous ce défi ?

 

La gestion de l’eau n’est pas du domaine de mes compétences. Mais par solidarité gouvernementale et en tant que membre du Gouvernement, je me permets de vous donner quelques éléments de réponse étant entendu que mon collègue en charge des ressources hydrauliques est mieux placé pour vous en dire plus. En effet, il y a beaucoup d’eau au Gabon. Il pleut 9 mois sur 12 et en plus le réseau hydrographique est très dense. Cependant, au regard de l’accroissement de la population et des pollutions de toute sorte que cela génère, la disponibilité en eau potable n’est pas forcément garantie.

Pour faire face à ce défi, le Gouvernement, sous l’impulsion du Président de la république, Chef de l’Etat s’est engagé dans un vaste programme de construction des réservoirs et d’adduction d’eau dans les localités où ce problème se pose avec beaucoup d’acuité. A côté de ce volet, il y a aussi le programme d’installation des pompes hydrauliques en milieu rural pour l’approvisionnement des populations confrontées à l’absence d’eau potable. Cela ne veut pas dire que tout un chacun a accès à l’eau potable, mais des efforts sont déployés dans ce sens et le Gabon figure parmi les premiers pays en Afrique Centrale où le taux de la population ayant accès à une eau potable est élevé.

 

Propos recueillis par Antoine SIEMENI

 

 

 

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