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Interview AEP

Monsieur Gaston Grenier, Facilitateur canadien en Afrique centrale

Interview

Partenariat des Forêts du Bassin du Congo :

Gaston Grenier, Facilitateur canadien fait le point des deux ans passés à la tête  de cette institution d’Afrique centrale,                                                                

Afrique Environnement Plus : Vous venez de passer deux ans à la tête  de la facilitation PFBC.  À l’issue de ce mandat qui tire à sa fin, que pouvez-vous nous présenter de concret  comme réalisations?

Gaston Grenier : Ce mandat se terminera le 31 décembre 2012,  donc nous avons encore trois mois pour mener quelques activités prévues dans notre plan d’action. Il s’agit particulièrement de la réunion du conseil des ministres  de la Commission forêts d’Afrique Centrale (Comifac)  qui se tiendra à N’Djamena  en mi-novembre prochain, ainsi que du forum de la Conférence des Ecosystèmes et des Forêts d’Afrique Centrale  (CEFDAC) qui sera organisé très prochainement à Kigali – le Canada se prépare d’ailleurs à soutenir  de manière assez substantielle ce forum de la société civile-. En termes de résultat, nous avions planifié notre  programme en fonction de trois axes. Le premier consistait à contribuer à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique.                                        Sur ce plan, la Facilitation a apporté des plaidoyers  qui ciblaient les populations les plus pauvres dont la survie repose sur les ressources de la forêt. Nous avons comme exemple, les plaidoyers de  la Facilitation en faveur d’une certification forestière qui requiert la mise en place des mesures sociales, mais aussi des plaidoyers en faveur de la progression des processus REDD+ vers  des principes de redistribution des bénéfices vers les populations riveraines. On sait par exemple que dans le cadre de  la REDD+, si les populations  ne sont pas vraiment associées comme bénéficiaires, à ce moment là, il sera vraiment difficile de réduire de manière importante la déforestation et la dégradation des forêts. Sur le plan économique,   je dirai qu’il y a une question qui nous a tenaillés durant toute la Facilitation, c’est celle  que  nous avait posée le ministre des finances du Cameroun à savoir si le secteur forestier vaut vraiment la peine sur le plan économique. Pour répondre à cette question, nous avons préparé  des thèmes de référence pour aider le gouvernement camerounais à conduire une étude de retombées  économiques de la forêt pour le Cameroun, laquelle  étude pourrait  servir  de modèle  et pourrait aussi   influencer les  autres  ministères des finances et de la planification dans les autres pays de la région. Cette question de réduction de la pauvreté et de croissance économique s’inscrivait aussi dans la notion de croissance économique durable. Pour qu’elle prenne place, il faut de la gouvernance, de l’équité sociale, il faut s’occuper de l’environnement et des questions du genre. Nous avons fait un grand effort, par le biais de notre site web, pour diffuser la connaissance acquise dans ces différents domaines et informer les experts techniques impliqués dans le dialogue des politiques, dans la confection et la préparation des législations ainsi que des directives, pour justement arriver à bâtir cela.

Afrique environnement plus : Vous avez initié  ce qui tend à devenir une tradition lors des réunions du PFBC,  le marché de l’information, pourquoi une telle initiative ?

Gaston Grenier :  Il faut tout d’abord savoir que l’une des principales missions du Partenariat des Forêts du Bassin du Congo est de permettre aux différents membres partenaires de connaître  ce qui se fait dans la région afin de s’associer avec d’autres intelligences en vue d’améliorer l’efficacité des contributions qui viennent des partenaires du nord, l’efficacité des fonds qui sont mis à disposition des programmes des forêts par les gouvernements  eux-mêmes, que ce soit à travers des programmes d’aide budgétaire ou à partir de  leur propre budget. C’était  un peu cela le marché de l’information. Nous l’avons fait sous forme de marché de l’information parce que lors de nos réunions, cela permet à l’ensemble de nos partenaires de se rassembler  dans une période de trois ou quatre heures et d’échanger ensemble ce qu’ils ont acquis comme expériences, ce qu’ils ont comme projets. Tout cela se fait dans un climat informel qui favorise les échanges. Nous aurions voulu être plus systématique en bâtissant une base de données qui aurait fait la carte géographique de l’ensemble des projets et programmes qui sont financés par les différents donateurs dans la région, une expérience tentée par les allemands deux ans auparavant que nous avons bien voulu reproduire, malheureusement sans succès.  C’est pour cela que nous en sommes venus à la mise au point de ce marché de l’information.  Ce qui nous a inspiré, le Facilitateur délégué et moi-même, pour mettre en place ce marché de l’information, c’est l’expérience que  nous avons eu l’occasion de vivre à Durban dans une session parallèle du ….. (CFAO) lors de ce que l’on appelle le « for easy ». Nous avons un peu copié le modèle en l’adaptant aux besoins du partenariat des forêts du bassin du Congo. Ce processus a été introduit à Douala et nous n’avons reçu que des félicitations  et des encouragements de la part de nos partenaires.

