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Interview AEP

Interview : Monsieur Josué Rodrigue NGOUONIMBA, Ministre du Tourisme et de l’Environnement de la République du Congo

Le 12 décembre dernier, s’est achevée à Paris la COP 21 sur l’adoption d’un accord global sur le climat. Afrique Environnement Plus a recontré Monsieur Josué Rodrigue NGOUONIMBA, Ministre du Tourisme et de l’Environnement de la République du Congo qui nous livre dans cet entretien un bilan succincte de la contribution du Congo à cette rencontre internationale.

 

AEP : Monsieur le Ministre, vous avez pris part à la 21e Conférence des Parties des Nations Unies sur le Changement Climatique qui a abouti à un accord de Paris sur le climat. Quelle lecture  faites-vous de l’aboutissement d’un tel accord ?

Josué Rodrigue NGOUONIMBA : L’enjeu de la conférence de Paris était très grand. Après la fin de la première période d’engagement du Protocole de Kyoto, les Pays parties à la Convention Cadre des Nations Unies semblaient être perdus, tenant compte du manque de consensus pour obtenir un nouveau texte lors des COP 19 et 20. La communauté internationale semblait naviguer à vue sur la question des changements climatiques. Au sortir de la COP 20 tenue à Lima au Pérou, en 2014, l’inquiétude et l’incertitude étaient nettes pour trouver un texte consensuel. Pendant que les données scientifiques fournies par le GIEC étaient préoccupantes, ne nous rassurant guère si aucune mesure courageuse n’était prise, puisque les scenarii présentés ne rassuraient guère, si aucune initiative forte n’était engagée par les pays parties à la CCNUCC qui avaient du mal à s’entendre. Ces divergences de point de vue se sont soldées par les échecs des COP précédents, en pensant particulièrement à la COP 20 de Lima (Pérou) où le fossé semblait s’installer entre les différents groupes de pays.

Nous devons l’aboutissement heureux de la COP 21, notamment la conclusion de l’Accord à la volonté des parties prenantes à se surpasser, et surtout à la méthode française qui a déployée une intense activité/diplomatie bilatérale.

Nous avons désormais un texte juridique de référence pour guider nos initiatives. Les Parties devraient, assez rapidement le ratifier, afin qu’il entre en vigueur le plus tôt possible, puisque les effets négatifs dus au réchauffement climatique ne s’arrêtent, et ne peuvent attendre nos formalités administratives qui peuvent être lentes.

La conférence de Paris a aussi mis en exergue la recherche de l’équilibre entre les enjeux économiques, écologiques et sociaux.

 

Pensez-vous que les revendications des pays africains ont suffisamment été prises en compte dans cet accord ?

La voix du continent africain s’est fait entendre. Le Groupe Afrique, avec son équipe de négociateurs, a été bien présent à Paris. Des préoccupations du continent ont été pris en compte dans le texte de l’Accord, même si toutes nos revendications n’ont pas trouvées satisfaction. Mais c’est la règle et l’esprit de la négociation à laquelle nous étions engagés. Nous considérons que l’Accord obtenu est un document de référence, et par conséquent, nous devrions veiller à sa mise en œuvre, en pensant aux spécificités multiples de notre continent. Pour cela, une préparation minutieuse de la COP 22 qui se tiendra dans quelques mois au Maroc devrait déjà être entamée par nos pays respectifs, avec l’appui de la Conférence des Ministres Africains de l’Environnement (CMAE/AMCEN).

 

Comme la plupart des pays africains, le Congo a activement pris part à cette COP21. Quel bilan faites-vous de votre participation à cette conférence ?

Pour la première fois, la délégation de notre pays à la COP sur les changements climatiques étaient composée d’une centaine de participants. Le Congo était représenté au plus haut niveau, avec la présence du Chef de l’Etat, Son Excellence le Président Denis SASSOU-NGUESSO qui a délivré le message de notre pays à cette conférence. Parmi les participants congolais, il y avait naturellement les délégués des administrations publiques, et aussi les représentants du secteur privé et ceux de la Société civile.

Nous avons pris part à de nombreuses activités organisées lors de la COP. Ainsi, hormis les sessions de négociation les délégués du Congo ont pris part à plusieurs sessions parallèles, pour lesquelles ils étaient parfois orateurs. L’importance des sessions parallèles n’est pas à négliger. Il s’agit des opportunités d’échanges, d’informations et de formation. Ces rencontres contribuent au renforcement des capacités des participants, créent des opportunités de contacts et de discussion avec divers acteurs, et aussi partager les expériences locales, sous-régionales, régionales et/ou internationales.

Parmi les importantes ressources naturelles contribuant fortement à l’économie du Congo il y a le pétrole et le bois, mieux la forêt, sans oublier les potentialités hydrologiques et agronomiques. Les discussions de Paris ont particulièrement retenues notre attention à travers, entre autre, la problématique énergétique, et particulièrement l’opinion sur les énergies fossiles d’une part,   le rôle de la forêt dans la lutte contre le réchauffement climatique d’autre part. Notre politique environnementale devrait prendre en compte les approches internationales relatives à cette préoccupation

 

L’accord de Paris marque certes un pas significatif dans les négociations  internationales sur le climat. Selon vous, qu’est-ce qui peut être fait pour la mise en œuvre des engagements contenus dans ce document d’accord plus précisément en ce qui concerne l’appui aux pays africains ?

Nous sommes impatients de voir le Fonds Vert pour le Climat aider les pays à mettre en œuvre leurs politique / stratégie environnementales, et particulièrement les programmes liés au climat.

Nous souhaitons aussi que le Fonds Vert pour le Climat collabore avec le Fonds pour l’Economie Verte en Afrique Centrale (FEVAC), en contribuant aux programmes prioritaires que les pays du Bassin du Congo ont retenus, et naturellement parmi lesquels notre pays voudrait assurer le leadership.

La communauté internationale devrait aussi mettre en place un mécanisme pour accompagner les Pays en développement, et particulièrement ceux qui ont des taux d’émission de gaz à effet de serre faible, et qui pourtant peuvent jouer un rôle important dans l’atténuation des changements climatiques, comme notre pays le Congo. Pour cela, je pense spécifiquement aux potentialités forestières, énergétiques et foncières de notre pays.

C’est ici l’occasion de se souvenir de la coopération bilatérale qui a été d’une très grande utilité dans l’accompagnement des pays ayant des ressources limitées sur le plan des finances et de l’expertise, pour répondre aux obligations ou exhortations de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. Je pense particulièrement à la préparation des CPDN (INDC) des parties, avec l’appui de l’Agence Française de Développement (AFD) dont le Congo a été bénéficiaire. 

Par Raoul SIEMENI

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