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Interview AEP

Mme Nezha El Ouafi, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’énergie, des mines et du développement durable du Royaume du Maroc

 

Entretien avec Mme Nezha El Ouafi, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’énergie, des mines et du développement durable du Royaume du Maroc

Vice-présidente de l’AMCEN et présidente de la 7ème conférence du conseil des ministres africains sur l’environnement.

AEP : Quel est l’objet de la tenue de la 7ème réunion du conseil des ministres africain d’environnement ici en Nairobi sous votre présidence ?

Mme Nezha El Ouafi : Permettez-moi, tout d’abord, de contextualiser l’organisation exceptionnelle de l’AMCEN qui vient suite à la décision prise lors de la 29ème réunion du Bureau tenue à Rabat, en avril 2018, et qui avait convenu de consacrer cette session à la préparation de la participation de l’Afrique à la COP14 sur la biodiversité, à la COP24 sur le changement climatique et à la prochaine assemblée du PNUE.

Vous savez, l’organisation de cette session plénière se tient dans un contexte particulier, marqué par le débat autour des questions de mise en œuvre de l’Accord de Paris et de l’Agenda 2030 et la nécessité de traduire l’enjeu environnemental et climatique en opportunités à travers le changement de paradigme de développement.

A cet égard, l’Afrique possède d’énormes potentialités pour s’inscrire dans cette démarche et nous sommes prêts à jouer un rôle capital dans la transformation de notre continent sur le plan de l’environnement et du développement durable notamment dans le domaine énergétique où le Maroc a réalisé des progrès réels surtout dans la promotion des énergies renouvelables ce qui lui a permis de préserver l’environnement et de créer des opportunités réelles d’investissement et d’emploi et une reconnaissance à l’échelle régionale et internationale. Il reste cependant nécessaire que l’ensemble des pays africains formalisent et mettent en œuvre leurs Contribution Nationales Déterminées (NDC) au regard aux engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris.

Comme en témoigne l’engagement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, au côté du Chef de l’Etat congolais, Denis Sassou N’Guesso, lors 1er Sommet de la Commission Climat du Bassin du Congo et du Fonds Bleu pour le Bassin du Congo, à Brazzaville en avril dernier, le Maroc apporte son soutien politique, son assistance technique et son appui pour le renforcement des capacités en matière de Changement Climatique à travers notamment le Centre de Compétence en Changement Climatique (4C).

De même le Maroc apporte sa contribution à la Commission du Sahel avec le même engagement. L’objectif étant de donner une réponse concrète et collective de l’Afrique face au défi climatique. C’est l’approche qui encadre notre vision en tant que partie prenante aussi bien au sein de l’AMCEN, qu’au sein de l’Union africaine.

 Quel bilan dressez-vous après cette rencontre?

Quant au bilan, la 7ème session extraordinaire de la CMAE a adopté un ensemble de décisions, ainsi qu’une déclaration politique portant les messages clés qui vont permettre à l’Afrique de parler d’une même voix aux prochaines échéances, notamment la COP14, la COP24 et l’ANUE4. Nous avons également échangé sur les enjeux multidimensionnels des changements climatiques et leur impact sur les politiques au niveau régional et local.

Mes collègues ministres ont été briffés au sujet des initiatives engagées dans la région à savoir les trois Commissions Climat (Bassin du Congo, du Sahel et Etats Insulaires) ainsi que sur l’Initiative de l’Adaptation en Afrique. Je crois que le bilan de cette rencontre est très positif, ces résultats vont nous guider dans nos participations en tant que région aussi bien à la COP24 sur le Changement Climatique qu’à d’autres événements internationaux Multilatéraux pour mutualiser et harmoniser nos attitudes et parler d’une voix unifiée de l’Afrique et faciliter les négociations.

Je voudrais également évoquer le contexte politique international marqué par quelques hésitations (réticences) vis-à-vis de l’Accord de Paris et d’autres Accords Multilatéraux. Je pense l’enjeu est de préserver les acquis de Paris et Marrakech et le multilatéralisme en continuant de leur donner notre appui politique. Le Maroc a toujours prôné l’esprit de consensus sur l’Accord de Paris et il a même consacré son engagement dans le multilatéralisme notamment à travers l’opérationnalisation des trois Commissions Climat sur le continent : Bassin du Congo, Sahel et Etats insulaires.

Après l’Accord de Paris, le Royaume du Maroc a réorganisé le système de réforme en termes d’approche de négociations sur les différentes thématiques avec la naissance des différentes Commissions climat du Bassin du Congo, du sahel et insulaire. Quelles sont les approches partenariales qui existent aujourd’hui permettant de poursuivre l’Accord de Marrakech dont les pays africains se sentent accompagner ?

Lors de la COP22, le Maroc a présenté une feuille de route pour le partenariat et l’accompagnement des pays africains en terme de changement climatique et de développement durable. Cette rencontre a été organisée en marge de la COP22 où les Chefs d’Etat africains, ont mis sur pied les trois Commissions. A ce stade, et en partenariat avec les autres pays nous sommes dans la phase de mise en œuvre de ces Commissions. Le Maroc, à travers son Centre 4C, accompagne ces commissions sur plusieurs plans notamment la définition d’un système de gouvernance, l’élaboration de plans d’investissement ou encore par le renforcement des capacités comme c’est le cas pour la Commission du sahel.

Quant à la Commission du Bassin du Congo, on a lancé une étude de préfiguration pour le Fonds bleu, un outil financier pour permettre la mobilisation de financements pour les projets prioritaires pour sauver ce deuxième poumon écologique de la planète.

Par ailleurs, mes collègues ministres du Congo, du Tchad et du Niger ont sollicité à la présidence de la CMAE pour l’intégration de l’état d’avancement de ces trois commissions dans la déclaration finale de cette 7ème Session extraordinaire de la CMAE, et de continuer à porter la voix de l’Afrique au plus haut niveau à la lumière de ce qui a été fait lors de la COP historique de Marrakech.

Il  a lieu de signaler également, que nous travailler avec d’autres pays pour renforcer la coopération Sud-Sud en matière d’environnement et de développement durable au niveau régional. Dans ce cadre, nous avons signé une dizaine d’accord avec nos pays amis et frères en l’occurrence Madagascar, Côte d’Ivoire, Niger, Guinée, etc,… qui ont été déclinés en feuille de route et en plans d’actions concrets et qui sont en cours de mise en œuvre.

 

Propos recueillis par Raoul Siemeni

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