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Industrialisation verte en Afrique : pourquoi il faut y croire

Industrialisation verte en Afrique : pourquoi il faut y croire

Le dernier rapport de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) revient longuement sur les opportunités d’une « industrialisation verte » pour le continent. Le défi réside dans la transformation des modes de production et la création d’infrastructures pour sécuriser les approvisionnements en eau, en énergies et en produits alimentaires. Plusieurs pays ont commencé à s’engager dans cette voie. Au Mozambique avec le Roadmap for a Green Economy – fondé sur l’utilisation rationnelle et la sauvegarde du capital naturel du pays –, ou en Zambie avec, l’Inclusive Green Growth Strategy.
Priorité à l’humain et au social
L’Afrique contribuant peu à la dégradation de l’environnement et du climat, la stratégie d’une « industrialisation verte » doit permettre de maintenir sa faible part aux émissions mondiales de gaz à effet de serre et d’anticiper les conséquences des bouleversements climatiques.
Pour cela, plusieurs axes de développement sont à explorer. La CEA en identifie quatre principaux : l’abandon des subventions aux activités polluantes, l’inclusion de normes environnementales dans la réglementation nationale, le « verdissement » des infrastructures publiques et le lancement du processus de découplage entre croissance économique et consommation de matières premières et d’énergies fossiles.
1. L’abandon des subventions aux activités polluantes a pour but de renoncer graduellement à subventionner les sources d’énergies fossiles. La Namibie a engagé une réforme des subventions aux carburants et leKenya également, à travers la promotion des transports publics.
2. L’idée d’inclusion des règles environnementales dans la réglementation nationale a pour finalité de prévenir et de lutter contre les dégâts environnementaux issus des activités de production. Le continent constitue un cas pathologique « d’incidents environnementaux » comme l’illustrent la pollution causée par Shell dans le delta du Niger en 2008 par des fuites d’un pipeline qui a ruiné l’activité économique des villages environnants ; les 500 tonnes de résidus toxiques répandues aux alentours d’Abidjan, en août 2006 par la multinationale Trafigura, qui ont causé l’intoxication des populations locales et la mort de dix-sept personnes ; ou encore le déversement de milliers de litres de pétrole par la filiale du China National Petroleum Company (CNCP), à Koudalwa au Tchad, en août 2013.
3. Le principe du « verdissement » des infrastructures publiques. Ce principe est présent au niveau du programme sud-africain de travaux publics ou encore par la mise en place, dès 2004, par la ville de Durban, d’un programme municipal de protection environnementale. On retrouve aussi des amorces de cette stratégie en Tanzanie et au Zimbabwe avec les « centres nationaux de production propre » ; en Ouganda avec l’industrie du cuir ; au Ghana avec la chaîne de valeur du bois ; en Côte d’Ivoire et au Nigeria avec l’agro-industrie.
4. Enfin, le processus de « découplage » qui se matérialise par une croissance moins émettrice de gaz à effet de serre. Elle est inscrite dans la mise en œuvre de projets comme les centrales hydroélectriques d’Inga III en République démocratique du Congo, de Mphanda Nkuwa au Mozambique ou de Sambagalou au Sénégal ; le Malawi mise sur le biocarburant, le Maroc et le Rwanda sur l’énergie solaire, le Kenya sur l’énergie géothermique ; en Afrique du Sud, les efforts se concentrent sur une gestion de l’eau et une exploitation minière durables ; en Ethiopie, on peut enfin citer le parc éco-industriel d’Awasa. Le dessein d’une « industrialisation verte » peut constituer un socle de la « renaissance africaine » et même offrir la chance d’une consolidation d’une idéologie politique africaine, le fédéralisme. La mise en commun de projets – hydroélectriques, routiers, villes « intelligentes »… – illustrant les premières réalisations concrètes de la future fédération.
Adam Abdou Hassan
lemonde.fr

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