Afrique environnement plus : Après avoir pris part à la 18ème conférence des parties de la convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique, quelle lecture faites-vous de ces assises ?
J-M NIBIRANTIJE: Le constat fait, le monde est menacé par les effets néfastes dus au changement climatique. Cependant, suite à la demande incessante des pays en voie de développement, les pays riches, les pays industrialisés ne veulent pas répondre aux engagements demandés par les pays en développement. Ceci démontre qu’il y a une prise de conscience, mais le problème c’est le manque de cet engagement pour financer les pays pauvres pour qu’ils puissent, non seulement s’adapter, mais aussi passer aux mesures d’atténuation pour diminuer les effets néfastes du changement climatique. Nous avons aussi constaté qu’il y a un sérieux problème de manque de capacité technologique, le transfert de technologie n’est pas vraiment disponible dans les pays les moins avancés. Aussi, dans le domaine financier, il y a certes des engagements, l’Union Européenne qui promet de s’engager pour la deuxième période de Kyoto, ce qui montre quand même qu’il y a des pays qui comprennent l’importance de continuer à lutter contre ce fléau du changement climatique.
Afrique environnement plus : Le Burundi a pris part à ces assises et vous avez délivré un message sur l’état de votre pays en matière de changement climatique. Quel était la quintessence de ce message ?
J-M NIBIRANTIJE: Nous avons présenté comme la plus part des pays représentés à cette conférence sur le climat, l’engagement de notre pays dans la lutter contre ce fléau. Il faut noter que le Burundi fait face, aussi, aux effets néfastes du changement climatique depuis ces dernières années, et nous avons de fortes pluies qui s’abattent dans certaines régions du pays qui causent des inondations, des destructions des maisons dues à ces eaux qui stagnent dans ces localités touchées. Donc, face à cette réalité, le gouvernement a pris l’engagement de lutter contre ces effets dévastateurs, en optant pour la reforestation, à travers un programme national de reboisement. Nous avons aussi commencé à travailler sur un plan d’action, une stratégie et une politique nationale sur le changement climatique, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Afrique environnement plus : Nous allons de Cop en Cop, et nous en sommes pratiquement à la 18ème Cop mais les engagements antérieurs ne sont toujours pas respectés au regard de toutes les dispositions qui sont prises. Face à ce fléau, que doit faire l’Afrique pour éradiquer ce mal?
J-M NIBIRANTIJE: Pour faire face à ce fléau de changement climatique, l’Afrique devrait normalement mettre dans les budgets nationaux, la priorité sur les activités d’adaptation et d’atténuation au changement climatique au lieu de compter ou attendre toujours les financements de l’extérieur promis par les pays en développement lors des différentes conférences. Il est, certes, important de poursuivre les négociations autour du groupe Afrique, en ce qui nous concerne , pour contraindre les pays du nord à plus de responsabilité vis-à-vis des mécanismes de soutien à l’adaptation au changement climatique , mais aussi au respect des engagements pris en vue d’accompagner les pays vulnérables par un apport de financement et de transfert de technologie conséquent .
Interview réalisé par Raoul SIEMENI