Afrique environnement plus : Vous êtes en charge de la région Afrique au sein du Secrétariat du programme sur l’homme et la biosphère ou plus communément appelé programme MAB (Man and Biosphere). En quoi consiste ce département et quelle est votre mission en tant que responsable Afrique de ce département ?
Noeline Raondry Rakotoarisoa: je travaille au sein de la division des sciences écologiques et de la terre qui est aussi le secrétariat du programme sur l’homme et la biosphère qu’on appelle programme MAB (Man And Biosphere) et je suis responsable plus particulièrement du programme MAB et des réseaux de biosphère en Afrique. Le Secrétariat assure les services des réunions statutaires, notamment les sessions du Conseil International de Coordination et les réunions du Bureau du MAB ainsi que celles des comités et groupes de travail y afférents Le Secrétariat assure le suivi et la coordination de l’exécution des programmes internationaux recommandés par le Conseil. Le secrétariat est en en liaison avec les comités nationaux MAB établis par les États membres pour l’exécution du Programme. Outre les services qu’il doit assurer au Conseil, le Secrétariat coopère activement avec les secrétariats des Programmes de l’UNESCO et des organisations internationales gouvernementales et non gouvernementales partenaires du programme.
Le Secrétariat du MABcoordonne le processus de désignation des réserves de biosphère par le Conseil International de Coordination du MAB, dont le réseau mondial compte à ce jour 621 sites, dont 12 transfrontaliers, dans 117 pays.
Afrique environnement plus : Quel état faites-vous des réserves classées au niveau Afrique ?
Noeline Raondry Rakotoarisoa: Au niveau africain, nous avons actuellement 64 réserves de biosphère qui sont réparties dans 28 pays. Les premières réserves de biosphère africaines ont été désignées en 1976 et certaines d’entre elles, notamment en Afrique centrale, ne répondent plus aux critères requis. Pour maintenir un standard dans la qualité du réseau, il est nécessaire d’effectuer une revue de ces réserves de biosphère pour qu’elles soient conformes à la stratégie de Séville et au Cadre statutaire adoptés par la Conférence générale de l’UNESCO en 1995.
Afrique environnement plus : Quels sont les mécanismes de financement qui permettent la mise en place d’une réserve de biosphère et comment les Etats participent-ils pour la viabilité de ces zones délimitées ?
Noeline Raondry Rakotoarisoa: Au niveau de l’UNESCO, nous n’avons pas de financement proprement dit pour mettre en place les réserves de biosphère, parce que ce sont des sites qui sont proposés par les pays. Ces derniers envoient au Secrétariat le dossier de proposition, qui est ensuite évalué par un comité d’experts qui fait ses recommandations au Bureau du CIC. Les nouveaux sites sont approuvés par le CIC sur recommandation du Bureau. Donc, ces sites restent sous la juridictiondu pays qui est tenu d’en assurer le fonctionnement et donc, le financement. La plupart du temps, les pays financent ces réserves de biosphère à travers des fonds nationaux, des fonds décentralisés, des projets… La fonction conservation des réserves de biosphère sont souvent financées à travers leurs réseaux d’aires protégées, puisque les réserves de biosphère comprennent toujours le noyau dur, qui est en général une aire protégée et qui reçoit des financements soit du pays, soit de bailleurs de fondsà travers des projets.
Afrique environnement plus :Actuellement en Afrique centrale, il y a une recrudescence du braconnage, notamment dans les zones dites protégées. Comment pensez-vous gérer ces problèmes de conservation au niveau du Tridom de ces entités?
Noeline Raondry Rakotoarisoa: Je pense que la conservation au niveau de ces entités doit être assurée par les Etats et les autorités gouvernementales. Nous en tant qu’UNESCO, nous pouvons bien sur apporter notre expertise et nos conseils aux Etats pour pouvoir améliorer la gestion et la législation pour lutter contre le braconnage. Mais, pour ce qui concerne l’application des lois, c’est une fonction régalienne qui ne peut être mise en œuvre que par les Etats, et à laquelle l’UNESCO ne peut pas se substituer.
Afrique environnement plus : Vous venez de prendre part à un atelier d’information sur l’établissement d’une réserve de biosphère transfrontalière dans le cadre du Tridom.Comment allez-vous procéder pour l’élaboration du plan de mise en œuvre de cette unité de conservation ?
Noeline Raondry Rakotoarisoa: Pour cette initiative de réserve de biosphère transfrontalière entre le Cameroun, le Congo et le Gabon, nous nous appuyons sur l’accord de 2005 sur le TRIDOM signe par les trois pays et donc sur une volonté politique forte de gérer durablement cet écosystème en partage. Nous sommes aussi en partenariat avec le projet TRIDOM/UNOPS/UNDP/GEF dont les résultats atteints sont autant d’acquis pour un projet de réserve de biosphère transfrontière. Nous venons en appui à ce projet pour essayer de voir si on peut conférer au Tridom un statut international qui sera le statut de réserve de biosphère.
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