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Interview AEP

Monsieur MOUNKAILA GOUMANDAKOYE, Directeur et Représentant Régional du Bureau Régional pour l’Afrique du PNUE

Le sommet de RIO+20 qui vient de s’achever  aurait servi, entre autres,  de cadre d’échanges pour le renforcement institutionnel du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).  Ce  projet soutenu par le groupe Afrique, visait la transformation de cette institution en une organisation spécialisée des Nations Unies pour l’environnement. Chose qui n’a pas été acquise, mais qui aura permis de mobiliser, en faveur de cette institution,  plusieurs promesses de fonds.    C’est à l’issue de cette conférence qu’Afrique Environnement Plus, s’est entretenu  avec  Monsieur MOUNKAILA  GOUMANDAKOYE, Directeur et Représentant Régional du Bureau Régional pour l’Afrique  du PNUE.

Afrique Environnement Plus : A l’issue de toutes ces assises tenues à l’occasion de Rio+20,  plusieurs promesses ont été faites en direction du Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Que retenez-vous de ces annonces ?

MOUNKAILA : En réalité,  au-delà du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, nous voyons plus les capacités qui vont être renforcées au niveau du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement, pour servir  les pays.En fait répondre  davantage à leurs priorités et aspirations. C’est surtout cela qui nous préoccupe,  parce que depuis 40 ans que l’institution avait été mise en place, elle avait  eu un mandat qui lui permettait d’apporter  certains appuis aux pays,  mais du point de vue des ressources et des capacités, elles étaient relativement très  limitées.

Afrique environnement plus : Comment  appréciez-vous le non aboutissement  de l’idée de transformer le programme des nations unies en une organisation ?

MOUNKAILA : Je dois  dire qu’il y a eu une avancée significative du point de vue d’un certain nombre de caractéristiques de l’organisation qui ont été modifiées, particulièrement en ce qui concerne ses fonctions, mais aussi du rôle que cette organisation doit jouer pour répondre aux besoins des pays et  travailler de façon concrète sur certains programmes et plans d’actions. Pour nous, ce qui compte le plus, c’est de pouvoir transformer les fonctions pour que l’institution soit en mesure de répondre aux besoins des pays. C’est beaucoup plus le fond que la forme. C’est vrai qu’au niveau de la forme, le nom, comme certaines délégations l’ont dit, « on a un bébé mais on ne veut pas lui donner de nom ». Mais  nous pensons que c’est un processus qui va continuer. On verra peut-être au niveau des prochaines  étapes, si les pays vont finalement se rendre compte qu’il importe au-delà du renforcement des capacités, de la transformation des fonctions, de pouvoir donner un nom plus approprié à cette institution.

Afrique Environnement Plus : Quelle lecture faites-vous  des accords globaux qui ont été retenus  en direction de l’Afrique lors de ces rencontres et pensez-vous que l’Afrique  peut estimer ressortir gagnante de cette conférence ?

MOUNKAILA : D’après mon expérience de ces années de coopération, je dois dire qu’il importe premièrement en ce qui concerne les engagements, de voir d’abord quels sont ceux que nous prenons pour nous-mêmes en tant qu’Africains. Il nous est important de comprendre que l’avenir en tant que tel n’est inscrit nulle part et que c’est nous qui le façonnons à travers les actions que nous mettons en œuvre, ou bien par les décisions  que nous ne prenons  pas. Donc, c’est d’abord la responsabilité des pays  africains. Ensuite,  il y a la communauté internationale qui doit venir en appui aux pays africains.  Nous pensons qu’à travers les négociations ici, nous n’avons pas eu d’indications claires en ce qui concerne, par exemple, des montants pour le financement, des programmes précis. Mais pour nous, le plus important, c’est en fait l’engagement au niveau des pays. Nous voyons de plus en plus, il y a une prise de conscience de la communauté internationale pour une plus grande solidarité vis-à-vis de l’Afrique. Maintenant, il faut que cela se traduise en des termes concrets, au niveau des moyens de mise en œuvre qui constituent une des composantes de cet accord et plus précisément, au niveau des moyens qui vont être mises à la disposition du continent : le financement, le transfert de technologie, le renforcement des capacités.

Afrique Environnement Plus : Parlant de l’économie verte, comment  appréciez-vous  cette initiative au niveau du PNUE, au moment où toute l’Afrique pense que son salut en dépend ?

MOUNKAILA : Lorsque l’économie verte a été lancée par le PNUE en 2008, il faut  dire que certains pays africains, déjà du point de vue de leur modèle de développement,  étaient plus engagés dans la voie de l’économie verte, de par  le genre d’agriculture et le type d’élevage qui y sont pratiqués.  Mais à  l’heure actuelle, lorsqu’on regarde le potentiel du continent,  c’est une Afrique  qui, du point de vue de la ressource naturelle, dispose de 40% de la biodiversité  du monde. Du point de vue des énergies renouvelables,  elle dispose d’un potentiel qu’on ne trouve nulle part sur cette planète.  Prenez l’énergie solaire, vous avez  325 jours d’ensoleillement, 2000 kilowatts heures par mètre carré  par an que vous ne trouverez  nulle  part, sinon dans le continent. Donc, en termes de potentiel, nous avons les ressources naturelles, les infrastructures éco systémiques et autres, qui ne se retrouvent qu’en Afrique. Donc, en mettant en place les politiques appropriées, les programmes et les plans d’actions, il va falloir pouvoir disposer des moyens pour que l’Afrique puisse s’engager vers l’économie verte. Quand vous voyez les dix pays au monde qui ont la croissance économique la plus élevée, six  d’entre eux sont en Afrique.Donc, il va falloir que l’on se préoccupe de l’empreinte écologique et sociale de ce développement économique accéléré. Et c’est  l’économie verte qui peut nous donner en fait les voies et moyens  pour y parvenir.

Interview réalisée par Raoul SIEMENI

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