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Santé

[Tribune] En Afrique, la bataille contre le coronavirus ne fait que commencer

Sur le continent, la plupart des systèmes de santé fonctionnent déjà à pleine capacité et le dépistage de masse reste hors de portée. Le confinement est avant tout un moyen de gagner du temps. Mais comment préparer l’après ?

Il y a évidemment beaucoup de choses que nous ne connaissons pas sur le Covid-19 en Afrique : la valeur réelle des compromis en jeu, si la jeunesse des populations fera diminuer la mortalité, ou si les nombreuses maladies comme la tuberculose ou la malnutrition sévère l’exacerberont, ou encore à quel point le système de santé non lié au Covid sera affecté.

Pourtant, les dirigeants africains sont témoins des défis économiques et sociaux liés au maintien du confinement, même partiel, et ils ont en main les informations sur la capacité de leur système de santé et sur les finances publiques. Ils savent qu’ils ne peuvent maintenir un confinement prolongé, leurs populations ne pourraient y survivre.

Cette situation pourrait aller jusqu’à provoquer des troubles, comme cela a déjà été le cas en Ouganda, en Afrique du Sud ou au Kenya. D’autres pays viendront s’ajouter à cette liste, dès lors que leurs gouvernements ne pourront plus subventionner les vivres des populations des zones urbaines à forte densité.

Gagner du temps et se préparer au pire

Pour l’instant, les fermetures de frontières, les confinements et les politiques générales de distanciation sociale font gagner du temps aux gouvernements africains, pas jusqu’à ce qu’un vaccin soit disponible (la plupart des pays ne peuvent se permettre de stopper leurs économies et de se priver de moyens de subsistance aussi longtemps) mais pour suivre l’épidémie, préparer leur système de santé, leur économie et leur population.

Il ne fait aucun doute que les dirigeants doivent se préparer au pire. Comme l’a souligné fin avril l’épidémiologiste Salim Abdool Karim, président du comité scientifique consultatif ministériel de l’Afrique du Sud, il n’existe aucune preuve tangible que l’Afrique échappera au même sort exponentiel que le reste du monde.

Une fois les confinements levés, nous devons nous attendre à une augmentation considérable du nombre de cas au sein de la population, bien que nous ne sachions pas jusqu’à quel niveau. Cette crise restera cachée pendant plusieurs mois, car la capacité de test est encore cruellement insuffisante dans la majorité des pays.

C’est un moment intensément politique pour les dirigeants, en particulier ceux ne disposant pas de données fiables sur la poursuite du confinement, qui devront voir si l’assouplissement des restrictions pourrait passer pour un retournement politique et être interprété comme étant la fin plutôt que le début de la crise.

 

Par Kate DooleyDirectrice Afrique de l’Ouest du Tony Blair Institute

 

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