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Forêt

Nourrir le monde sans autre déforestation est possible

Il est possible de nourrir la population mondiale sans continuer de déboiser, disent les scientifiques. Et cette hypothèse serait d’autant plus probable que l’on consommerait moins de produits d’origine animale.

La déforestation est nécessaire pour nourrir une population mondiale qui ne cesse de croître – cette idée reçue est aujourd’hui mise à mal par des chercheurs de l’institut d’écologie sociale de Vienne/Autriche. Dans une étude publiée en avril 2016, ils présentent les résultats de leurs travaux selon lesquels il est possible de produire suffisamment d’aliments pour nourrir la population mondiale en 2050 tout en préservant la situation actuelle des forêts dans le monde.

Ces chercheurs ont effectué des calculs complets pour évaluer les options d’alimentation de la population mondiale en 2050 dans une situation hypothétique de déforestation nulle. Ils ont pris en compte divers facteurs essentiels – notamment la technologie agricole (par ex. rendements, intensité d’utilisation des sols), les divers systèmes d’élevage, l’étendue des terres utilisées pour la culture ou l’élevage, l’alimentation humaine (végétalienne, végétarienne, consommation modeste de viande, etc.) – et ont constaté qu’environ 60 pour cent des 500 scénarios envisagés constituaient des solutions possibles.

La préservation des forêts devient plus difficile lorsqu’on consomme plus de produits d’origine animale

Selon les chercheurs, les habitudes alimentaires de l’homme constituent le facteur le plus important. Si la population mondiale avait une alimentation végétalienne, toutes les combinaisons de paramètres, même ceux qui prennent en compte les rendements les plus faibles et une faible expansion des terres cultivées, seraient possibles. Avec une alimentation végétarienne, 94 pour cent de tous les scénarios envisagés seraient également possibles.

Il en résulte que la préservation des forêts devient plus difficile lorsqu’on consomme plus de produits d’origine animale. Dans le cas d’une alimentation à fort pourcentage de viande, seulement 15 pour cent des 500 options initiales permettraient de préserver les zones forestières. Sans compter que ces scénarios sont basés sur une gestion agricole intensive et sur l’expansion massive des terres cultivées aux dépens des terres actuellement utilisées comme pâturages.

L’agriculture biologique pour nourrir la population mondiale est une solution envisageable

Les chercheurs s’accordent pour dire qu’en cas d’adoption d’un régime alimentaire principale-ment végétalien ou végétarien, il serait même possible de nourrir la population mondiale avec des formes d’agriculture extensive, telles que l’agriculture biologique, tout en préservant en même temps les surfaces forestières.

L’élevage et l’exploitation de surfaces comme pâturages ont cependant aussi des effets positifs : par exemple, certaines surfaces ne se prêtent pas à la culture et peuvent contribuer à production alimentaire en étant utilisées comme pâturages. Une réduction du gaspillage de biens et le com-merce équitable des produits alimentaire à l’échelle mondiale sont des conditions essentielles pour garantir la sécurité alimentaire, disent les auteur(e)s de l’étude.

Il faudra soit accroître l’utilisation des sols, soit intensifier les flux du commerce alimentaire mondial

Selon les chercheurs, l’objectif visant à fournir une nourriture suffisante à l’ensemble de la population mondiale suppose l’adoption d’un important compromis : il faudra soit accroître l’utilisation des sols et l’étendre à des zones telles que les prairies naturelles – zones actuellement utilisées, par exemple, pour l’agriculture de subsistance et abritant une part considérable de la biodiversité mondiale. À défaut, on pourrait constater une intensification massive des flux du commerce alimentaire mondial car de nombreuses régions ne seront pas en mesure de nourrir leur population, même dans un monde où, en moyenne, la production mondiale serait suffisante.

C’est là un fil potentiel pour la sécurité alimentaire des régions à faible pouvoir d’achat et comptant déjà sur les importations alimentaires, telles que de vastes parties de l’Afrique subsaharienne. L’organisation de ces interdépendances commerciales à l’échelle mondiale de manière durable pose toutefois un problème considérable dans la mesure où les institutions capables de gérer l’équilibre entre l’offre et la demande au niveau mondial n’existent actuellement pas ou n’en sont encore qu’à un stade peu avancé de leur mise en place.

L´étude: Erb, K.-H., Lauk, C., Kastner, T., Mayer, A., Theurl, M.C. & Haberl, H. (2016). Exploring the biophysical option space for feeding the world without deforestation. Nature Communications, 10.1038/10.1038/NCOMMS11382

(Alpen-Adria-Universität Klagenfurt/ile)

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