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Interview AEP

Monsieur Emmanuel ZE MEKA, Directeur Exécutif de l’OIBT

 

Libreville, la capitale du Gabon a abrité en  novembre 2013,  la 49e session de l’Organisation Internationale des bois tropicaux. A l’issue de cette rencontre, Monsieur Emmanuel  ZE MEKA,  Directeur Exécutif de l’OIBT,  nous a livré ses impressions sur la tenue de cette activité.

 

Afrique environnement plus : La 49e session des bois tropicaux vient de s’achever, que peut-on retenir de façon substantielle de cette activité ?

ZE MEKA : Nous tenons tout d’abord à remercier le gouvernement du Gabon pour la bonne organisation de cette rencontre.  Il a mis à notre disposition des infrastructures nécessaires pour qu’on puisse tenir notre session avec succès. Ce que je peux dire en termes de rappel est que la 49e session de l’OIBT,  est la 2e session que nous tenons suite à l’entrée en vigueur de l’accord de 2006. C’est un accord qui est entré en vigueur au mois de décembre 2011. Ce nouvel accord avait  des enjeux assez importants  pour favoriser  la gestion durable des forêts en général, et surtout pour promouvoir  la contribution des forêts dans le développement durable. Donc, cette 2e session a fait suite à la 1ère session que nous avons tenu en  novembre dernier, pour mettre en place les éléments qui permettent de matérialiser  et d’opérationnaliser cet  accord de 2006. Au cours de la 48e session, nous avons élaboré un plan stratégique de 2013 à 2018 pour mettre en vigueur cet accord, nous  avons également établi   certaines procédures. Et au cours de cette 49e session,  nous avons  continué à mettre en place tout ce dispositif qui permet de faire en sorte que nous puissions tirer le meilleur de ce nouvel accord. Nous avons par exemple rediscuté des problèmes de financement pour pouvoir réaliser ce plan stratégique. Nous  avons aussi discuté des décisions sur la révision de la gestion durable des forêts dont la première version a été rédigée en 1990, et maintenant, nous devons la réviser pour permettre la mise en œuvre des accords. D’une manière générale, cette 49e session a consisté surtout à mettre les éléments de mise en œuvre de l’accord de 2006.

Quel état faites-vous des forêts tropicales au niveau de l’Afrique centrale ?

Je pense qu’au niveau de l’Afrique centrale,  le progrès est sensible parce que nous avons réalisé une étude en 2011 sur l’état de la gestion des forêts tropicales d’une manière générale. L’étude a revelé que,  pour ce qui concerne l’Afrique centrale, la  superficie des forêts sous gestion durable dans le bassin du Congo a pratiquement doublé  entre 2005 et 2011. Dans  la même période, les superficies des forêts qui ont des plans d’aménagement ont presque quadruplé. Ce  qui veut dire que d’ici peu de  temps, ces superficies seront également gérées de manière durable.  Mais, la progression est très bonne et nous souhaitons que les pouvoirs publics, les  partenaires privés et les ONG continuent à accélérer dans cette lancée.

 

 Pensez-vous qu’il y ait encore  des défis à relever  au regard de toutes ces avancées?

Bien sûr qu’il y a des défis à relever et l’un des principaux est lié à la gestion durable des forêts. Dans  cette gestion durable, il y a plusieurs défis, certains concernent les administrations forestières et les gouvernements, d’autres concernent essentiellement le secteur privé qui joue un rôle, notamment au niveau de l’exploitation du bois. Et  nous sommes sans ignorer qu’actuellement il y a beaucoup de problèmes sur les exploitations du bois, surtout en direction de nos marchés traditionnels, comme en Europe où certaines contraintes sont émises pour  l’exportation du bois. Mais ces contraintes   sont aussi des opportunités, car grâce à elles,  nous pouvons aussi assurer  une meilleure gestion forestière.  Il est,  certes,  vrai que dans un temps un peu limité, nous constaterons une baisse de nos exportations de bois, mais je pense qu’à long terme,  ce sont les pays forestiers qui vont bénéficier  de ces nouvelles mesures prises sur l’exportation du bois. Au niveau des gouvernements et des communautés, il y a   beaucoup à  faire, et je pense que la première chose à faire est que  les gouvernements puissent permettre aux communautés locales de participer beaucoup plus aux efforts de gestion et c’est d’ailleurs l’une des grandes contraintes que l’on rencontre,   car la contribution des communautés n’est pas encore à son optimale.