Afrique Environnement Plus: Au moment où le programme  de la Facilitation tire vers sa fin, quelle image vous faites-vous de l’avenir du partenariat ?

Gaston Grenier : Le partenariat des forêts du bassin du Congo est là pour  durer encore plusieurs années, parce qu’il y va  de l’intérêt de tous, de conserver un forum. Mais, si le partenariat venait à disparaitre, il faudrait créer une autre institution qui serait une alliance ou un partenariat. C’est un peu comme si la Comifac venait à disparaitre,  il faudrait créer une autre entité qui jouerait  à peu auprès le même rôle auprès de l’ensemble des Etats. On est finalement dans une région où les pays sont à des niveaux extrêmement différents, que ce soit en termes de dimension, de population, de  situation économique ou en termes de sécurité. Ainsi, on a parmi les Etats, ceux qui sont fragiles, riches, pauvres, etc. Toutes ces situations  mises ensemble, on obtient une sorte de synergie favorable au développement de chacun. Il est certain que c’est difficile d’harmoniser tout cela, mais je crois que c’est absolument nécessaire. Il est aussi possible que le Partenariat adopte des structures légèrement différentes à celles qui existent maintenant. Jusqu’à présent,  les pays facilitateurs prenaient en charge la totalité des coûts de toutes les activités de la Facilitation et ces coûts sont un peu élevés. Dans l’ordre d’un à deux millions de dollars par année. Ce qui fait que les partenaires des pays du nord, les gouvernements réfléchissent sur comment partager les responsabilités pour amortir un peu les coûts  à supporter par chaque partie. Actuellement, nous avons beaucoup avancé dans ce domaine   et il y a déjà un système qui est en train de se mettre en place et qui va permettre certainement à la prochaine facilitation de pouvoir fonctionner dans un contexte collégial. C’et un peu le même problème que pour la coordination des programmes au niveau national. Suite à la déclaration de Paris, on a décidé de mettre en place un système de coordination de l’aide au niveau national, avec un chef de file du côté des bailleurs de fonds.  Mais, on s’est vite rendu compte qu’il était important de se partager les tâches.

Afrique environnement plus: L’un des efforts du PFBC à Durban  a été de  veiller à la signature d’une déclaration d’intention sur la REDD dans bassin du Congo. Quel est l’avenir de cet accord?

Gaston Grenier : Nous avons cru et nous croyons toujours qu’il y a dans ce mécanisme de la REDD+,  un potentiel de développement important pour les pays du Bassin du Congo, parce que ce bassin est relativement bien protégé et c’est le deuxième bassin forestier tropical de la planète. Donc, de par  les mécanismes de la REDD+, les pays du bassin du Congo sont susceptibles de tirer les bénéfices majeurs et très importants au cours des prochaines années, si on met en place le mécanisme nécessaire pour pouvoir mesurer et suivre ce qui s’y passe et qu’on adopte des programmes qui mettent en valeur la gestion durable des forêts. Nous étions convaincus et nous le sommes encore,  qu’il y a dans la REDD+,  énormément de potentiels  au bénéfice des pays du bassin du Congo. La Facilitation s’est donc engagée au maximum dans cette question et nous avons lutté très fort pour que le maximum de pays développés et des pays de la région signent.  Ceux des pays qui n’ont pas encore signé, le feront certainement quand ils verront qu’il vaut vraiment la peine d’entrer dans ce processus REDD+. Déjà, lors de notre conférence, certains pays ont annoncé des initiatives qui apportent des ressources supplémentaires en faveur des pays du bassin du Congo et qui sont liés à la REDD+.

 

Interview réalisée par Raoul SIEMENI

 

 

 

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