Au cours des deux dernières décennies, l’aquaculture s’est imposée comme une activité compétitive dans la production d’aliments sains, en apportant une contribution pertinente à la création d’emplois et de revenus ainsi que la réduction de la pauvreté et de la faim dans plusieurs régions du monde y compris l’Afrique. Selon le rapport « La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture » (SOFIA, 2020), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a démontré qu’en 2018, la production aquacole dépassait celle de la pêche et représentait déjà la moitié de la consommation mondiale de poisson. D’après ces données du SOFIA (2020), les débarquements de poissons en 2018 ont atteint 179 millions de tonnes, dont 82 millions de tonnes, provenaient de la production aquacole, dont de 54,3 millions de tonnes de poissons 17,5 millions de tonnes de mollusques, 9,4 millions de tonnes de crustacés, et 0,9 million d’animaux aquatiques divers, alors que la production de plantes aquatiques, principalement d’algues, a atteint 33,3 millions de tonnes en 2018, dont 32,4 millions de tonnes sont issues de l’aquaculture. La part de l’aquaculture en Afrique a atteint 2, 196 millions de tonnes, et la production aquacole du continent devrait enregistrer une croissance de 48 % de la production de l’aquaculture en 2030, pour atteindre 3,25 millions de tonnes.
Avec de tels gains de compétitivité, maintenir les attentes optimistes quant au maintien de la tendance à la hausse de la production aquacole dans les prochaines années, est liée à la substitution en Afrique du système de culture extensif en semi-intensif ce dernier est tributaire de la dépendance de l’aliment mais aussi au recours du système de culture intensif dépendant entièrement de l’aliment, et à l’extension des zones de production sur terre (eau douce) et en mer, et enfin l’expansion de l’aquaculture qui s’est étendue de façon progressive à tous les pays du continent Africain, des raisons majeures pour assurer la durabilité du secteur de l’aquaculture en Afrique.
L’aquaculture moderne comporte trois composantes : une production rentable, la préservation de l’environnement et le développement social, ceux-ci sont essentiels et inséparables afin que l’activité soit pérenne. En pratique, le développement durable exige des actions qui sont économiquement viables, écologiquement saines et socialement acceptables.
Le concept de développement durable, est formulée en 1987 par la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement, créée par l’Assemblée générale des Nations-Unies (CMED, 1987) : « un développement qui répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs »
Ainsi, le mot durabilité a pratiquement acquis un statut quo en tant que moyens d’assurer la survie de la planète et des êtres humains, dans tous ses domaines d’intervention, y compris la production alimentaire, en mettant principalement l’accent sur le « triple bilan » de la durabilité, qui englobe ses dimensions environnementale, économique et sociale.
Le terme de durabilité gagne aujourd’hui en notoriété en raison des grands impacts environnementaux que les activités humaines ont causés au fil des ans, surtout si l’on considère l’augmentation exponentielle de la population au cours des dernières décennies et le besoin accru de production alimentaire pour répondre à cette demande croissante. L’aquaculture présente des conditions favorables, dans ses moyens de production pour être réalisée de manière durable, étant une alternative pour combattre une éventuelle pénurie alimentaire sur le continent, dans le futur, ainsi qu’offrant des conditions de développement social et économique pour toute la communauté de la région où elle est développée, tout en exploitant des pratiques aquacoles respectant l’environnement.
Le concept « d’Aquaculture durable » axée sur l’équilibre des trois composantes du développement durable pour désigner la manière souhaitable de produire des organismes aquatiques, sans dégrader l’environnement, avec des bénéfices et des avantages sociaux, dont les dimensions sont :
La dimension économique
Le rôle que joue l’aquaculture en faveur du développement économique et de la sécurité alimentaire est désormais communément reconnu à l’échelle mondiale. En Afrique, pour obtenir une durabilité économique de ce secteur, il faut renforcer l’ensemble de la chaîne de production aquacole, vu qu’il s’agit d’une activité plus récente et moins connue. En fait, le succès des ventes des produits dépend de la satisfaction des consommateurs, donc pour assurer la viabilité économique des entreprises aquacoles, la qualité du produit a une importance majeure. En Afrique l’expansion de l’aquaculture contribuera au développement de l’économie nationale, en générant des revenus en plus d’identifier les opportunités et des propositions pour des investissements aussi bien en milieu marin qu’en milieu continental, comme il est nécessaire de rechercher les investissements qui génèrent la croissance de l’offre aquacole, surtout pour l’aquaculture à petite échelle qui connait un grand succès en Asie et pourquoi pas en Afrique pour lutter contre la pauvreté.
La dimension sociale
L’aquaculture peut être un levier de développement social par la mise en œuvre des programmes d’aquaculture qui génèrent de la richesse, avec des gains importants pour l’économie locale, régionale et nationale, en créant des emplois directs et indirects et en améliorant la qualité de vie de la population locale. Les objectifs communs de la population doivent être pris en compte, l’aquaculture devrait participer au développement social par la création d’emplois, principalement dans les zones marginales et rurales. Le chômage est un problème grave dans la plupart des pays du monde, il est donc temps de changer le paradigme de la technologie et de développer des techniques qui permettent d’accroître l’efficacité, non pas avec des machines ou de l’automatisation, mais avec l’utilisation du travail humain, cela est parfaitement réalisable en aquaculture. Finalement ce secteur contribuera à l’amélioration de la qualité nutritionnelle de la population surtout des femmes enceintes et des enfants par l’apport de protéines animales sains riches en vitamines et en oligo-éléments.
La dimension environnementale
Le développement de l’aquaculture doit se faire dans le respect de l’environnement, en minimisant les impacts environnementaux qu’elle peut générer, par la mise en œuvre de bonnes pratiques de gestion en production aquacole pour garantir la durabilité de l’environnement, l’augmentation de la productivité, en tenant compte de la qualité et de l’innocuité des produits et en évitant les conflits liés à l’utilisation des ressources naturelles telles que l’eau. La priorité devrait être accordée à la culture d’espèces omnivores ou herbivores, plutôt que carnivores, afin de réduire l’utilisation de la farine de poisson dans l’alimentation aquacole ce qui va contribuer à la préservation des ressources halieutiques déjà en épuisement de stock ou surexploitées. En plus du recours à l’utilisation des alternatives aux antibiotiques, comme les probiotiques, et l’utilisation d’aliments aquacoles de qualité pour une bonne gestion nutritionnelle des poissons, qui définiront la gravité de l’impact environnemental causé par les effluents de l’aquaculture. Ces déchets aquacoles riches phosphore (P) et l’azote (N) entrainent le phénomène de l’eutrophisation qui facilite la prolifération d’algues et génèrent de faibles concentrations d’oxygène dissous dans l’eau, ce qui peut causer la mort des poissons.
De nos jours, l’aquaculture est considérée comme une source très importante de production alimentaire animale, dans un monde globalisé et en expansion démographique surtout dans le continent africain, l’aquaculture exige aujourd’hui l’optimisation des processus de production, qui permettent d’améliorer les systèmes de culture, grâce à l’utilisation de techniques de gestion adéquate des ressources naturelles qu’elle utilise, et pour que cette aquaculture soit durable, il faut lui attribuer les dimensions écologiques, économiques et sociales, cependant, la formation du personnel est souvent un élément clé qui entrave le développement de l’activité de ce secteur en Afrique.
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