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Interview AEP

COP22: interview de la Directrice régionale pour l’Afrique du PNUE, Dr Juliette Koudénoukpo Biao

AEP : Que pouvons-nous retenir de cette réunion avec les ministres africains qui vient de s’achever ?

Juliette KOUDENOUKPO : L’élément fort qui ressort de cette réunion dans un premier temps est que le groupe africain  des négociateurs a pu vraiment mettre à jour les ministres sur les progrès réalisés dans le cadre des négociations sur le climat et les points d’ombre qui restent à éclaircir. Le message important qui ressort de cette réunion est que l’Afrique est résolument décidée à parler d’une seule voix, cela est ressorti dans toutes les discussions et l’unanimité a été faite sur le besoin de parler d’une seule voix. Il peut avoir des divergences, des différences d’opinions mais quand il s’agit de défendre l’intérêt du continent, je crois que l’appel a été fort et clair pour parler d’une même voix. Deuxièmement,  nous avons pu remarquer avec l’excellent travail fait par le groupe africain des négociateurs dot  nous pouvons être fiers   et  la question de dire que les africains n’ont pas de capacités, pas d’experts, le point d’ombre a été levé là-dessus et nous savons que nos négociateurs font du bon travail et qu’ils sont à la pointe de l’information. Ce qui ressort encore de cette discussion est que l’Afrique a une fois de plus démontré son leadership et a exprimé le point de non retour  sur la question de dissoudre la conférence ministérielle africaine, non pas pour le plaisir de le faire mais pour dire qu’il des acquis qui sont nombreux et qu’il ne faut pas laisser estomper ; et si on peut résumer ces acquis, l’on peut dire que la conférence ministérielle africaine a  vraiment permis à l’Afrique de prendre un certain leadership pour influencer les questions politiques sur la gestion de l’environnement au niveau du continent.  Ce qui est encore encourageant  est que l’Afrique désormais sait clairement où elle doit aller, quels sont les intérêts à défendre et elle reconnait que malgré les divergences  et les différences d’opinions,  l’intérêt qui compte est l’intérêt de l’Afrique, et c’est quelque chose  qui a été très encourageant pour cette réunion.

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AEP : Les ministres africains ont notamment  soulevé leurs inquiétudes en ce qui concerne les financements et  la répartition des enveloppes. Comment avez-vous reçu ce message et quelles sont les projections en termes d’actions attendues ?

Les questions de financements ont suscité une petite déception  de la part des ministres africains pour deux raisons : premièrement les annonces qui ont été faites à la COP de Paris  demeurent  encore sans un effet concret ; deuxièmement, les pays développés sont entrain de montrer  qu’ils n’ont plus l’intention d’augmenter même l’enveloppe qui n’était déjà pas là, et que la possibilité de voir cette enveloppe s’élargir reste faible. Concernant les annonces qui ont été faites et ceux sur quoi les pays développés avaient pris  des engagements sur les 100 milliards de dollars par an, je pense que le moment est venu d’éclaircir car il y a comme un manque de transparence, de séparation  entre  ce qui peut être considéré  comme l’aide publique au développement   et ce qui est le financement climat. Donc, comment comptabiliser et comment suivre tout ce qui est fait dans le cadre de l’aide publique au développement pour le mettre réellement dans les réalisations sur le climat, et cela constitue une légère déception pour les pays africains et aujourd’hui les ministres africains ont pris la parole pour dire pourquoi le besoin de transparence doit être unilatéral. Si les bailleurs de fonds peuvent venir au niveau des pays développés et dire  nous mettons à votre dispositions un montant pour le développement et qu’ils ont des exigences claires  en termes de transparence  et de responsabilité, les ministres africains se demandent pourquoi cela ne pourrait pas se faire dans le sens inverse dans la mesure où les financements qu’ils reçoivent ne sont pas des cadeaux en tant que tel dans la mesure où la question du climat est une question planétaire et nul ne peut se sentir épargné  des effets du climat. Un autre élément  est que les pays africains ont vraiment révélé aujourd’hui pour tous les ministres et acteurs qui ne savaient pas que le fonds vert climat depuis la conférence de Copenhague a été porté par les africains. Les africains sont suivi ce dossier et ont fait un lobbying pour le fonds vert et c’est sur le sol africain que les conclusions ont été faites, donc, ils pensent que ce sont eux qui ont porté ce flambeau sur le fonds vert et que ce serait injuste qu’ils ne puissent pas y accéder. De nos jours, lorsqu’on dit qu’un montant est disponible, là où le bat blesse est que les mécanismes qui existent pour accéder à ces fonds ne sont pas clairs.

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AEP : Le PNUE en sa qualité d’agence de facilitation, quelle information véhiculez-vous aux pays afin qu’ils reçoivent ce qu’ils attendent de vous ?

Le PNUE  a déjà commence à faire quelque chose dans ce sens, d’abord avant même que les pays ne puissent  entrer dans les mécanismes qui leur permettent d’accéder au fonds, il faut qu’ils aient d’abord  la bonne l’information que le PNUE est entrain de partager en termes d’exigences pour accéder au fonds et puis, lorsqu’on parle de renforcement des capacités , c’est d’indiquer aux pays africains quelles sont les exigences  à remplir pour être prêt à accéder à ce fonds et c’est ce que nous essayons de faire. Nous avons déjà des projets de réduction et d’atténuation du climat qui sont déjà en cours financés par l’Union Européenne et qui ont une composante sur comment aider les pays africains à avoir la bonne information et au-delà comment leurs contributions nationales déterminées pourront leur permettre de mettre en œuvre l’accorde de Paris.

AEP : Nous avons demandé à Madame Royal lors d’un entretien quelles sont les garanties pour la mise en œuvre de l’accord de Paris et elle nous a répondu que cela relève du rôle des médias. Mais à notre connaissance ce ne sont pas les médias qui ont ratifié l’accord de Paris. Peut-on entendre par là que la mise en œuvre de cet accord est encore sujet à  réflexion ?

Je ne pense pas que la mise en œuvre de cette accord soit sujet à des réflexions,  je pense que ce Madame Royal a voulu dire par là est que même si tous les financements ne sont pas là pour mettre en œuvre l’accord de Paris, on parle quand même de quelques financements disponibles parmi les annonces qui ont été faites mais il y a aussi du côté des pays africains des efforts qui sont faits car on ne va pas demander de l’argent juste pour dire donnez-nous de l’argent parce que un fonds vert est en place,  mais il faut des projets banquables et il faut aussi que les pays africains démontrent aussi cette volonté à aller développer des projets banquables quitte à chercher une institution comme le PNUE les accompagner mais au moins qu’ils manifestent une certaine volonté, et les ministres africains qui représentent les communautés ont la responsabilité de faire un pas en avant. Ce que Madame Segolène Royal a dit  est qu’il faut aussi un certain lobbying  que les médias peuvent aussi faire. Ce  qui ressort de cette réunion d’aujourd’hui est que les africains ne se laisseront pas faire, ils n’iront pas applaudir pour l’accord de Paris et que demain qu’on dise que la mise e œuvre ne se fera pas et c’est ce qui fait l’objet de la négociation à Marrakech car certaines personnes se posent  la question de savoir si l’on va encore rouvrir les négociations. Donc, ce qui a été négocié à Paris est déjà conclu et ici à Marrakech nous allons discuter des mécanismes  de sa mise en œuvre  et  l’Afrique quant à elle est décidée à être soudée et parler d’une même voix  et je pense que les pays développés le savent  et c’est l’objet de la réunion consultative d’aujourd’hui.

Raoul SIEMENI

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