DOSSIER –ECONOMIE VERTE
En accédant à la magistrature suprême en 2009, le Président Ali BONGO ONDIMBA lançait la mise en œuvre de son Programme ambitieux dénommé « Gabon émergent » avec l’objectif de faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025. Le pays souhaite ainsi profiter de la conjoncture actuelle pour diversifier durablement son économie dépendant autrefois uniquement des ressources pétrolières et gazières. Depuis, le secteur Eaux et Forêts qui se situe au cœur des trois piliers de croissance baptisés « Gabon industriel », « Gabon vert » et « Gabon des services » a été mis à contribution dans un pays couvert à 85% de forêts. Quatre ans après le lancement du Programme, la redynamisation du secteur Eaux et Forêts semble résolument enclenchée. Les résultats sont encourageants. Ce bilan, loin de contenter les plus hautes autorités du pays, pousse au contraire à plus d’efforts. Petite enquête dans les coulisses du Ministère des Eaux et Forêts.
PETROLE VERT
Le pétrole et le gaz ne sont pas des ressources inépuisables. C’est pourquoi le Gabon fait de l’économie verte l’une des clefs de son avenir. Les autorités gabonaises ont bien assimilé la leçon. Les eaux et forets sont désormais considérés comme des ressources faisant partie des premiers capitaux du pays. Le secteur génère des emplois pour 28% de la population gabonaise soit un peu de 28000 emplois. Il est le premier employeur du secteur privé et le second après la Fonction publique.
AUGMENTER LA VALEUR AJOUTEE
Pour le ministère des Eaux et Forêts, « la forêt est une richesse qu’il convient de valoriser afin qu’elle remplisse ses fonctions économiques tout en privilégiant les autres fonctions (écologiques et socio-culturelles) ». Au-delà des discours, c’est tout un secteur en pleine mutation. 11% du territoire érigé en Parcs nationaux soit 2.420 000 hectares ; plus de 1400 000 en aires protégées autre que les Parcs nationaux selon les chiffres du Ministère chargé des Eaux et Forêts.
Pour la seule filière bois, 114 unités de transformation ont été recensées en 2012 contre 81 en 2009. En 2011, la capacité réelle de l’ensemble de ces unités était de 1.625 millions m3. Dans cet ordre d’idée, on annonce déjà la présence de plus de 62 investisseurs dans la Zone Economique Spéciale de Nkok, espace approprié mis à la disposition des investisseurs pour promouvoir la production et la transformation de bois dans le pays aux meilleures conditions.
Les autorités nationales estiment à 3000 le nombre d’emplois crées en trois ans grâce à la mesure obligeant la transformation du bois au niveau national. Insuffisant pour satisfaire le gouvernement, qui veut « faire du Gabon un leader mondial du bois tropical certifié, porté par une industrie innovante… » dans le cadre de son Plan Sectoriel Forêt-Bois.
« La décision de la transformation plus poussée localement de notre production grumière est un tournant majeur dans la consolidation des piliers Gabon Vert, Gabon Industriel et Gabon des Services de la politique d’Emergence mise en œuvre par le Gouvernement et instruit par le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA » se réjouit Gabriel TCHANGO Ministre chargé des Eaux et Forêts.
Encadre en couleur bleu
Les thématiques sur lesquelles se fondent les actions du Ministère des Eaux et Forêt du Gabon
- La Bonne gouvernance du secteur des Eaux et forêts
- La Gestion durable des forêts
- L’Industrialisation plus poussée du bois, le Commerce du Bois et la Valorisation des produits forestiers
- La Préservation de la faune et la Valorisations des aires protégées
- La Gestion et la valorisation économique des écosystèmes aquatiques
- La Prise en compte de la dimension environnementale dans les activités du secteur
- Le Respect des engagements pris par le Gabon au niveau international
- La Révision de la fiscalité dans le secteur des Eaux et Forêts
- La Gestion des organes sous-tutelle du Ministère
- Le Renforcement des relations avec les partenaires sociaux (ONG)
- Le Renforcement de la coopération avec les partenaires au développement
- L’Implication des populations locales dans la gestion durables des écosystèmes forestiers, aquatique et de préservation de la biodiversité
CONSOMMER GABONAIS
La mise en valeur des ressources forestière gabonaises doit toutefois compter sur le marché national en développant une transformation plus poussée du bois et des produits forestiers non ligneux. Evidemment, le tissu industriel et l’entreprenariat national se renforceraient plus vite si tous les gabonais comprenaient la nécessité de promouvoir la qualité et de consommer d’abord gabonais. Ceci réduirait l’importation des produits finis de l’étranger ; produits souvent de mauvaise qualité. Sur ce plan, l’Etat, les autres personnes publiques et les gouvernants devraient montrer l’exemple, devoir d’exemplarité oblige ; question d’amener le secteur privé et les populations à changer de mentalité.
PAS DE SOLUTIONS RAPIDES
Valorisation de la forêt, oui, mais pas à n’importe quel prix. La roue du Programme « Gabon vert à l’horizon 2025 » tourne lentement, mais sûrement. D’ailleurs, le développement durable exige des choix stratégiques pour le long terme même si l’impatience de la population peut tenter les autorités à choisir des solutions rapides. Les échecs et les erreurs du passé poussent donc à la prudence. Comme un bon père de famille ou une génération qui se soucie des générations futures, le gouvernement Gabonai a bien appris la leçon des solutions rapides qui finissent souvent par décevoir. « Il ne sert à rien de se précipiter. Les solutions rapides ont l’avantage de satisfaire le très court terme et l’inconvénient de déchanter à moyen et long terme », indique un observateur des politiques publiques gabonaises. L’engagement prudent du pays dans les processus APV-FLEGT et REDD+ en est peut-être pour quelque chose.
