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Interview AEP

Mr Augustine B. NJAMNSHI, vice président de l’Alliance Panafricaine pour la Justice Climatique (PACJA)

« Nous avons décidé qu’au lieu de critiquer l’effort que les gouvernements mènent, on travaille ensemble pour contribuer sans perdre notre casquette de société civile. »

AEP: Vous avez rassemblé la société civile durant deux jours en guise de la préparation de la conférence de l’AMCEN. Que peut-on retenir en substance des résultats de ces travaux ?

Mr Augustine B. NJAMNSHI : Cela fait déjà sept ans qu’on organise la société civile africaine pour qu’elle se réunisse pour contribuer au dialogue de l’AMCEN chaque année. Ce qui  n’était pas le cas avant 2009. Ensuite, cela est devenu une tradition, qu’il s’agisse de l’Assemblée générale statutaire de l’AMCEN comme celle-ci ou de l’Assemblée extraordinaire, la société civile est toujours conviée pour apporter sa contribution. Durant ces deux jours de travaux, nous avons fait les débats sur les questions de pollution, de changement climatique et des énergies renouvelables. En ce qui concerne ces points, nous avons une proposition que nous allons apporter à l’AMCEN. Vous savez que l’application de l’accord de Paris est sur le terrain et si les doléances des populations qui sont sur le terrain ne sont pas prises en compte, les décisions d’AMCEN resteront dans les bureaux.

La société civile a besoin d’accompagnement et des coopérations assez fortes avec des institutions. Quel type de partenariat le PAGJA a pu mettre en place avec des institutions d’appui et d’accompagnement et qui peuvent être les décisions dans le cadre des négociations africaines ?

Depuis 2008, nous avons décidé qu’au lieu de critiquer l’effort que les gouvernements mènent, on travaille ensemble pour contribuer sans perdre notre casquette de société civile. Nous avons décidé qu’au lieu que les ONGs non africaines parlent en notre nom, les africains sont assez matures pour formuler leurs besoins et les poser au niveau international comme au niveau national. C’est ce que nous essayons de faire depuis plusieurs années et cela marche bien. D’ailleurs, si vous regardez la position commune africaine sur le changement climatique avant Copenhague, vous constaterez que c’est à 60% des doléances de la société civile africaine qui étaient basées sur la science, la justice, l’équité et les responsabilités.

Parlons de la position commune africaine sur l’actualité qui a animé le monde avec le retrait annoncé des USA de l’accord de Paris. Quelle est la position de la société civile africaine et quelles sont les analyses que vous avez projeté au regard de cet actualité ?

Le retrait des USA de l’accord de Paris n’est pas une surprise pour nous car Donald Trump l’avait dit pendant sa campagne. En plus, nous ne devons pas  perdre de vue que Trump n’est qu’un individu à la tête d’une administration qui va durer quatre ans, maximum huit ans. Mais avant l’arrivée de Trump, les USA n’avaient pas ratifié le protocole de Kyoto. Donc, il ne faut pas perdre la tête sur  l’action de Trump qui ne révèle que la position d’un petit groupe à Washington mais qui malheureusement règne sur tous les Etats-Unis. Mais, il faut regarder les conséquences de ce retrait de Paris qui est plutôt positif pour nous parce que Donald Trump a d’abord fait de la publicité sur les questions de changement climatique. Et une grande majorité des américains qui ne connaissaient pas l’importance des changements climatiques ainsi que ses effets  aux Etats-Unis, se sont réveillés  et sont en train de faire campagne.

D’ailleurs cela fait huit ans que le PAGJA se rend chaque année aux Etats-Unis pour parler aux députés, dans les églises ainsi que les associations des effets du changement climatique.

Quelle est la position de la société civile africaine ?

Nous devons foncer avec nos contributions car nous avons déterminé les NDC librement au niveau des pays. Il y a certains pourcentages qui seront faits sans l’accompagnement ou l’appui financier de l’extérieur et Il faut que les gouvernements africains commencent déjà à les appliquer. Même en attendant les pourcentages qui dépendent de l’appui extérieur, il faut que l’on fasse déjà ce qu’on a décidé avec ou sans l’appui extérieur car les effets du changement climatique sont une réalité et nous avons le droit d’être protégés par nos Etats.

Les budgets alloués pour les ministères chargés de l’environnement et du développement durable ne reflètent pas les activités à faire. Nous devons montrer notre intérêt pour la protection de l’environnement car c’est important pour nous. En plus, nous devons faire quelque chose au regard de l’état de pollution dans notre sous-région Afrique centrale. Nous sommes entrain d’éveiller les consciences tant au niveau sous régional qu’au niveau continental. Je suis fier car le Gabon prend la tête de l’AMCEN et il faut qu’avant que le Gabon ne passe le relais à quelqu’un d’autre, que l’AMCEN soit révolutionné car le Gabon est connu pour sa démocratie environnementale. En plus, le Gabon en tant que Président de l’AMCEN, doit maintenant veiller à ce que tous les pays de l’Afrique centrale paient normalement leurs contributions pour le bon fonctionnement de l’AMCEN.

Par Raoul SIEMENI

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