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Agriculture

Les feuilles de manioc séchées, une affaire rentable au Rwanda

 Denrée périssable, le surplus de feuilles de manioc est souvent jeté par manque de moyens de conservation chez les petits exploitants rwandais. Pour limiter le gaspillage, Pierre Mbatezimana en propose une version séchée, et son produit remporte un franc succès aux niveaux local et international.

Shekina Enterprise a créé les marques Akeza et Ala Damiano qui proposent des feuilles de manioc séchées. Elle est également spécialisée dans la transformation de fruits et fabrique de la farine à partir de céréales locales comme le millet, le sorgho, le maïs et le soja. Pour obtenir les feuilles de manioc séchées, l’entreprise s’approvisionne chez des agriculteurs qui la livrent dans un centre de collecte. Les feuilles sont par la suite triées, nettoyées, séchées et emballées à destination des marchés locaux et internationaux.

Alors qu’il visitait un marché dans le district de Rulindo, Pierre Damien Mbatezimana (photo), le promoteur, a rencontré des commerçantes qui jetaient les feuilles de manioc non encore vendues à la fin de la journée. Cette denrée étant périssable, elles n’avaient pas les moyens de la conserver. Il a alors mis en œuvre son savoir-faire en matière de conception d’appareils agricoles pour fabriquer un séchoir et déshydrater ces feuilles dont la forte teneur en eau causait la pourriture.

En Afrique subsaharienne, les feuilles de manioc sont utilisées pour la préparation de nombreux mets traditionnels. Selon les dernières données officielles disponibles, le manioc est le 2ème produit le plus cultivé après la banane au Rwanda, et le quatrième le plus consommé. Ses feuilles sont très souvent vendues fraîches dans les marchés locaux, faisant de Shekina Enterprise la pionnière dans le pays en matière de feuilles de manioc séchées.

L’initiative permet non seulement de lutter contre le gaspillage alimentaire causée par le manque d’équipements de conservation, mais aussi, fournit un vaste débouché aux cultivateurs de manioc locaux. Autre avantage, ces feuilles une fois séchées sont dépourvues de cyanure, une substance présente sur les feuilles crues et qui peut provoquer un empoisonnement lorsqu’elles ne sont pas assez cuites.

 

Si le projet présente de nombreux avantages, sa mise en place n’a pas été facile. Parmi les défis rencontrés par Shekina Enterprise, les agriculteurs qui livraient simultanément les feuilles de manioc, ce qui surchargeait ses séchoirs. Pour régler le problème, l’entreprise les a organisés en plusieurs coopératives, chacune disposant d’un centre de collecte dans sa zone. Le fondateur a aussi fait savoir sur How We Made It in Africa que l’obtention de financement auprès des banques n’est pas toujours facile, surtout maintenant qu’il prévoit d’augmenter la capacité de production pour répondre à une demande sans cesse croissante.

Autre défi, celui lié au coût de l’électricité, les séchoirs fonctionnant principalement à l’énergie électrique. Il travaille actuellement à un moyen de transformer les déchets de manioc en biogaz pour réduire sa consommation d’électricité et de bois, et à la technique de lyophilisation qui consiste à extraire l’eau contenue dans les aliments par le vide et le froid.

 

À ce jour, Shekina Enterprise réalise un revenu annuel de 200 000 USD. L’entreprise a séduit une grande clientèle sur le marché local, mais aussi à l’international. Elle compte de nombreux distributeurs au Congo, en Ouganda, au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Actuellement, 70% de ses produits sont exportés. Le promoteur ambitionne de diversifier ses produits en transformant d’autres légumes.

https://www.agenceecofin.com/

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