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Santé

Coronavirus. Encore assez préservée, l’Afrique redoute le pire

La pandémie de Covid-19 gagne du terrain sur le continent. L’état des systèmes de santé, le manque d’accès à l’eau et les conflits font désormais craindre une propagation galopante.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est inquiétée à plusieurs reprises ces derniers d’une poussée du coornavirus sur le continent africain, dont les systèmes de santé manquent cruellement de moyens. Repères.

Pourquoi y a-t-il si peu de cas ?

Question de temps et d’exposition. Le coronavirus, apparu en Chine en novembre, s’est propagé d’abord vers les zones avec lesquelles le pays échange le plus de marchandises, de touristes, etc. Après l’Europe et les États-Unis, la contamination des pays africains les plus connectés, par leurs ports et aéroports, était inéluctable.

Le premier malade a été recensé en Égypte, le 14 février. Aujourd’hui, quarante pays sont touchés, avec plus de 1 000 cas, dont une vingtaine de mortels. L’Afrique doit se préparer au pire, alerte l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui redoute que le virus s’y propage plus vite qu’ailleurs. Notamment dans les États minés par des conflits et attaques djihadistes : Mozambique, Soudan, Nigeria…. La liste est longue.

Manque de lits… et d’eau

En Chine et en Europe, 15 à 20 % des malades nécessitent une hospitalisation. « Cela s’annonce compliqué, voire impossible dans de nombreuses régions d’Afrique », s’inquiète l’ONG Alima. En moyenne, l’Afrique de l’Ouest compte vingt fois moins de lits d’hospitalisation qu’en France. Au Burkina Faso, plus de 130 centres de santé, cibles d’attaques de groupes djihadistes, ont fermé ces derniers mois, privant de soins rapides 1,5 million d’habitants, selon le gouvernement.

Dans certaines régions reculées ou quartiers déshérités, la pauvreté des habitats et l’état des installations sanitaires font aussi craindre une propagation rapide du Covid-19. Comment se laver les mains régulièrement quand on n’a pas accès à l’eau courante ; se tenir à distance de ses proches quand on vit à plusieurs générations dans un même foyer exigu ?

Les pays d’Afrique touchés par le Covid-19 | OUEST-FRANCE

Que font les autorités ?

Comme en Europe, chaque pays tente de parer à l’urgence, de manière décousue. La plupart des pays d’Afrique subsaharienne, Nigeria en tête, ont déjà interdit les rassemblements, fermé les écoles, les bars-restaurants et limité le trafic aérien. Le Burkina Faso a instauré ce week-end un couvre-feu ; la Tunisie a imposé un confinement général, comme le Rwanda. Et le verrouillage des frontières gagne du terrain.

Progrès notables, aussi, côté dépistage. Seuls deux laboratoires étaient en capacité de mener les tests le mois dernier, au Sénégal et en Afrique du Sud. Il y en a désormais une quarantaine, a annoncé vendredi Matshidiso Moeti, la directrice de l’OMS pour l’Afrique. Avec un bémol : les kits de dépistage vont vite manquer.

Le confinement, un leurre ?

Difficile de convaincre la population de se calfeutrer quand les systèmes de couverture sociale sont faibles, voire inexistants. Et quand l’essentiel des revenus provient de l’économie  informelle, faite d’emplois non déclarés et évidemment peu propices au télétravail.

Difficile aussi de contrôler le respect du confinement, dans des villes tentaculaires. Au Nigeria, Lagos, a fermé ses bars, restaurants et boîtes de nuit à ses 20 millions d’habitants, vendredi. Mais beaucoup d’établissements continuaient d’accueillir des clients, hier…

Finies les prières collectives ?

Priez de chez vous : c’est l’appel lancé par les autorités religieuses dans plusieurs pays, hier. Le Nigeria (200 millions d’habitants) a bien fermé ses lieux publics et ses deux aéroports internationaux, samedi. Mais les rassemblements religieux, qui peuvent attirer des milliers de personnes dans les mosquées et églises, perdurent. Idem au Maroc, où des fidèles sont descendus prier dans les rues, vendredi. Ou encore au Sénégal : dans ce pays à 95 % musulman, les mosquées ont été fermées jeudi, mais des prières collectives se sont tenues en plein air, dès le lendemain.

ouest-france

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