Vous venez de prendre part à la 13e session du partenariat pour les forêts du Bassin du Congo, quel état faites-vous du fonctionnement de cette organisation ?

Disons que c’est un mécanisme important qui a été mis en place lors du sommet de la terre à Johannesburg (Afrique du Sud) en 2012.  Depuis lors, le partenariat s’est développé et il  s’est agrandi. Nous avons enregistré de nouveaux membres qui de part leur statut viendront également contribuer  à travers leurs activité à renforcer les actions du partenariat, ce qui est un atout favorable. Mais, il  faut comprendre que le partenariat en soi-même ne donne pas directement les fonds, mais il a des activités qui soutiennent la gestion durable des forêts, parce que certains partenaires ont des mécanismes   qui contribuent à des attentes dans certains domaines. Donc, le partenariat sert  à coordonner et à orienter, mais tout cela se fait dans le cadre des actions du plan de convergence de la Comifac. En fait, c’est un ensemble de mécanismes de coordination de ce que les partenaires peuvent faire ou apporter leur contribution pour l’alimentation du plan de convergence et   l’OIBT fait partie de ce partenariat

Jusqu’ici l’OIBT n’a toujours pas de siège régional au niveau de l’Afrique. Où en êtes-vous dans  le processus de ratification de l’accord de siège avec la République du Gabon ?

Bien que nous n’ayons pas d’accord de siège, mais, nous avons un représentant régional qui est basé   à Libreville et qui coordonne nos activités. Maintenant,  il fallait un peu monter de  grade et établir un site. Le  problème a été abordé  et les membres du conseil l’ont bien accueilli et nous estimons   qu’il faut ouvrir le débat d’une manière   plus large pour  voir les bénéfices et les impacts financiers de la création  des sièges régionaux. Je pense que c’est une réflexion qui va continuer, et  au bout, nous pourrions donner une réponse positive.

Quelles sont vos perspectives pour le Bassin du Congo ?

Nous avons beaucoup de projets d’avenir pour le Bassin du Congo.  Vous  savez qu’au mois de juin   dernier, il s’est tenu à Tokyo,  au Japon,  la conférence   internationale sur le développement en Afrique  et au cours de cette session,  l’OIBT a proposé certains projets d’ordre régional.  Nous avons comme projet de permettre le commerce intra-africain du bois, car nous avons au niveau du Bassin du Congo, une source de matières premières importante, alors  que dans d’autres régions d’Afrique, il y a un déficit en ressources forestières. Donc,  il est question d’établir et de favoriser les relations pour le commerce intra-africain  dans le secteur du bois. Un autre projet que nous avons proposé et qui est aussi de nature transversale est la surveillance de la biodiversité dans le bassin du Congo. Sur  ce plan, nous avons soumis une proposition de projet pour  essayer d’établir une surveillance aérienne pour faire le suivi de la biodiversité que ce soit au niveau des plantes ou de la faune parce que par les imageries satellitaires ou radars,    permettent  de détecter les exportations  illégales et d’avoir une idée plus précise de ce qui existe. Donc, nous espérons aussi que ce projet sera d’une grande utilité pour préserver notre biodiversité.

L’Afrique centrale est actuellement menacée par le problème de braconnage. Comment appréciez-vous ce problème au sein de l’OIBT ?

Nous pensons que c’est un problème très étrange,  car le braconnage tel qu’il se passe  en ce moment  ne menace pas seulement la faune, mais aussi les agents qui sont en charge de la protection de la faune. Je pense que c’est un problème sérieux.  Au  niveau de l’OIBT, nous proposons une meilleure surveillance aérienne de ce phénomène, car avec les techniques actuelles vous pouvez surveiller de manière très fine  tout ce qui se passe sur le terrain. Donc,  si nous sommes dotés d’un outil de ce genre, nous pourrions  contribuer à ralentir sinon à annuler ce phénomène.

Propos recueillis par Raoul SIEMENI et Claver HAKIZIMA

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