Le Président du Réseau des Organisations de la Société civile pour l’Économie Verte en Afrique Centrale (ROSCEVAC), basé au Gabon, évalue la première édition de la Conférence Internationale sur l’Afforestation et le Reboisement (CIAR) dans une interview accordée à Afrique Environnement Plus (AEP).
AEP : Vous avez participé à la première édition de la Conférence Internationale sur l’Afforestation et le Reboisement (CIAR) à Brazzaville. Pensez-vous que cette initiative intègre les attentes de la Coalition des organisations de la Société civile du Bassin du Congo ?
Nicaise Moulombi : La vision de cette initiative correspond aux attentes de la société civile. Nous avons pris part aux travaux pour appuyer les efforts de la Ministre du Congo en charge de l’économie forestière qui a fait preuve dans d’inclusivité en invitant à la fois la société civile, les acteurs non étatiques, le secteur privé, etc. Nous pensons que la société civile aura un rôle important à jouer dans l’afforestation et le reboisement. Cette conférence a permis aux uns et aux autres d’exposer leurs savoirs, mais aussi d’appeler l’attention du secteur privé et de l’administration sur ce qu’il faudrait mettre en place pour qu’il y ait un visage humain dans le cadre du développement cette initiative.
La déclaration de Brazzaville sur l’afforestation et le reboisement met un accent sur l’inclusion socio-économique notamment au niveau local. Est-ce que cette approche vous satisfait en tant qu’acteur de la société civile ?
En effet. J’ai démontré, à travers la présentation que j’ai faite, que la réussite des activités d’afforestation et de reboisement passe par l’inclusion. Dans le développement des plantations forestières, le genre est pris en compte, les femmes et les jeunes sont intégrés. Mais ce qui est plutôt important c’est de développer d’autres activités génératrices de revenus pour faciliter l’autonomisation des populations afin qu’elles ne se réduisent pas aux activités de planting. En intégrant cela, on pourrait dire que les entreprises qui sont engagées dans le reboisement comme dans l’afforestation donnent un visage humain au développement de leurs activités.
En compensation des services rendus à l’humanité dans la lutte contre les changements climatiques grâce à ses immenses forets, le Bassin du Congo reçoit moins de 10% des financements internationaux dédiés à cette cause. La CIAR peut-elle aider à corriger cette injustice ?
Nous allons dans cette direction car la République du Congo ne nous offre pas seulement cette conférence. Elle a la possibilité d’aller plus loin. Vous avez vu la participation de Madame la Vice-Secrétaire Générale des Nations Unies qui est venue apporter son soutien à la CIAR. Dans ce qui doit être fait, il y a non seulement un projet de résolution qui sera soumis aux Nations Unies pour l’adoption de la décennie de l’afforestation et du reboisement, en sachant que cette décennie est déjà endossée par l’Union africaine. Le programme de reforestation de République du Congo doit inspirer beaucoup de pays au-delà de l’Afrique centrale. Dans le modèle économique qui nous a été présenté, nous avons vu des pétroliers qui s’investissent dans le reboisement.
Vous avez assisté aux huis clos des ministres et des Chefs d’États, est-il possible de dire qu’on va assister à un changement de paradigme après la CIAR ?
Je pense que le changement de paradigme est déjà là. Cette Conférence restera inscrite dans les annales de la conservation en Afrique. Elle a bénéficié du soutien des États-Unis, de l’Union africaine, et surtout des Nations unies. Maintenant place au respect des délais pour soumettre la demande d’endossement des Nations Unies pour en faire une décennie mondiale. A ce stade, je ne doute pas de la détermination du Gouvernement congolais à obtenir absolument cet endossement.
Propos recueillis par Eugène Messina, à Brazzaville