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Conservation

Entretien avec Monsieur Marco LAMBERTINI, Directeur Général du WWF en marge de la 14e Conférence des nations unies sur la biodiversité à Sharm el scheik

AEP : Quels sont les enjeux de la 14e conférence de la convention des nations unies sur la biodiversité ?

Monsieur Marco LAMBERTINI : La convention sur la biodiversité est tout d’abord une convention fondamentale qui vise à préserver notre environnement naturel ainsi que les ressources naturelles qui impactent sur notre société, notre santé, notre économie et notre bien-être.

Pour plusieurs d’entre nous la nature est une source certaine d’inspiration, nous bénéficions tous d’elle. Qu’il s’agisse de la production d’aliments ou de l’usage des ressources de cet écosystème, la nature a un rôle à jouer dans toutes ces activités. Et maintenant pour éclairer l’aspect politique de la Convention, notons que La Secrétaire exécutive Madame Palmer dans son mot d’ouverture n’as pas manqué de souligner le combat à mener pour emporter l’adhésion de nos décideurs, de nos gouvernements ainsi que les leaders des secteurs d’activités concernées afin de valoriser davantage notre nature gage d’un développement durable. C’est pour cette raison que la bataille pour implémenter cette convention devient un nouvel engagement pour protéger la nature et les populations. Cette position est au centre de notre agenda car la nature est véritablement indispensable au développement humain.

Deuxièmement nous veillons à renforcer la protection de la nature même si nous constatons que l’implémentation n’est pas si avérée. Même nos défenseurs continuent de se battre dans ce sens. Les indicateurs nous alarment suffisamment et nous devons redoubler de vigilance, ces quarante dernières années 60% de la population vivent sous la menace issue de la négligence de la biodiversité.

Le WWF justement lors de cette conférence a un agenda avec des activités parallèles, les stands d’exposition, qu’est ce qu’elles présentent?

Nous nous focalisons sur un certain nombre de thèmes,  par exemple sur la conservation des écosystèmes tels les océans . Nous nous intéressons aussi au besoin de protection et de sécurisation accrue de la nature, de la planète, considérant aussi la question des changements climatiques et de développement durable, mais nous focalisons de plus en plus sur les causes de dégradation de la biodiversité, sur la production d’aliments et la production d’énergie comme causes majeures, et même nous jetons un regard sur la déforestation persistante qui empêche cette gestion durable de la biodiversité.

Notre système traite aussi de la construction des infrastructures en vue du développement durable. 25millions de nouvelles routes sont à construire soit 600 fois le tour du globe, plus on aura besoin d’aliments, plus on aura besoin d’infrastructures, et la préoccupation la plus grande restera celle de savoir comment produire nos aliments, et comment développer nos infrastructures sans nuire autant à la nature. Donc il urge de trouver une solution durable pour produire nos aliments et construire également nos infrastructures.

 

 Le WWF intervient en Afrique notamment dans les communautés en Afrique Centrale, comment est-ce que vous appréciez  l’intégration de la biodiversité dans tous les secteurs, au sein des politiques globales au niveau africain sur les questions de conservation ?

La situation en Afrique disons-le n’est pas différente de celle d’ailleurs en terme de causes, problèmes et solutions. Actuellement la tension vers le développement, y est très dynamique sauf que les leaders africains ont l’opportunité de développer leurs sociétés en mettant sur pied un nouveau modèle qui consisterait à mieux gérer les ressources et non à les dilapider systématiquement. Ils ont la possibilité d’implémenter un modèle de croissance verte qui implique une gestion équilibrée entre les activités industrielles, la production d’aliments et la conservation des écosystèmes pour un développement durable, bref ils ont l’opportunité de conduire un nouveau moyen de développement basé sur l’énergie, les activités industrielles et la production d’aliments.

Les questions de financement sont un peu un handicap pour la mise en œuvre des politiques au niveau des États, et dans le cadre justement de la mise en œuvre des politiques liées à la conservation, à la lutte contre le braconnage et à la sauvegarde des espèces, alors au WWF comment est-ce que vous appréciez ces difficultés ?

Il s’agit là d’une question très substantielle car tous ces États réussissent à obtenir des supports financiers a un moment donné, mais ces appuis prennent une autre direction souvent, ou sont détournés. Hors nous sommes dans une logique de gestion durable des ressources.

Il en va ainsi de la production des énergies renouvelables, celle d’aliments, et même celle de la création des espaces agro pastoraux qui constituent un véritable challenge pour la convention. Cela nécessite un changement systémique dans la façon d’investir et orienter les ressources financières. Pour un meilleur partenariat entre les populations et les investisseurs, il faut que ces derniers daignent récompenser les populations pour leur impact positif de mise en œuvre des politiques sus évoquées. Ceci permet de renouveler entre autres la vision en vue de la préservation de la biodiversité

 la société civile africaine a très souvent besoin d’une collaboration assez poussée avec les organisations assez vastes comme le WWF, comment est-ce que vous définissez la politique de rapprochement nécessaire pour une meilleure intégration et collaboration entre ces organismes qui ont beaucoup de financements comme les vôtres et ces organisations de la société civile qui font beaucoup, et ont peu de contact avec les bailleurs et fondations internationales? Quel lien direct développer entre WWF et ces ONGs qui sont en contact direct avec les populations et qui ne se sentent pas très impliquées dans ces politiques ?

D’entrée de jeu, il faut une harmonie fondamentale entre les populations et la nature. Ce qui implique une mobilisation des populations, des Organisations de la Société Civile  et de tous.

L’Afrique possède une jeune population à même d’impacter sur le développement durable, il faut miser sur elle et développer de nouvelles stratégies et partenariats gagnants gagnants. Donc il est nécessaire de mobiliser plus de jeunes qui devront s’engager davantage dans la conservation afin de mettre sur pied un modèle global vert pour les communautés rurales.

 

Raoul SIEMENI et Marie TAMOIFO

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