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Environnement

Une mer d’eau souterraine au secours du lac Tchad

Ce lac sahélien, classé 6e plan d’eau le plus important de la planète dans les années 1960, a perdu 90% de sa surface dans les années 1970-1980.

AFP/Archives – SIA KAMBOU

Une nouvelle étude montre que le lac Tchad ne diminue plus depuis 20 ans. Le retour des saisons humides et la régulation des eaux grâce à un immense aquifère découvert sous le lac ont permis de stabiliser ce plan d’eau dont dépendent 50 millions de personnes.

Le lac Tchad ne diminue plus ! Ce vaste lac sahélien à cheval entre le Tchad, le Cameroun, le Nigeria et le Niger, a vu sa surface réduite de 90% depuis les années 1960. Il était alors classé sixième plus grand plan d’eau intérieur du monde, avec une superficie de 25 000 km2. Le lac Tchad est en effet l’étape ultime du système de drainage du plus large bassin continental d’Afrique — soit 8% de la superficie du continent. Mais dans les années 1980, il s’était réduit comme peau de chagrin et occupait moins de 2000 km2, devenant un symbole du changement climatique. Vidé par les longues périodes de sécheresse des années 1970-1980, le lac s’est divisé en deux compartiments :  une cuvette nord sans affluent, et la cuvette sud, alimentée par le fleuve Chari et la rivière Logone. La sécheresse régulière de la première a vite inquiété la communauté internationale quant à la possible disparition du lac, dont dépend la survie d’environ 50 millions de personnes. Le projet d’alimenter le lac en transférant les eaux du fleuve Congo ou du fleuve Oubangui ressurgit ainsi régulièrement depuis les années 1980 et a été une nouvelle fois évoqué par les dirigeants de la région en février 2018.

Des précipitations en hausse dans les années 1990

Toutefois, une nouvelle étude vient aujourd’hui balayer les idées reçues : non, le lac Tchad n’est pas en train de disparaître. “Si l’on fait une longue reconstitution, le lac Tchad se montre extrêmement variable, explique Florence Sylvestre du Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement (Cerege à à Aix-en-Provence et l’un des auteurs de l’article paru dans NatureCertes, le lac n’a pas retrouvé son niveau de 1950 et reste assez bas. Mais depuis vingt ans, il demeure stable et ne s’assèche plus chaque année !” Ce résultat repose sur l’étude de données satellitaires, en optique, micro-ondes, altimétriques et gravimétriques. Un changement s’est opéré dès les années 1990, qui ont vu les précipitations augmenter dans l’ouest du Sahel.

Par Sylvie Rouat

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