Dans le bassin du Congo la déforestation est faible, mais risque d’augmenter
La déforestation dans le bassin du Congo en Afrique centrale est inférieure à la moyenne de l’Afrique – mais cela pourrait ne pas durer, selon deux études récentes qui permettent de mieux comprendre les tendances passées, tout en examinant l’avenir.
L’un des documents explique l’histoire de l’évolution des tendances de la déforestation dans le bassin du Congo en comparaison avec d’autres régions du continent africain et du monde. Dans State and evolution of the African rainforests between 1990 and 2010, Mayaux et al. constatent que le bassin du Congo abrite 90% de la forêt tropicale du continent et contribue à la moitié de la déforestation annuelle des forêts tropicales de l’Afrique. Néanmoins, le taux annuel de déforestation dans le bassin du Congo est respectivement trois fois et neuf fois plus faible que celui de l’Afrique de l’Ouest et de Madagascar, qui sont les deux autres principales régions de forêts tropicales en Afrique.
D’un point de vue historique, Mayaux et al. observent qu’entre 2000 et 2010 le taux net de déforestation annuel dans le bassin du Congo était de 0,1%, contre 0,16% entre 1990 et 2000. Cette réduction est faible comparée à la moyenne de déforestation annuelle nette dans l’ensemble de l’Afrique, qui a diminué de moitié – de 0,28% à 0,14% – au cours des mêmes périodes.
Selon Mayaux et al., le taux de déforestation pourrait être lié à la faible densité de population et à la nature des causes de la déforestation. Mayaux et al. ont souligné les liens entre la déforestation, l’extraction de bois de feu dans les zones périurbaines et l’augmentation de la population, ainsi qu’avec la culture itinérante et l’exploitation forestière dans les zones rurales. Avec la faible densité de population et le type d’exploitation dans la région, la chaîne de valeur de l’agriculture et l’exploitation forestière ne sont pas encore associées à une déforestation importante – toutefois, on ignore si cette tendance peut se maintenir.
Quel sera l’avenir des forêts du bassin du Congo ?
Dans le deuxième rapport, la Banque mondiale expose quatre raisons principales à cette déforestation relativement faible en Afrique centrale: les réseaux de transport routiers sont rares et mal entretenus; les ressources minières abondantes sont largement inexploitées; l’énergie à base de bois représente la plus grande part du portefeuille énergétique, mais la consommation de charbon de bois par habitant est faible; et le secteur agricole a été négligé et sous-financé.
Pourtant, les choses changent dans la région, en partie à cause du marché mondial. Selon la Banque, la population du bassin du Congo devrait doubler entre 2000 et 2030, dès lors 170 millions de personnes auront besoin de nourriture, d’énergie, d’un logement et d’un emploi dans la région. En outre, les pays de cette région sont susceptibles d’entrer dans un nouveau cycle de développement avec davantage d’exposition au marché international, avec des facteurs économiques mondiaux qui apportent plus d’investissements au bassin du Congo.
Dans leur ensemble, les deux publications indiquent que l’avenir des forêts de la région n’est pas prometteur. Bien que chacun des secteurs étudiés par la Banque aient eu un impact potentiel sur la forêt, l’infrastructure routière semble être le secteur le plus lié à la déforestation. Toutefois, selon Mayaux et al., «une interdiction totale de constructions de routes réduirait de manière significative les perspectives de développement de nombreuses régions éloignées». C’est là que la planification et l’application de la loi peuvent jouer un rôle pour éviter la déforestation et la dégradation, d’autant plus que l’urbanisation entraîne une plus grande demande en énergie provenant du bois et que la stabilité régionale rend l’exploitation minière plus attractive – et plus rentable.
Selon la Banque, les changements dans le secteur agricole seraient liés à (i) la demande nationale / régionale / internationale en produits agricoles, (ii) au potentiel / à la disponibilité / à l’accessibilité des terres, (iii) au potentiel d’accroître la productivité et (iv) à la disponibilité en eau, puisque d’autres régions de la planète souffrent de pénuries d’eau, etc.
La Banque estime que la REDD+ aurait le potentiel de fournir des ressources afin d’aider les pays du bassin du Congo à protéger leurs forêts, parmi une liste de possibilités «sans regret» de mesures visant à assurer un meilleur avenir pour la forêt. En attendant, l’augmentation de la déforestation aura un impact négatif sur les services fournis par le bassin du Congo, tels que la conservation de la biodiversité, le cycle de l’eau et l’atténuation de l’adaptation au changement climatique.