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Conservation

Flipflopi, le bateau en plastique recyclé en expédition sur le lac Victoria

Le bateau Flipflopi, entièrement construit en plastique recyclé s’est lancé le 7 mars 2021 sur le lac Victoria en Afrique de l’est, gravement menacé par la pollution. Son objectif : sensibiliser les pays et changer les mentalités autour du plastique à usage unique.

Chaque année, jusqu’à 12,7 millions de tonnes de déchets plastiques finissent dans les océans. Une pollution qui menace de nombreuses espèces marines, étouffées ou blessées par ces déchets. D’ici à 2050, on estime que le poids du plastique dans l’océan sera supérieur à celui des poissons.

Face à ce constat, un projet de bateau entièrement construit en plastique recyclé est né en 2015 dans la tête de Ben Morison. Ce directeur d’une agence de voyage au Kenya en a eu l’idée en voyant la quantité de tongs échouées sur une plage de l’Océan indien. Il décide alors de construire le premier bateau entièrement fait en plastique recyclé qu’il baptise Flipflopi, en référence aux tongs recyclées (flipflop en anglais) qui constituent la principale matière de la coque colorée. Avec l’aide de Dipesh Pabari, un environnementaliste kényan et Ali Skana, un artisan kényan, ils conçoivent un Dhow, bateau traditionnel de l’océan indien.

 « Nous n’avons utilisé que des ressources disponibles localement et des solutions low-tech, permettant à nos techniques et idées d’être copiées sans aucune barrière », explique le fondateur du projet, Ben Morison. Ce sont des bénévoles qui s’affairent à la construction du bateau sur l’île de Lamu, au large du Kenya, dans l’Océan indien.

Flipflopi et le « cauchemar de Darwin »

Après 2 ans de construction et l’utilisation de 30 000 tongs qui recouvrent la coque, le bateau est fin prêt à naviguer. C’est alors que l’équipage du Flipflopi se lance sur le lac Victoria, le plus grand d’Afrique. Ali Skanda, commandant du navire et co-fondateur du projet et Eric Loizeau, navigateur français et vainqueur de nombreuses transats font partie de l’aventure.

Le lac Victoria, bordé par trois pays, l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie, est devenu le triste symbole de la pollution sur le continent africain. Comme le montrait déjà le documentaire Le Cauchemar de Darwin en 2004, le lac rencontre une multitude de problèmes environnementaux et sanitaires. Il subit la pollution de déchets mal gérés venant des zones urbaines et industrielles et les conséquences du changement climatique. Les stocks de poissons diminuent à cause de la surpêche et de la perche du Nil, une espèce de poisson invasive introduite dans les années 1950 qui décime les autres poissons. La prolifération de la jacinthe d’eau, une algue qui forme une épaisse couche en surface et étouffe le lac, empêche les embarcations de naviguer. Sans oublier la présence de micro-plastique dans l’eau.

Et cette pollution, ce sont les 40 millions de riverains qui utilisent l’eau du lac pour se nourrir, se laver et se déplacer qui en sont les premières victimes. A travers son expédition, Flipflopi souhaite donner une visibilité à cette région fragile et mettre en avant les initiatives locales. « Les gens en Afrique de l’Est font déjà des choses étonnantes à plus petite échelle – de la fabrication d’artisanat, aux matériaux de construction – qui montrent que les déchets peuvent créer de la richesse tout en nettoyant l’environnement », explique Rebecca Faber, chargée de communication du projet.

Flipflopi, un exemple d’économie circulaire

 

Jusqu’au 18 avril 2021, l’expédition fera escale dans différentes villes qui bordent le lac pour promouvoir l’économie circulaire. Fabriqué avec 10 tonnes de plastiques recyclés, le bateau veut être la preuve qu’il est possible de donner une seconde vie au plastique. Pour Ben Morison, le projet Flipflopi « a toujours consisté à encourager le changement de manière positive, en faisant d’abord sourire les gens, puis en partageant le message très simple que le plastique à usage unique n’a vraiment pas de sens ». Pour lui, « si le plastique peut fabriquer un bateau, il est trop précieux pour n’être utilisé qu’une seule fois ».

https://www.geo.fr/

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