Parallèlement, rendre la forêt gabonaise plus productive ne doit pas se faire au détriment de ses autres missions écologiques, sociales et sociétales. C’est pourquoi, malgré le ralentissement économique mondial qui a eu pour conséquence la raréfaction des investisseurs responsables et la multiplication des opérateurs économiques véreux, le Gouvernement gabonais s’efforce de choisir ses partenaires parmi les plus responsables. La création en juin 2012, de l’Agence d’exécution des activités de la filière bois qui met en place une grille de légalité et aide à recenser les opérateurs contribue à cette démarche.
ENSEMBLE
Toute réforme sur la gestion des ressources naturelles apporte toujours son lot de protestation…et d’incompréhensions. Les réformes engagées actuellement pour faire du secteur Eaux et Forêts un maillon sensible du Programme Gabon vert, lui-même pilier du Grand Programme Gabon émergent n’échappe pas à la règle. Mais, les autorités gabonaises n’entendent pas se laisser faire. Le renforcement des relations avec les partenaires sociaux et l’implication des populations locales dans la gestion des ressources sont une priorité pour le pays.
Filière Forêt/Bois du Gabon en Bref :
Couverture forestière : 22 millions ha Forêts plantées : 30 000 ha Superficie potentiellement exploitable : 12,5 millions ha Unités opérant dans la 2ème et 3ème transformation : plus de 505 unités Forêts certifiées : 2 000 000 ha Forêts aménagées : 6 707 543 ha Emplois dans l’exploitation forestière : un peu plus de 28000 Parcs nationaux : 2 420 000(11% du territoire) Aires protégées autres que les parcs nationaux : 1 400 000 |
Encadré
LES ENJEUX ET OBJECTIFS DU SECTEUR
Le Gabon regorge d’énormes potentialités naturelles. La mise en valeur entre autres des ressources forestières suscite beaucoup d’espoir et de fierté, tant les retombées pourraient améliorer substantiellement la croissance économique du pays et les conditions de vie des populations. C’est ainsi que la politique du Gouvernement en la matière vise la performance en adoptant les réformes audacieuses.
Le défi du Gouvernement est de faire en sorte que la forêt, continue à jouer son rôle moteur de l’économie. De ce fait, le Ministre des Eaux et Forêt s’est donné comme ambition la contribution significative dans l’émergence économique et sociale du Gabon. Cela soutend la mise en place d’une stratégie de gestion répondant aux enjeux liés à l’adaptation et à la rentabilité de l’industrie, intégrant pleinement des valeurs de développement durable, tout en fournissant des emplois valorisants à tous les acteurs impliqués dans sa gestion et son exploitation. Tout cela conduisant à faire en sorte que la forêt continue d’imprégner l’identité gabonaise et que sa gestion soit reconnue à l’échelle internationale.
Dans ce contexte, l’objectif que s’est assigné le Département des Eaux et Forêts est la gestion durable des ressources naturelles relevant de son domaine à savoir : l’exploitation rationnelle de la forêt, de la faune sauvage et des ressources halieutiques fondée sur :
- la protection des écosystèmes et la conservation de la biodiversité ;
- la valorisation des écosystèmes et des produits qui en sont prélevés ;
- la régularité et la durabilité de la production.
Ces objectifs s’inscrivent dans la vison des plus hautes autorités du pays qui veulent « faire du Gabon un leader mondial du bois tropical certifié, porté par une industrie innovante… ». Pour réaliser cette vision, un Plan Sectoriel Forêt-Bois a été élaboré. Celui-ci comporte six actions :
- la révision du Cadre législatif et réglementaire du secteur Forêt-Bois ;
- la gestion durable des écosystèmes forestiers et aquatiques ;
- la généralisation de l’aménagement forestier ;
- l’aménagement des infrastructures industrielles pour la transformation du bois, notamment cinq (5) domaines industriels du bois (DIB) ;
- l’appui à l’industrie locale de transformation du bois ;
- la mise en place d’un pôle de compétence Forêt-Bois.
Ecosystèmes Aquatiques du Gabon
Le Gabon regorge d’importants réservoirs d’eau à en juger par la densité de son réseau hydrographique. On dénombre au moins 3 grands fleuves, 9 rivières de grande importance, au moins 614 cours d’eau, plus de 23 lacs de grandes étendues et ses 800 Km de littoral maritime.
Malgré cette abondance, il n’en demeure pas moins que l’accès à une eau de qualité par le plus grand nombre reste une question primordiale. L’eau est la base de toute forme de vie. Elle est à la fois habitat, aliment, moyen de production, de transport et bien marchand. Elle est liée aux autres ressources naturelles (sol, forêt, biodiversité, etc.).
Eu égard aux multiples fonctions remplies par cette ressource, ce secteur pourrait contribuer à l’amélioration du produit intérieur brut (PIB) du pays. La création d’une Direction Générale en charge de la gestion des écosystèmes aquatiques répond donc à un double souci : la préservation des ressources hydriques tant en quantité qu’en qualité et sa valorisation économique.