Une vingtaine d’experts, membres de la Plateforme africaine des institutions régionales de la pêche, de l’aquaculture et des systèmes aquatiques (plus connue sous son acronyme anglais APRIFASS) se réunissent en Assemblée générale, depuis hier et jusqu’au 20 avril, à Marrakech, sous le thème « la stratégie de coopération régionale et les partenariats pour le développement de l’économie bleue en Afrique ».
Durant trois, les participants vont se plancher sur le thème de cette Assemblée générale. Constat fait, « aucun État ne peut, à lui seul, trouver des solutions aux problématiques de pêche, qui sont toujours transfrontalières ». Ainsi, la nécessité de la coordination et de l’harmonisation des approches, déjà exprimée à travers des institutions régionales, a franchi un pas décisif en 2015, lorsque l’Union Africaine, a créé, à Abidjan, une plateforme appelée Aprifaas.
Cette institution, avec pour missions essentielles, de faciliter les échanges d’informations, limiter les chevauchements ou obstructions d’actions, améliorer le dialogue entre toutes les parties prenantes, renforcer la voix unie de l’Afrique dans les instances internationales et lors des négociations des questions de pêche et d’aquaculture.
La dynamique lancée sous la houlette du Bureau interafricain des ressources animales (UA-BIRA) a été marquée par la densification des adhésions, la planification des activités, la mise sur pied des premiers organes (assemblée générale et Bureau exécutif). L’élan a été freiné par la pandémie du Covid-19, et la fin de la première phase du projet de gouvernance des pêches (‘’FishGov 1’’), soutien important de Aprifaas. Néanmoins, trois Assemblées générales se sont tenues, dont la dernière en mode virtuel en novembre 2021.
Approche intégrée
« Malgré toutes leurs performances, les technologies ne peuvent pas se substituer aux contacts humains », s’est félicité à l’ouverture des travaux le représentant du ministère marocain en charge des pêches, en réitérant l’engagement de son pays à « soutenir les initiatives collectives » pour une gestion durable des ressources halieutiques du continent. Lui faisant écho, le représentant du directeur de UA-BIRA a souligné que l’économie bleue en Afrique « ne peut être gérée avec efficacité que dans une approche intégrée ». Les opportunités sont gigantesques, rappelle, pour sa part, le délégué de l’agence du développement de l’union africaine (UA-NEPAD), qui entrevoit un potentiel de 26 milliards de dollars de revenus de la pêche et de l’aquaculture sur le continent à l’horizon 2063.
Challenge du nouveau Bureau
C’est dire que l’immensité et la complexité de la tâche confiée au nouveau Bureau exécutif de Aprifaas, qui a pris fonction à Marrackech pour les deux prochaines années. La présidence en est confiée à l’Afrique du Nord, à travers la Conférence ministérielle pour la coopération halieutique entre les États africains riverains de l’Atlantique (COMHAFAT, qui co-organise cette quatrième AG avec UA-BIRA). Les autres postes sont dévolus à des organismes représentant l’Afrique de l’Est (IGAD, Premier vice-président), l’Afrique centrale (COREP, deuxième vice-président), l’Afrique de l’Ouest (CPCO, premier rapporteur), et l’Afrique australe (COMESA, deuxième rapporteur).
Assurance a été donnée par M. Abdelouahed Benabbou, Secrétaire exécutif de la Comhafat, que la nouvelle équipe saura se montrer à la hauteur de son immense challenge pour « consolider les acquis et dynamiser l’élan collectif au sein d’Aprifaas».
Le plan d’action 2022-2023, en cours d’adoption, permettra d’y voir plus clair.
Harmoniser et prioriser
« À travers APRIFASS, nous voulons, entre autres, faciliter la coordination des activités et les échanges d’informations entre institutions de la pêche et de l’aquaculture, mais aussi éliminer les doublons qui entravent l’efficacité des actions. De même qu’il est nécessaire de poursuivre les démarches pour que le continent s’exprime d’une voix harmonisée lorsque nous nous présentons aux négociations internationales. Quatre groupes techniques sont à l’œuvre pour concrétiser les défis d’Aprifaas, avec des thématiques spécifiques et des critères de résultats : gouvernance, pêche artisanale, commerce du poisson, promotion. Il faut impérativement harmoniser les démarches et prioriser les actions.» a déclaré Dr. Patrick Karani, Expert environnemental en chef à UA-BIRA
Une application effective des recommandations
Selon M. Mohamed Sadiki, Représentant COMHAFAT au Bureau de APREFAAS, « C’est depuis 2015 que la COMHAFAT s’inscrit dans la dynamique de coordination régionale des activités halieutiques en Afrique, d’abord dans sa région de compétence, et en étendant ensuite son expérience à tout le continent. Nous avons déjà contribué à l’élaboration de projets communs, à l’accompagnement de la création de structures transnationales, au soutien technique et financier pour la visibilité de l’Afrique dans les forums de pêche au niveau continental et mondial. Nous comptons capitaliser tous ces acquis au service de AFRIPAAS. Nous voudrons veiller à l’application effective de toutes les recommandations formulées lors des diverses assemblées générales, rattraper le retard accusé dans l’exécution de certaines actions, et assurer un leadership de qualité pour la mise en œuvre des réformes de pêche adoptées au niveau de l’Union africaine ».
Par André NAOUSSI (OMPDA) / AEP