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Interview AEP

Son Excellence François-Xavier de DONNEA, Facilitateur Belge pour la PFBC

Brazzaville a accueilli le 1er juin la 4e réunion des collèges du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo, PFBC. A cet occasion, AEP  a échangé avec  le Facilitateur Belge à la tête  de ce Partenariat, Son Excellence François-Xavier de DONNEA qui nous livre dans cette entretien sa vision globale sur le fonctionnement de cette institution et nous donne une idée de la feuille de route de la nouvelle sa Facilitation.

AEP : Quel est le regard premier que vous jetez sur la gouvernance forestière en Afrique centrale ?

 François-Xavier de DONNEA : Je pense qu’il y’a de très fortes différences entre les pays car certains sont plus avancés et d’autres ont certes la volonté de faire quelque chose, mais n’ont pas forcément les moyens financiers. Donc, je pense qu’il est important que la communauté internationale continue à soutenir les efforts des pays qui veulent vraiment avancer et aussi qu’un dialogue régulier au plus haut niveau soit organisé de façon à inciter les pays qui ont peut être moins de volonté politique à rejoindre le pelletons de tête.

Vous venez de prendre la tête du partenariat, comment le voyez-vous ?

Je vois le partenariat comme un organe de dialogue large qui va au-delà des réunions ministérielles de la COMIFAC, la CEEAC et d’autres organisations internationales, mais qui inclut aussi le secteur privé, la société civile, les ONG internationales, les bailleurs de fonds, les partenaires techniques et financiers. C’est aussi une caisse de résonnance, un endroit où l’on peut maintenir vivace la flamme de la volonté de sauver les forêts, la biodiversité et d’atténuer les changements climatiques. Le partenariat qui n’est ni un bailleur de fonds, ni un organe financier est un organe qui a la responsabilité  de défendre les valeurs morales en ce qui concerne la préservation de l’environnement en Afrique centrale.

Que peut-on noter en termes de déclinaison dans la feuille de route que vous avez adopté pour les deux prochaines années à la tête de ce partenariat?

La feuille de route s’inscrit dans la continuité du partenariat qui a été animé par l’Union Européenne. Tout d’abord, nous mettons l’accent sur la nécessité d’un dialogue politique de haut niveau régulier,  la  lutter contre le braconnage armé qui s’internationalise de plus en plus dans les zones transfrontalières.

Autres points que nous mettons en exergue, c’est la nécessité de continuer à être attentifs  aux changements climatiques et d’associer  davantage le secteur privé. Le but c’est de faire adhérer un grand nombre d’acteurs  privés à de codes de bonnes conduites qui les amènent à agir de façon respectueuse de l’environnement  et nous avons également  souligné l’importance de  la poursuite  des travaux scientifiques sur la région.

Lors de la réunion des parties qui se tiendra à Bruxelles les 27 et 28 novembre prochain, il y aura deux évènements importants connexes qui concernent à la fois le rôle que peut jouer le secteur privé pour exploiter de façon durable les forêts et les zones forestières, le secteur minier, le secteur pétrolier et le secteur agro industriel.

Quel est le regard que vous portez  sur l’action de la société civile ?

La société civile apparaît de plus en plus comme un groupe de pression politique pour amener les autorités publiques à renforcer leurs actions dans les domaines qui l’intéressent comme l’environnement, la gestion forestière, la préservation des droits des populations autochtones, le développement des populations forestières et les populations riveraines des forêts.

Vous prenez la Facilitation dans un contexte financièrement un peu tendu où les institutions en charge de ces questions peinent à trouver les financements pour accompagner  les politiques régionales adoptées. Alors quelle en est votre stratégie face à tout cela ?

Notre stratégie c’est de présenter des projets extrêmement  concrets aux bailleurs  de fonds qui veulent voir des résultats vérifiables et non des déclarations d’intentions, des conférences, des colloques qui finalement sont utiles mais parfois ne débouchent pas toujours sur les résultats concrets.

Faudra-t-il voir en la prochaine réunion du partenariat qui se tiendra en Belgique au siège de l’Union Européenne comme étant une réunion qui devra se focaliser sur les appels de moyens en direction du Bassin du Congo ?

Il y’aura certainement une réunion des bailleurs de fonds et comme elle se tiendra  à Bruxelles, nous aurons beaucoup de chance d’avoir de hauts responsables de ces bailleurs de fonds; les acteurs importants qui soient présents tant sur le plan politique africain qu’européen, nord-américain que des représentants influents de grands  bailleurs de fonds. Sans compter qu’il sera plus facile de réunir à Bruxelles les fédérations professionnelles et internationales  qui sont concernées par les activités dans les forêts.

 On vient de tenir la quatrième réunion des collèges du PFBC et au cours des présentations on a ressenti un appel au soutien sur les mécanismes, l’opérationnalisation du fonds vert en Afrique Centrale et du fonds bleu. Est-ce que ces instruments à votre avis sont suffisamment prêts pour se positionner en tant que catalyseurs de financements ?

  Je crois que ces initiatives sont très utiles mais elles donnent l’impression aux bailleurs de fonds d’être rivales ou de risquer d’engendrer des doubles emplois. Il est très important que les chefs de files du fonds bleu du Congo et du fonds vert la République démocratique du Congo  se concertent pour arriver à une position commune et à des projets complémentaires et compatibles notamment sur les tourbières.

Je pense que s’ils arrivent  à s’entendre  sur la division du travail entre les deux fonds et s’ils arrivent avec des projets concrets notamment sur les tourbières puisque il y en a de part et d’autre, je suis persuadé qu’ils trouveront des financements. Mais, il faut qu’on soit sûr que cela se fait dans la bonne entente et dans la collaboration de l’ensemble des pays  de la région y compris le Congo Brazzaville et la République démocratique du Congo.

  Et pour conclure comment appréciez-vous le niveau du dialogue de communication entre les membres du partenariat ?  Et quel est le rôle que la nouvelle facilitation accorde à l’action de la communication des médias au sein de cette nouvelle face ?

  Il est évident que  si le partenariat veut jour un rôle de caisse de résonnance, d’aiguillon aussi d’annonceur d’alerte, il faut  qu’il passe par les médias. Les médias jouent évidemment un rôle très important pour relayer les opinions qui sont émises par le partenariat. Tout ce qui ne fait pas l’objet d’une publication ressemble fort à un avorton.

 Propos recueillis par Raoul Siemeni

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