Un nouveau rapport de l’ONU publié lundi met en évidence les inégalités structurelles comme facteur principal d’exacerbation des conséquences des aléas climatiques sur les populations pauvres et vulnérables, plus particulièrement dans les pays en développement.
Intitulée « Enquête économique et sociale mondiale 2016 : la résilience au changement climatique – une opportunité pour réduire les inégalités », cette étude indique qu’au cours des 20 dernières années, 4,2 milliards de personnes ont été touchées par des catastrophes liées aux conditions météorologiques qui ont entrainé des pertes humaines importantes.
« Malheureusement, les personnes les plus exposées aux risques liés aux aléas climatiques sont les personnes pauvres, vulnérables et marginalisées qui, dans de nombreux cas, ont été exclues du progrès socio-économique », a noté le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, en préface du rapport publié par le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies. « Nous n’avons pas de temps à perdre – et beaucoup à gagner – lorsqu’il s’agit de faire face aux inégalités socio-économiques qui aggravent la pauvreté et laissent les gens sur le côté », a-t-il ajouté.
Responsabilité des gouvernements
Le rapport démontre que la plupart des catastrophes liées au changement climatique que subissent les pauvres et vulnérables ne sont pas des « accidents » mais sont dues à l’échec des gouvernements à combler les écarts de développement qui mettent à risque d’importants groupes de population.
Le rapport montre toutefois que les gouvernements peuvent jouer un rôle important dans la réduction des risques liés au changement climatique vis-à-vis des populations vulnérables. La construction de politiques de résilience au changement climatique offre l’occasion de concentrer les ressources sur la réduction des inégalités ancrées depuis longtemps et qui rendent les gens vulnérables de manière disproportionnée face aux aléas climatiques.
Le rapport indique par ailleurs que les meilleures politiques d’adaptation au climat sont de bonnes politiques de développement qui renforcent la capacité des gens à faire face et à s’adapter aux aléas climatiques aujourd’hui et à moyen terme.
Les inégalités structurelles accroissent la vulnérabilité des populations pauvres
Selon les conclusions du rapport, les inégalités structurelles augmentent l’exposition des groupes vulnérables aux aléas climatiques. Les familles vivant dans la pauvreté occupent systématiquement les terres les plus exposées aux dommages causés par les risques climatiques, tels que les glissements de terrain, des périodes anormales d’eau chaude, la contamination de l’eau et des inondations. Le changement climatique a le potentiel d’aggraver leur situation et d’aggraver les inégalités déjà existantes.
Selon les dernières données, 11% de la population mondiale vivait dans une zone côtière de basse altitude en 2000. Une grande partie des populations pauvres étaient contraintes de vivre dans des plaines inondables car elles ne disposaient pas des ressources nécessaires pour vivre dans des zones plus sûres.
Les données soulignent également que, dans de nombreux pays d’Asie du Sud et de l’Est, en Amérique latine et dans les Caraïbes, beaucoup de gens n’ont pas d’autre option que d’ériger leurs habitations sur les pentes de collines précaires.
Le rapport a également constaté une plus grande concentration des groupes pauvres et marginalisés dans des zones arides, semi-arides et subhumides sèches qui couvrent environ 40% de la surface terrestre de la Terre. Environ 29% de la population mondiale vivent dans ces zones et sont confrontés à des défis supplémentaires dus au changement climatique.
Recommandation et préoccupation
Dans ses conclusions, le rapport recommande l’utilisation d’un meilleur accès aux projections climatiques, aux technologies modernes de l’information et de la communication et aux systèmes d’information géographique. Ces outils permettraient aux pays concernés de renforcer leurs capacités à évaluer statistiquement les conséquences des aléas climatiques et des choix de politiques mis en place.
Une préoccupation principale ressort du rapport : l’insuffisance des ressources internationales consacrées à la résilience vis-à-vis du changement climatique.
Lors de la conférence de Paris sur le changement climatique (COP21) organisée en 2015, les pays se sont engagés à fixer un objectif d’au moins 100 milliards de dollars par an pour des activités d’atténuation et d’adaptation au changement climatique dans les pays en développement. Le rapport souligne toutefois que les seuls coûts d’adaptation sont estimés entre 70 et 100 milliards de dollars par an d’ici 2050 dans les pays en développement et que ces chiffres sont susceptibles de sous-estimer les coûts réels.
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