Au Sud-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo, les hippopotames disparaissent dans un silence troublant, avec le braconnage qui continue de décimer cette espèce emblématique, sans que les autorités ne semblent réagir.
Face à ce crime environnemental, l’inaction persiste, alimentant l’indifférence et compromettant la faune et la biodiversité et pour le secteur socio-environnemental et touristique.
D’après les témoignages recueillis auprès des habitants de Rugenge, un village situé dans la plaine de la Ruzizi, le long de la route nationale numéro 5 reliant Bukavu à Uvira, au Sud-Kivu, les cas de braconnage d’hippopotames se sont récemment intensifiés :« A Rugenge, dans la plaine de la Ruzizi au Sud-Kivu, un hippopotame a été tué par des hommes soupçonnés d’appartenir à la force de résistance Wazalendo. L’animal tentait de traverser la route nationale n°5 pour rejoindre son habitat naturel lorsqu’il a été abattu à bout portant ». Selon des témoins sur place, les assaillants ont ouvert le feu sans sommation, avant de dépecer l’hippopotame sur le champ pour en extraire la viande. La scène se déroule le jeudi 26 Juin 2025.
Cet acte s’ajoute à plus de 16 autres déjà abattus depuis le mois le début de cette année.
L’attaque contre les hippopotames alimente le débat dans cette région et inquiète au plus haut niveau les acteurs œuvrant dans le secteur de la conservation.
M. Kelvin Bwinja, acteur de la société civile et habitant de la région, condamne fermement ce qu’il qualifie de « crime environnemental » face à l’abattage récurrent des hippopotames dans la plaine de la Ruzizi. Il déplore le silence des autorités alors que ces actes se multiplient dans un contexte de conflit armé marqué par la présence de groupes rebelles. « Au-delà de la crise sécuritaire, c’est aussi notre patrimoine écologique qui est en train de disparaître », alerte-t-il.
Selon Kelvin BWINJA, « la Société Civile Congolaise continue à condamner l’abattage des hippopotames par les hommes en armes non identifiés. 17 hippopotames déjà abattus dans cette zone. Nous continuons toujours à condamner ces actes ».
Classés parmi les espèces menacées par l’UNESCO et l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), les hippopotames figurent aujourd’hui sur la liste des animaux en voie d’extinction dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Dans la plaine de la Ruzizi, plusieurs enquêtes menées depuis 2005 indiquent que les populations locales considèrent ces animaux comme une menace, les accusant de s’attaquer aux cultures et de représenter un danger pour leur sécurité. Une perception qui alimente, selon les défenseurs de l’environnement, une hostilité croissante à l’égard de cette espèce protégée.
Une plainte contre un hippopotame avait été déposée contre un hippopotame en date du 27 Novembre 2024 au tribunal de paix de Fizi par le chef coutumier Félicien Kiza Kilozo. Le chef mettait en cause cet animal qu’il accusait de semer la terreur dans son territoire. Dans sa plainte, le chef exigeait l’abattage de l’animal.
Frustré par ce acte, Maitre Fiston Moenga, juriste et chercheur en droit de l’environnement, recommandé : « Il faudrait que le milieu de ces espèces soit bien aménagé, qu’il y ait des nourritures, si ces conditions ne sont pas réunies, ces animaux vont toujours fréquenter les cités. Il faut se demander quelle nourriture ils mangent le plus pour leur en offrir ».
Cet animal qui était considéré être le plus dangereux du continent que le lion, les buffles et l’éléphant subit des menaces par des hommes en armes qui ont font de la viande de ces animaux une marchandise quotidienne et d’exportation.
La guerre menée par des groupes rebelles, combinée à la circulation incontrôlée des armes dans l’Est de la RDC, constitue l’un des principaux facteurs expliquant l’abattage massif des hippopotames. Dans des zones comme la plaine de la Ruzizi, l’instabilité sécuritaire favorise la chasse illégale, souvent perpétrée par des hommes en armes profitant de l’absence de contrôle étatique pour tuer ces animaux protégés, sans craindre de sanctions.
Le gouvernement et les responsables des différents groupes armés sont invités à sensibiliser leurs membres et les communautés sur la nécessité de protéger ces animaux en voie de disparition sur la planète.
René BAGALWA en RDC