Les différents éléphants africains ont longtemps été considérés comme des représentants de sous-espèces du taxon Loxodonta africana. De récentes études génétiques ont démontré que les deux principales sous-espèces africaines Loxodonta africana africana et Loxodonta africana cyclotis étaient en fait deux espèces distinctes : en Afrique, il convient donc de distinguer désormais L’éléphant de savane d’Afrique ou simplement éléphant de savane Loxodonta africana et l’éléphant des forêts Loxodonta cyclotis.
L’éléphant de savane Loxodonta africana est une espèce de mammifères de la famille des Elephantidae. Il s’agit du plus grand animal terrestre, mesurant en moyenne 4 mètres au garrot et pouvant peser environ 6 tonnes pour le mâle et 4 tonnes pour la femelle. Loxodonta africana ou Eléphant de savane comme son nom l’indique est généralement rencontré dans les écosystèmes savanicoles d’Afrique, en prairie, marécage, et aux abords des fleuves du Cameroun, de la RCA, du Nord-est de la RDC, du Tchad, jusqu’en Afrique du Sud.
Il est principalement herbivore et raffole aussi les fruits et des écorces d’arbres (Balanites et Acacia). Il peut vivre dans un habitat où les fruits sont tout aussi rares. Il se déplace généralement sur des longues distances pour trouver de la nourriture. Pendant la saison des pluies, il se déplace assez loin et vit principalement d’herbes nourrissantes. Pendant les mois plus secs, il peut continuer à s’alimenter d’herbe, mais il complète alors ses repas avec des fruits, des feuilles, des rameaux et même des écorces de divers arbustes et arbres. Le déracinement et l’arrachage de l’écorce se produisent principalement vers la fin de la saison sèche, lorsque la nourriture se fait rare.
Du point de vue social, les éléphants de savanes en liberté ont des territoires. distincts en saison sèche et en saison de pluies. Ils vivent généralement en groupe plus élargi que les éléphants de forêt. Les éléphants vivent généralement en troupeaux, constitués des femelles et leurs petits, et guidés par la femelle la plus âgée, la matriarche. Les vieux mâles, eux, vivent seuls.
La régression et l’éventuelle disparition d’un herbivore important comme l’éléphant s’accompagneront de bouleversements écologiques majeurs. L’éléphant occupe en effet une place centrale dans les savanes : Il joue un rôle significatif dans le maintien de la physionomie des écosystèmes savanicoles (architecte des paysages) et dans la régénération des espèces végétales (disséminateur des espèces végétales). Il permet donc le maintien des écosystèmes et réduit leur vulnérabilité.
Par ailleurs, il est un indicateur écologique de la santé (état global) de l’écosystème ; sa disparation signifierait celle de beaucoup d’autres espèces. L’éléphant revêt une importance socioculturelle. Pour certaines cultures, l’éléphant représente un symbole de puissance, de grandeur et de force. Il serait donc inadmissible de faire ou de laisser disparaître un tel symbole. Il est important de valoriser cette espèce entre autre par le tourisme cynégétique/écotourisme et la chasse sportive qui génèrent des revenus aux Etats et aux populations locales.
L’éléphant d’Afrique est considéré comme une espèce menacée de disparition selon la liste rouge de l’UICN. On recense aujourd’hui environ 500.000 éléphants d’Afrique. Une étude de terrain de grande envergure, menée par des chercheurs de Gembloux Agro-Bio Tech (Université de Liège), révèle qu’en quarante ans, un éléphant sur deux a disparu des savanes d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Le constat est plus alarmant en Afrique centrale où trois éléphants sur quatre ont disparu (75%) durant cette période. Les scientifiques attribuent cette menace d’extinction à plusieurs facteurs dont deux principaux.
D’une part, une démographie humaine importante qui regroupe les menaces directes et indirectes. Pour les menaces directes, l’importante démographie humaine induit :
- Le braconnage (surtout pour les ivoires afin d’alimenter la grande demande sur le marché illicite) ;
- La fragmentation et la diminution de son espace vital liée à la mise en place de grandes sociétés agro-industrielles et minières mais aussi par une agriculture de subsistance extensive.
- Les conflits Hommes-Eléphants : des sources affirment que des abattages massifs étaient pratiqués pour protéger les cultures/plantations.
En ce qui concerne les menaces indirectes nous avons les faiblesses institutionnelles telles que :
- L’incapacité de gestion des conflits Hommes-Eléphants ;
- L’incapacité de contrôle du commerce des ivoires ;
- L’insécurité transfrontalière grandissante induit par la porosité des frontières
- Les capacités insuffisantes de mise en œuvre efficace des stratégies de lutte anti-braconnage ;
- Insuffisance de l’application de la législation.
D’autre part, les changements climatiques provoquent, depuis le début des années 70, un important assèchement de cette partie du globe (Afrique en général). Les savanes d’Afrique de l’Ouest et du Centre ont perdu, sur cette période, un isohyète de 100 mm de pluie (soit 10% du volume annuel). Cet assèchement provoque des bouleversements créant une concurrence entre les espèces de la faune pour l’accès à l’eau, à la nourriture et favorisant la transmission de certaines maladies.
A ces deux causes principales s’ajoutent les pertes liées aux conflits armées et au commerce illégal de l’ivoire (notamment avec le continent Asiatique), surtout dans les savanes d’Afrique Centrale.
Pour certains auteurs, les mesures de protection sont inutiles, car la population est stable. Pour d’autres, les éléphants sont localement surabondants, mais leur population générale diminue de façon alarmante, puisqu’en 1979 on l’estimait à 1,3 million et à 5 millions en 1930.
La sauvegarde et/ou la conservation de Loxodonta africana est donc un devoir important pour la population d’Afrique toute entière.
kyeblouabe.zahiiky@iucn.org
Winnie KITIO T.
Chargée de la Communication
UICN-PACO Programme Cameroun