Alors que les autorités ont réaffirmé leur engagement contre la pollution plastique lors de la Journée mondiale de l’environnement, des entreprises comme Brazza Pure et Tata, située à la gare centrale de Brazzaville, continuent de commercialiser de l’eau en sachets plastiques. Une pratique pourtant interdite par la loi congolaise depuis 2011.
La lutte contre les déchets plastiques semble plus que jamais minée par l’incohérence entre les discours officiels et la réalité du terrain. Malgré un cadre législatif clair et des engagements renouvelés en faveur de la protection de l’environnement, des entreprises continuent de conditionner et vendre de l’eau en sachets plastiques, sans être inquiétées.
Le Décret n°2011-438 du 20 juillet 2011, toujours en vigueur, stipule sans ambiguïté :
« La production, l’importation, la commercialisation et l’utilisation des sacs et sachets en plastique pour la vente d’aliments, d’eau et de toute autre boisson sont interdites en République du Congo. »

Pourtant, depuis plusieurs mois, Brazza Pure et Tata inondent le marché avec de l’eau emballée dans ces sachets prohibés. Ces produits sont visibles aussi bien dans les marchés que dans les arrêts de bus, sans que cela ne suscite la moindre réaction des autorités compétentes.
Ce retour en force des plastiques à usage unique constitue une aberration juridique, mais aussi écologique. Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), 400 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde, et 11 millions de tonnes finissent dans les océans. Sur le continent africain, moins de 10 % des déchets plastiques sont recyclés.
Le Congo, qui se voulait pionnier en matière de lutte contre la pollution plastique, voit aujourd’hui ses avancées remises en cause par l’inaction de ses services de contrôle et l’absence de sanctions. Le marché formel et informel se réapproprie ces pratiques interdites, au détriment de la santé publique et de l’environnement.
Cette tolérance coupable met à mal la crédibilité des politiques publiques environnementales. Si les textes sont clairs, leur application semble de plus en plus floue. Aucune amende, aucun retrait de licence, ni aucune fermeture administrative n’a été observée à ce jour, alors que les preuves d’infraction sont visibles dans tout Brazzaville.
Ce laxisme administratif envoie un signal fort : la loi environnementale est en option, et non une obligation. Il est alors légitime de s’interroger sur la sincérité des engagements pris par l’État lors des forums internationaux ou des commémorations symboliques comme la Journée mondiale de l’environnement.
En laissant prospérer la vente d’eau en sachets plastiques malgré son interdiction formelle, l’État congolais met en péril non seulement l’environnement, mais aussi la confiance du citoyen dans ses institutions. À quoi servent les lois si elles ne sont pas appliquées ? À quoi bon les engagements si les infractions sont tolérées ?
La lutte contre la pollution plastique ne peut se résumer à des campagnes de communication. Elle exige cohérence, rigueur, et volonté politique. Sans cela, le plastique continuera à étouffer les ambitions écologiques du Congo.
Valdhy MBEMBA






