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Environnement

Les Chefs traditionnels revendiquent un rôle plus important dans la gestion de la biodiversité

Le Réseau des Chefs Traditionnels d’Afrique pour la Gestion Durable de la Biodiversité et des Écosystèmes des Forêts (RecTrad) a lancé plaidoyer au cours d’un atelier qui se tienne du 31 juillet au 02 août 2023 à la fondation Friedrich Ebert à Yaoundé sur le thème « Les forêts disparaissent, les peuples et les traditions aussi. Plaidoyer des chefs traditionnels du bassin du Congo ».  

Bien que le Président du RecTrad se refuse à admettre ouverte que ses pairs et lui se sentent marginalisés dans le dispositif de gestion de la biodiversité au Cameroun et dans l’espace du Bassin du Congo, il reconnait néanmoins qu’« il y a une gêne ». Cette dernière s’illustre par le fait que les Chefs traditionnels ne sont pas pleinement intégrés dans le dispositif de préservation et de gestion de la biodiversité en Afrique Centrale. En cause, le peu d’influence qu’ils ont sur la prise des décisions dans ce secteur hautement stratégique voire vital aussi bien pour l’état, qui y récolte des dividendes, que pour les populations locales qui dépendent desdites ressources pour leurs besoins alimentaires et activités économiques.

Autre raison et pas des moins, le secteur draine d’importants financements gérés sans implication réelle des autorités locales. Cette situation est source de frustration pour beaucoup d’entre eux qui expriment de plus en plus leur agacement au motif que, en tant que leaders locaux, ils seraient mieux placés pour garantir de meilleurs résultats dans le combat pour la préservation des forêts et la biodiversité, donc susceptibles de bénéficier des financements alloués à cette cause.

Si le Président du RecTrad, Sa Majesté Bruno Mvondo, ne reconnait pas clairement que les Chefs traditionnels n’ont pas jusqu’ici une position enviable dans la galaxie des acteurs impliqués dans la gestion de la biodiversité au Cameroun et dans la sous-région, en revanche, il ne fait aucun mystère de l’ambition de ses pairs à jouer un rôle majeur dans le vaste chantier. « Nous voulons qu’on nous donne la première place et les moyens pour protéger ces ressources mieux qu’hier. Parce que nous sommes les riverains, les plus proches de la ressource et sans elles, nos traditions vont mourir. Donc nous sommes les premiers acteurs dans l’utilisation, la et la préservation de la biodiversité ».

Un rôle plus important

Au-delà des échanges d’expérience et autres exposés qui meublent l’agenda de cet atelier, à l’évidence, l’objectif poursuivi par les chefs traditionnels du Cameroun et de l’espace du bassin du Congo est avant tout de mettre en branle un plaidoyer dont l’aboutissement leur permettra dorénavant de jouer un rôle plus important dans le contrôle, l’utilisation et la gestion de biodiversité. A leur actif, plusieurs arguments pour soutenir et défendre leur ambition. D’abord en vertu des pouvoirs traditionnels dont ils sont détenteurs. Ils les tiennent de la nature, ce qui justifie leur engagement à faire face à tout genre de menaces pouvant entrainer la disparition de certaines essences végétales, ce qui aboutirait à la disparition des traditions et de leurs pouvoirs aussi, craignent-ils. Ensuite, les chefs traditionnels, et les communautés locales avec, vivent auprès des ressources naturelles depuis toujours. A ce titre, ils estiment légitimement détenir des savoir-faire traditionnels et les meilleures recettes pour protéger la biodiversité ou la gérer de manière durable.

En tout état de cause, la Fondation Friedrich Ebert, qui a alloué un financement pour la tenue des travaux dudit atelier, partage cette conviction que les Chefs traditionnels méritent une place privilégiée et un rôle plus stratégique dans la protection des forêts du bassin du Congo et de leurs ressources biologiques. « Pour nous, les Chefs sont des acteurs principaux dans la lutte contre la déforestation. Je pense que les Chefs connaissent mieux les réalités sur le terrain. On ne peut pas protéger les forêts sans respecter les cultures, les traditions et les peuples qui vivent dans ces forêts.  C’est pour cette raison que nous nous sommes décidés de nous joindre aux Chefs pour être tous défenseurs des forêts. Maintenant, il faut passer aux actions concrètes », estime Nina Netzer, Représentante résidente de la Fondation Friedrich Ebert.

Les Chefs traditionnels réunis dans le cadre de cet atelier effectuent ce mardi une descente de terrain dans la ville d’Ebolowa, région du Sud Cameroun, où ils auront des échanges avec le conseil régional. Le planting des arbres dans la ville est également prévu dans leur agenda au cours de cette descente. Les travaux s’achèvent le 02 août 2023 par des rencontres de haut niveau avec les autorités gouvernementales et parlementaires camerounaises.

Eugène MESSINA, à Yaoundé

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