COP 18 de Doha : L’Afrique A répondu présente
Interview avec l’ancien ministre de l’environnement et de l’assainissement, Monsieur David SAGARA et actuellement à la tête du déplacement ministériel en charge du logement, de l’urbanisme et des affaires foncières, nous fait un tour d’horizon sur les différents aspects au sortir de la conférence de Doha sur l’environnement.
Afrique environnement plus : Monsieur le ministre, dans le cadre de cette 18ème conférence des parties à la convention cadre des Nations Unies sur le climat qui se termine ici à Doha, l’Afrique comme dans les précédentes conférences liées à l’environnement, s’unit autour d’une seule voie, pour défendre ses positions et peser à l’issue de ces négociations. Pensez-vous que depuis cette unité, qu’il y ait des progrès dans ce sens?
David SAGARA : Les négociations sont toujours lentes. Mais, nous continuons à garder notre position à travers les différents espaces, à savoir les pays africains, les pays ACP et heureusement que nous avons les mêmes positions. Nous avons fait des rencontres informelles qui permettent de voir si on est en train de déboucher sur de vraies solutions et sur l’application de notre solution. Mais, les négociations continuent et se poursuivront encore, nous avons espoir que d’ici demain ou dans un avenir proche, nous allons trouver des solutions aux différentes plaidoiries soutenues par le groupe africain lors de ces négociations sur le climat, surtout sur la nouvelle période d’engagement du protocole de Kyoto, et aussi sur le processus de financement à apporter aux pays en voie de développement.
Afrique environnement plus : Au niveau africain, l’on souligne que c’est le continent le plus vulnérable, et nous avons pu constater que certains pays ne croient plus aux engagements annoncés lors des dernières Cop et qui n’ont pas été respectés. Quel pourrait être le plan B pour l’Afrique, si elle ne peut plus compter sur ses partenaires ?
David SAGARA : Nous l’avons déjà dit dans les autres espaces, qu’il faut la mobilisation des ressources au niveau interne. Nous avons des financements innovants, de partenariat public-privé, nous avons des banques, des fiscalités, et tout ce qui est réformes institutionnelles dans nos pays, la réforme de nos fiscalités, tout ceci doit être mis ensemble et aussi avoir des synergies au niveau de la coopération sud-sud pour voir ce que nous pouvons faire entre nous ici. Nous n’avons pas forcément besoin de faire appel à l’extérieur pour le faire. Pour la question d’adaptation, je pense que nous n’avons pas le choix, nous devons trouver notre solution en mettant les regroupements régionaux. Il y a de belles expériences en matière de projet d’adaptation, en matière de stratégie, c’est à nous de mobiliser les fonds en mettant ensemble l’ensemble des acteurs de la société civile, du secteur privé, les banques et autres. C’est un plan qui nous permettra au moins d’agir sur l’adaptation avant que la situation ne soit irréversible.
Afrique environnement plus : Peut-on dire que les effets du changement climatique se font ressentir dans votre pays ?
David SAGARA : Nous sommes un pays sahélien, qui dit pays sahélien, dit pluviométrie qui baisse, tout ce qui est inondations, sècheresse et c’est à cela que nous devons nous attaquer. Nous avons une stratégie nationale pour tout cela et c’est à nous de mobiliser des fonds pour y arriver. La vulnérabilité est claire, la baisse des récoltes, la baisse de tout ce qui est rendement des cultures, l’action sur la santé, tout ce qui est élevage, parce que nous sommes aussi une économie d’agriculture et d’élevage et tout ce qui est sur le fleuve. Face à cette réalité, nous sommes en train de mettre en place une stratégie d’adaptation qui nous permet d’y faire face. Mais, ce n’est pas seulement un pays qui peut résoudre le problème, je pense qu’au niveau de l’Afrique, on doit se mettre tous ensemble entre les pays d’Afrique de l’Ouest, Centrale, du Sud, les pays du sahel, et au niveau local, on doit agir en termes de gestion de terroir car on ne peut pas isoler le paysan. On doit être ensemble dans une sorte de terroir, d’écosystème pour trouver des solutions durables.
Afrique environnement plus : Vous avez assisté à la concertation des ministres de l’environnement de la zone francophone organisée par l’OIF. Pensez-vous que l’on puisse tirer quelque chose de cet échange?
David SAGARA : D’abord c’est l’initiative qui est à louer, je pense que l’on peut dire qu’en marge de cette conférence, nous avons pu échanger entre nous pays francophones et c’est déjà une bonne chose, et la leçon que, l’on peut tirer est que d’une façon globale, tous les pays selon leur diversité, sont en train de tendre vers une position commune, même s’il y a des divergence ça et là. On a pu relever aussi quels sont les processus d’accompagnement des pays développés envers les pays en développement. Et dans l’espace francophone, nous avons vu aussi les pays qui sont en train de faire des efforts, par exemple, la Wallonie (Belgique) qui est en train d’avoir des projets concrets en matière de climat, d’environnement, la France qui est en train d’initier le financement du fonds vert climat. Nous nous sommes rendus compte qu’il y a le secteur privé qui en fait beaucoup et nous en avons tiré des leçons par rapport aux faiblesses et aux contraintes qui sont dans le processus, et cela nous permet de continuer. Nous avons écouté la société civile, envers nous les ministres, ce qui nous permet de suivre davantage le processus et d’influencer au niveau politique dans les négociations. Donc, c’était une bonne rencontre qui nous a permis d’échanger sur le processus de fonctionnement au niveau de la francophonie.
Propos recueillis par Raoul SIEMENI